Le Royaume a d’ores et déjà enclenché la transition vers une économie bleue pérenne.
Par M. Boukhari
Grâce à son emplacement géographique stratégique et ses richesses naturelles, le Maroc a toutes les chances pour s’ériger en hub maritime. C’est donc sans surprise que l’économie bleue est considérée aujourd’hui comme étant un levier de développement national et international. Le mardi 21 février, le ministère de l’Economie et des Finances et la Banque mondiale ont signé un accord de don d’une valeur estimée à plus de 50 millions de dollars pour le développement de l’économie bleue au Maroc. Ledit accord s’inscrit dans le cadre d’une mission de supervision du programme pour les résultats de ladite économie menée conjointement par les deux parties.
En effet, ce programme, qui s’étale sur une période de cinq ans (2022-2026), vise à libérer le potentiel économique de ce nouveau moteur de croissance, à travers notamment une valorisation durable des ressources des zones marines et côtières et une meilleure coordination institutionnelle verticale et horizontale, au sein et entre les secteurs concernés. Il repose sur trois piliers : la sécurité alimentaire nationale; le développement économique et la création d’emplois; et la protection et l'utilisation des ressources naturelles. Pour Mohamed Benabou, expert en climat et développement durable, le concept de l’économie bleue représente une opportunité qui s’inscrit parfaitement dans l’esprit de durabilité et de résilience.
«Le Maroc dispose d’un littoral doté d'un linéaire côtier d'environ 3.500 km se développant sur deux façades maritimes, atlantique et méditerranéenne. Il se positionne ainsi comme un acteur investi dans les agendas mondiaux et régionaux, ce qui pourrait éventuellement contribuer au développement d’une économie bleue durable et inclusive», précise-t-il.
Une stratégie nationale de l’économie bleue
Conscient de l’importance des secteurs de l’économie bleue et des multiples potentialités de croissance qu’ils offrent, le Royaume envisage d’adopter une stratégie nationale de l’économie bleue durable et inclusive. Celle-ci devrait bien évidemment prendre compte des vocations régionales, en sus d’être déployée à la fois autour des secteurs économiques traditionnels, tels que la pêche et les activités portuaires et des nouvelles activités créatrices de valeur, notamment l’aquaculture et l'écotourisme.
Il est question, selon Benabou, de mettre en place une commission interministérielle pour briser les approches sectorielles, et ce en encourageant la gestion intégrée parmi des secteurs dits parfois concurrents. «Il faudrait également renforcer les bases scientifiques pour soutenir le développement de l'économie bleue, en sus de piloter des approches de clusters côtiers et investir dans les projets prioritaires clés en vue de stimuler l'économie bleue nationale, tout en protégeant les ressources marines et côtières», poursuit-il.
Modus operandi
Présentant les indicateurs du secteur des pêches et de l’aquaculture au Maroc, le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Ahmed Reda Chami, a précisé que la production globale est estimée à près de 1,4 million de tonnes. De surcroît, ledit secteur assure près de 700.000 emplois et contribue aux échanges extérieurs avec une part d’environ 45% des exportations agroalimentaires. Il a par ailleurs indiqué que l’industrie de valorisation des produits de la mer compte près de 460 unités à terre et réalise un chiffre d’affaires d’environ 24 milliards de dirhams.
Dans le dessein d’accélérer le développement de l’économie bleue au Maroc, il est primordial de s’attaquer à plusieurs problèmes liés notamment aux «déséquilibres au niveau de la pêche maritime, lesquels exercent une forte baisse des ressources marines, la surexploitation des ressources halieutiques pouvant entraîner l’acidification des mers et des océans, la pollution causée par les rejets de pétrole et d’eaux usées, et finalement le risque d’extinction de certaines espèces de poissons en raison de la surpêche et la pêche illégale», affirme Mohamed Benabou.
De ce fait, la promotion de ce secteur repose, selon le CESE, sur la mise en œuvre de la planification spatiale marine au niveau territorial, le renforcement de la dynamique du développement de nouveaux secteurs de l'économie bleue, et l'investissement dans la recherche et l'innovation liées aux différents secteurs de l'économie bleue.