La ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah, a inauguré la deuxième édition de l’ Africa Financial Industry Summit (AFIS), placée sous le haut patronage du Roi Mohammed VI. Dans son allocution, la ministre a mêlé hommage national, plaidoyer économique et vision continentale, inscrivant le Maroc et l’Afrique dans une dynamique de transformation financière et de souveraineté partagée.
Dès l’ouverture, la ministre a salué la «victoire décisive» du Maroc au Conseil de sécurité des Nations unies, qui a entériné la proposition d’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine. Elle a qualifié cette résolution de «tournant historique» et rappelé la ferveur populaire qui a accompagné cet événement, symbole selon elle de «l’unité indéfectible du peuple marocain derrière son Souverain».
La ministre a également évoqué la commémoration du cinquantenaire de la Marche Verte, soulignant la continuité entre cet héritage et les progrès réalisés dans les provinces du Sud sous le règne de Mohammed VI.
S’inscrivant dans la vision panafricaine du Roi, Nadia Fettah a rappelé que la tenue du sommet à Casablanca illustre «le rôle stratégique du secteur financier dans le développement du continent». Elle a mis en exergue l’importance «d’une communauté africaine de la finance plus forte, plus structurée et plus unie».
Citant le message royal adressé au Forum Mo Ibrahim en juin 2025, la ministre a insisté sur la nécessité d’une réforme inclusive de l’architecture financière internationale, où les pays africains doivent «peser sur les règles du jeu mondial» et ne plus se contenter d’un rôle périphérique.
Une Afrique des preuves, pas des promesses
Face aux crises mondiales et aux chocs climatiques, Nadia Fettah a rappelé la résilience du continent, avec une croissance moyenne prévue autour de 4% en 2025, selon la BAD et le FMI. Pour le Maroc, elle a mis en avant des indicateurs encourageants : croissance estimée à 4,8%, inflation contenue à 1%, et déficit budgétaire en baisse, consolidant le retour du pays à la notation Investment Grade par Standard & Poor’s.
Mais au-delà des chiffres, la ministre a posé la question essentielle : «Comment transformer la croissance en autonomie et en solidarité ?» Elle a plaidé pour une meilleure mobilisation de l’épargne africaine, estimée à 500 milliards de dollars par an, dont moins de 10% investis sur le continent.
Nadia Fettah a salué des initiatives structurantes telles que le PAPSS (Pan-African Payment and Settlement System), qui facilite les paiements en monnaies locales et pourrait économiser 5 milliards USD de frais annuels. L’African Exchange Linkage Project (AELP), reliant sept Bourses africaines. Ou encore le dynamisme des fintechs africaines, dont les revenus pourraient atteindre 40 milliards USD en 2025.
Elle a cependant pointé trois obstacles à surmonter : la confiance, l’interopérabilité et l’audace.
Pour la ministre, «la souveraineté financière ne signifie pas l’isolement, mais la coordination». L’Afrique doit «se doter d’outils concrets» tels que des mécanismes africains de garantie, des pools d’assurance régionaux et des obligations de développement durable.
Vers un agenda africain de transformation
Fettah a proposé une feuille de route articulée autour de trois axes :
-Mobiliser les capitaux africains (fonds de pension, épargne domestique) vers les infrastructures productives.
-Intégrer les marchés de capitaux et systèmes de paiement africains.
-Durer, en inscrivant la finance africaine dans la transition écologique et la justice sociale.
Elle a affirmé que ces dynamiques forment «la feuille de route de notre souveraineté» et que l’AFIS en est «l’incarnation vivante».
Clôturant son discours sur une note d’unité et de confiance, la ministre a repris la célèbre phrase du Roi Mohammed VI : «L’Afrique doit faire confiance à l’Afrique». Pour Fettah, l’enjeu n’est plus de chercher à être sauvée, mais de mobiliser la force du continent, de ses institutions et de sa jeunesse : «Transformer notre capital en puissance, et notre puissance en souveraineté».