L’un des marchés les plus lucratifs au monde, le football, brasse chaque année des centaines de milliards de dollars.
Selon quelques études récentes, l’économie du football pèserait aujourd'hui plus de 300 milliards de dollars (flux monétaires aussi bien pour les salaires, les transferts, les apports des sponsors et plus généralement des multinationales qui possèdent à la fois clubs et chaînes de télévision) … En gros, il représente près de la moitié du poids économique du sport dans le monde.
Cette thématique a fait l’objet d’une conférence organisée récemment par la Fondation Attijariwafa bank, sous le thème «Les continents du football : géopolitique du ballon rond».
«Au début de son histoire, le football était surtout un phénomène social et politique. Les premières Coupes du monde dans les années 1930 en Amérique du Sud n'étaient en rien centrées sur l'aspect économique», explique Paul Dietschy, professeur agrégé d’histoire contemporaine à l’université Franche Comté en France, auteur de plusieurs ouvrages consacrés à ce sport.
Avant de s'empresser d'ajouter que «la mondialisation qui a suivi cette période a mené à modifier le but premier de ce sport et à créer un véritable marché dans lequel des enjeux économiques et sportifs s'entremêlent».
Pour sa part, Driss Maghraoui, directeur exécutif en charge du marché des Particuliers et Professionnels du Groupe Attijariwafa bank, rappelle que «le succès planétaire du football et l’importance des enjeux financiers ont amené les instances sportives à adopter un mode de management moderne, basé sur la transparence, l’efficacité et la performance, pour consolider la confiance à la fois des supporters et des investisseurs».
Quoiqu’aujourd’hui, il semblerait que cette géopolitique s’intensifie. Et que ces mêmes instances, la FIFA à leur tête, sont balayées chaque jour par des séries de scandales de corruption.
Par ailleurs, Dietschy a mis l’accent, à travers un rappel historique, sur l’importance du rôle du Maroc grâce aux exploits de ses joueurs emblématiques comme Larbi Ben Barek, dénommé mondialement «la perle noire».
Pour sa part, M’Hamed Zeghari, diplômé de l’ESSEC, dirigeant administrateur de club et de centre de formation, est revenu sur l’évolution du football marocain qui a été étroitement liée à celle du contexte géopolitique durant plusieurs années.
Ce qui aurait fortement pénalisé le continent africain. Selon l’expert, des pistes de rééquilibrage existent et doivent être sérieusement envisagées pour permettre à l’Afrique et au Maroc de saisir leur chance.
Au final, la mondialisation du football et sa marchandisation ont suscité beaucoup de convoitises ces dernières années. Nous sommes passés d’une logique de «l’important c’est de participer» à «l'important c'est de gagner (de l'argent)».■
Y. Seddik