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Covid-19/fête du mouton : Faut-il sacrifier des vies pour autant ?

Covid-19/fête du mouton : Faut-il sacrifier des vies pour autant ?
 
Par Abdelhak Najib
Écrivain-journaliste
 
 
Si la situation demeure telle qu’elle est aujourd’hui, il est inévitable de vivre encore une autre catastrophe sanitaire. Comme celle que nous promettent les jours de fête, avec ces chaos qui planent sur nos têtes, avec l’Aid Al Adha, le jour du sacrifice du mouton et de très nombreuses vies humaines, qui viendront grossir les statistiques déjà effarantes des victimes du coronavirus. 
 
Si rien ne change, nous pouvons être certains que nous courons au-devant d’un désastre sanitaire pire que celui de l’année dernière, avec cette folie autour du mouton, motivée, en premier lieu, et sans l’ombre d’un doute, par l’appât du gain et par le désir effréné du bénéfice coûte que coûte. 
Sans oublier, la tristement célèbre décision de toute dernière minute pour que les citoyens rentrent chez eux, prenant des risques terribles, conduisant comme des forcenés, sur des routes bondées, des autoroutes bloquées et des raccourcis souvent meurtriers.  
 
Nous avons dû déplorer des victimes par centaines, sacrifiées sur l’autel du mercantilisme le plus criard. C’est le genre de leçons que nous sommes obligés de retenir, avec amertume, pour que cela ne se reproduise jamais, fête ou pas fête, occasion sacrée ou simple rite à entretenir.
 
 Nous sommes aujourd’hui, tous autant que nous sommes, appelés à refuser de sacrifier encore des vies humaines, des amis, des connaissances, des concitoyens que l’on mène aux abattoirs au nom du rigorisme idéologique qui veut que l’on se saigne à blanc pour acheter de la barbaque, en jouant à la roulette russe avec sa vie et celles des autres, en allant se perdre dans des souks improvisés dans des terrains vagues, par dizaines de milliers, les uns sur les autres, sans aucune mesure de sécurité, sans port de masque, sans hygiène, sans distance obligatoire de sécurité, le tout dans une promiscuité qui n’a d’égale que la débandade et la foule agglutinée pour palper de la bête et flairer la bonne affaire, quitte à y laisser sa peau.
 
 Si les autorités ne décident pas, tant qu’il est encore temps, pour donner une occasion et une chance à tous ces Marocains, qui ont profité de ce relâchement pour voyager et retrouver les leurs, si elles ne décident pas d’imposer des mesures draconiennes pour limiter les dégâts et rectifier encore une fois, après coup, le mauvais tir, occasionné par ces décisions par trop hâtives et partant illogiques qui ont mené le pays vers une nouvelle catastrophe sanitaire qui nous fera dépasser les 10.000 morts. Ce qui est en soi une véritable hécatombe au vu de nos capacités de gestion, telles que les autorités les ont appliquées les premières semaines de la pandémie, en contrôlant, en observant, en travaillant d’arrache-pied pour faire face à un virus de plus en plus mortel, avec de nouveaux variants, qui ont déjà fait des centaines de milliers de morts supplémentaires dans le monde, comme ce qui se passe aujourd’hui à Majorque ou en Écosse, sans parler de toutes ces destinations touristiques qui comptent les nouveaux cas par millions. 
 
Quoi que puissent être les impératifs économiques, quoi que puissent être les désirs de gain, sacrifier une seule vie est un véritable crime, parce que tous les indicateurs sont au rouge et que toutes les données nous montrent, sans l’ombre d’un doute, que la situation est incontrôlable à tous les niveaux et à tous les points de vue. 
 
Face à de telles évidences, faire la sourde oreille, détourner le regard, signifie que l’on sait et que l’on s’abstient d’agir et de réagir dans l’urgence, avec fermeté, avec responsabilité. 
 
Il faut aussi dire que nous autres Marocains, dans une large mesure, avons fait preuve d’irresponsabilité, de je-m’en-foutisme et de fatalisme face à une maladie qui décime et qui ne laisse aucune chance aux plus fragiles d’entre nous. Nous avons fait ce que nous savons faire le mieux : le déni. Oui, absolument. Nous sommes dans la négation et le refus d’accepter la réalité, qui, elle, ne souffre d’aucune ombre : Si tu ne fais pas attention, tu crèves. Point barre. Pire, si tu joues au plus malin avec le virus, tu tues tes semblables. C’est aussi simple que cela. 
 
Alors, Aid ou pas Aïd, mouton ou chèvre, vacances ou calvaire, mieux vaut décupler de vigilance, autrement, la suite sera tragique.
 
 
 
 
 
 

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