Pour quelques jours, la Suisse est devenue le point de convergence des grands décideurs de ce monde. Du 16 au 20 janvier, les élites politiques et économiques s’y retrouvent, dans le cadre du Forum économique mondial de Davos (WEF). Cette manifestation d’envergure voit la participation de plus de 50 chefs d’Etat et de gouvernement, ainsi que plus de 2.500 leaders, acteurs publics, dirigeants de grandes entreprises et responsables d'organisations internationales et non gouvernementales.
Retrouvailles pour certains, découverte pour d’autres, ce Forum intervient dans un contexte particulier marqué, entre autres, par la guerre en Ukraine, l’exacerbation des tensions géopolitiques internationales, les conflits commerciaux entre la Chine et les Etats-Unis et les incertitudes qui pèsent sur l’économie mondiale.
Le président du WEF, Borge Brende, n’a pas dit autre chose lors d'un briefing la semaine dernière pour les journalistes. Cet événement «se tient dans le contexte géopolitique et géoéconomique le plus complexe depuis des décennies», a-t-il notamment déclaré. Le choix du thème principal de cette 53ème édition du WFE est d’ailleurs assez révélateur : «Coopérer dans un monde fragmenté». Un thème qui pose, en effet, une sacrée équation, dans un monde où nationalisme, protectionnisme et populisme se confondent parfois au nom d’une revendication devenue planétaire : le patriotisme économique. Qui semble être, en réalité, un fourre-tout au service des intérêts de … l’intelligentsia politique.
De fait, cela remet en cause les dogmes sur lesquels était bâtie la mondialisation. Une mondialisation qui est confrontée à une profonde crise d’identité, voire existentielle née de la pandémie liée à la Covid-19, qui s’est révélée comme un puissant marqueur de l’égoïsme des Etats et a enseveli les socles qui faisaient l’essence même de l’univers multidimensionnel de la mondialisation. Alors, 5 jours de débats, réflexions et autres discussions suffiront-ils pour pouvoir recoller les morceaux ? Les fractures géopolitiques et économiques sont-elles irréversibles ?
Doit-on croire encore en la mondialisation ? Une chose est en tout cas sûre : il est illusoire de croire que l’on peut renouer avec la mondialisation dans son acception initiale, celle qui prévalait avant la pandémie, surtout dans ce contexte où le protectionnisme et la course à la relocalisation sont à leur paroxysme. C’est bien le début d’une nouvelle ère économique.
Par D. William