Une croissance inclusive, qui bénéficie à toutes les franges de la population : c’est l’une des grandes priorités du Roi Mohammed VI. Oui, tous les citoyens, où qu’ils soient sur le territoire, doivent profiter des richesses de la nation. La multitude de projets lancés ces dernières années dans certaines régions jadis marginalisées, sous l’impulsion du Souverain, s’inscrit justement dans cette veine. Le Roi avait d’ailleurs fait un diagnostic éclairé de la situation, dans son discours prononcé le 30 juillet 2015, à l’occasion de la Fête du Trône. «La croissance économique n’aura aucun sens si elle ne se traduit pas par l’amélioration des conditions de vie des citoyens», avait-il affirmé, non sans déplorer la situation qui prévaut dans certaines régions. «En dépit des progrès réalisés par notre pays, ce qui me désole, c’est cette situation de précarité que vivent certains de nos concitoyens dans les régions éloignées et enclavées, surtout sur les sommets de l’Atlas et du Rif, les zones sahariennes arides et les oasis, ainsi que certains villages dans les plaines et sur les côtes», affirmait-il.
Avec le recul, on comprend désormais mieux «sa déception, son mécontentement et sa préoccupation» exprimés lors du Conseil des ministres du 25 juin dernier à Casablanca, à propos notamment de la non exécution des projets inscrits dans le programme Al Hoceima Manarat Al Moutawaset. En effet, les conditions de vie de la population du Rif le préoccupaient déjà. Et c’est sous cet angle qu’il faut apprécier ce programme de presque 7 milliards de dirhams lancé à Al Hoceima en octobre 2015, soit deux mois après son discours. Programme qui fait partie d’un vaste plan visant à répondre aux attentes et besoins des citoyens de chaque Douar et de chaque région, en termes d’infrastructures et de services sociaux de base. L’étude faite dans ce sens par le ministère de l’Intérieur a ainsi permis de déterminer les actions prioritaires à mener, face au déficit constaté. «Elle a permis d’identifier plus de 29 mille Douars, dans 1.272 communes, souffrant d’un tel déficit. Les régions et les domaines concernés ont été répertoriés par ordre de priorité. De même qu’ont été examinés environ 20.800 projets, dédiés à plus de 12 millions de citoyens, vivant dans plus de 24 mille Douars, avec un budget global de 50 milliards de dirhams environ», avait notamment indiqué le Roi.
Les problèmes identifiés, il ne restait plus qu’à passer à l’action, le Souverain ayant, en plus, pris le soin de donner des pistes pour mener à bon port ce chantier. «Afin de garantir le succès d’un chantier social aussi ambitieux, nous invitons le gouvernement à établir un plan d’action intégré, fondé sur le partenariat entre les différents départements ministériels et les institutions concernées, en vue de trouver les moyens de financement des projets et de définir un échéancier précis pour leur mise en œuvre», avait-il dit.
Mais voilà, la suite tout le monde la connaît. Le boulot n’a pas été fait, particulièrement à Al Hoceima. Les enquêtes menées par l'inspection générale de l'Administration territoriale et l'IGF vont permettre de fixer les responsabilités. Et beaucoup de têtes risquent de tomber, au regard notamment de la multiplicité des intervenants impliqués dans ce gigantesque projet. Ces vacances auront certainement un goût amer pour plusieurs responsables.
Et tous ceux qui sont impliqués dans les projets lancés dans les différentes régions du Royaume ont les chocottes en ce moment. A raison d’ailleurs.■
D. W.