Rendez-vous devenu incontournable pour l’entrepreneuriat et l’innovation sur le continent, la FIPA est un véritable catalyseur de coopération économique. Cette édition 2025 ambitionne d’être un jalon décisif vers une intégration régionale plus concrète.
Dakar s’apprête à accueillir la sixième édition de la Foire internationale des produits africains (FIPA). Du 22 mai au 1er juin, l’esplanade du Monument de la renaissance africaine se transformera en une ruche bourdonnante où se croiseront artisans, entrepreneurs, investisseurs et curieux venus goûter à la quintessence du savoir-faire africain.
Une véritable plongée dans un lieu d’échange et de partage où le Made in Africa n’est plus un slogan, mais un levier concret d’autonomie et de coopération.
Depuis sa création en 2020 à l’initiative de la plateforme «Bay sa Waar» (expression wolof qui signifie «cultiver son lopin de terre dans le champ de la communauté»), la FIPA s’est imposée comme un rendez-vous économique majeur, célébrant l’ingéniosité des femmes et des jeunes qui, malgré un environnement commercial parfois contraignant, façonnent l’économie de demain.
L’édition 2025, qui se tient sous le thème «L’intégration économique, un levier de développement et de souveraineté et une opportunité pour le renforcement de la coopération sud sud», s’annonce encore plus ambitieuse.
«Cette édition introduit des innovations majeures. Une exposition virtuelle et une plateforme de ventes en ligne permettront aux entreprises africaines de toucher un public mondial et d’élargir l’impact de la foire. Un espace dédié à l’innovation et aux startups favorisera l’échange de technologies adaptées aux défis du continent. Le pays invité d’honneur bénéficiera d’une visibilité exceptionnelle à travers des forums économiques et des rencontres B2B», souligne Fatou Dramé, directrice et promotrice de la FIPA.
Tout en précisant qu’«à court terme, ces évolutions stimuleront les échanges intra-africains et offriront de nouvelles opportunités aux entreprises. A moyen terme, cela renforcera les chaînes de valeur locales et réduira la dépendance aux importations».
Le Sud dialogue avec le Sud
Les invités d’honneur de cette édition, l’Egypte et la Gambie, ainsi que les pays hôtes de marque, le Congo-Brazzaville et la Guinée, incarnent cette Afrique qui mise sur la coopération intra-continentale pour asseoir son indépendance économique.
Si l’on en croit les éditions précédentes, la FIPA ne se contentera pas d’exposer des produits : elle mettra aussi en lumière des success stories et encouragera les échanges stratégiques, notamment à travers des rencontres B2B et B2C.
Un terrain fertile où l’exportation des talents africains ne rime plus avec exode, mais avec expansion. Dans un monde où la compétitivité ne pardonne pas l’approximation, la FIPA se veut donc un incubateur de solutions locales.
L’autonomisation des femmes, cœur battant de l’événement, ne se limite plus aux slogans institutionnels. Elle prend la forme de formations, de financements et d’une mise en avant sans fard des entrepreneures qui transforment le beurre de karité en cosmétiques prisés, les tissus traditionnels en haute couture et les produits agricoles en industries florissantes.
Une dynamique qui s’inscrit dans les Objectifs de Développement Durable, notamment l’ODD 5 sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.
En outre, chaque année, la FIPA c’est aussi un grand bal des saveurs et des couleurs. Défilés de mode, démonstrations artisanales et dégustations culinaires célèbrent une Afrique multiple et créative, où les traditions se marient aux tendances contemporaines.
Sans oublier le prestigieux prix FIPA d’Or, qui couronne les femmes entrepreneures les plus innovantes, histoire de rappeler que l’excellence n’a pas besoin d’être importée.
Au-delà des stands et des discours officiels, cette foire est surtout une réponse concrète aux défis d’un marché africain encore trop cloisonné. Car si la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) est souvent citée comme un idéal à atteindre, la FIPA en est une application tangible.
Loin des salons feutrés et des grandes conférences, elle prouve qu’une autre Afrique est possible : une Afrique qui mise sur ses forces et cherche à s’affranchir des dépendances extérieures. Une Afrique qui valorise ses savoir-faire et qui bâtit son propre modèle de croissance.
«La FIPA est ainsi une plateforme stratégique pour renforcer l’économie africaine et développer un marché continental plus structuré et autonome», confirme Fatou Dramé.
Bref, l’édition 2025 de la FIPA ne sera donc pas qu’une simple vitrine commerciale. Elle ambitionne d’être un tournant. Ce n’est pas un hasard si les Présidents du Sénégal et de l’Egypte parrainent l’événement : ils y voient sans doute le symbole d’un continent qui refuse d’être spectateur de sa propre histoire. Une Afrique qui se prend en main.
D. W.