• L’ISCAE Rabat a organisé en partenariat avec Policy Center for the New South le Symposium international sur le thème «Un demi-siècle de réformes administratives : Quels effets sur la gouvernance des organisations de l’Etat ?».
• Un événement ayant traité d’importantes thématiques, comme la digitalisation au sein des administrations ou encore le projet de réforme des administrations 2018-2021.
Les réformes administratives entreprises par l’Etat ont toutes pour objectif l’amélioration de la gouvernance au sein des entités étatiques. Leurs structurations présentent indéniablement une dimension politique mais aussi économique d’envergure, car la relation intrinsèque liant l’efficacité des administrations et les IDE, par exemple, n’est aujourd’hui plus à démontrer. Se penchant sur le sujet, l’ISCAE Rabat a organisé en partenariat avec Policy Center for the New South le Symposium international sur le thème «Un demi-siècle de réformes administratives : Quels effets sur la gouvernance des organisations de l’Etat ?». Un événement qui a permis de débattre des effets des réformes sur les institutions publiques, et de se pencher sur les résultats de l’action publique sur les structures d’offre en service.
Ce rendez-vous a pu réunir un panel d’experts, composé entre autres de Tarik El Malki, président de l’édition 2020 du Symposium et de l’ADIMAP, directeur de l’ISCAE Rabat, Guy Laforest, Directeur général de l’École nationale d’administration publique (Québec), ou encore Ahmed Laamoumri, secrétaire général du Département de la réforme de l’administration, ministère de l’Economie et des Finances et la Réforme de l’Administration Maroc, ou encore Moncef Ziane, représentant de la catégorie des organisations professionnelles au bureau du Conseil économique social et environnemental.
Pour Tarik El Malki, la refonte des administrations est aujourd’hui plus que nécessaire et figure parmi les objectifs primordiaux du Royaume, rappelant que c’est l’une des thématiques phares mises en évidence dans le nouveau modèle de développement. Il a également expliqué que «La réforme de l’administration publique réalisée jusqu’ici a donné un développement à de grands projets sociaux, mais aussi économiques et d’infrastructures importants. Un grand nombre de réformes ont été adoptées durant les 20 dernières années, qui ont impulser un nouveau rapport entre l’administration et le citoyen ».
Tarik El Malki, s’est également arrêté sur les déficits de la gestion des administrations publiques, expliquant que malgré les réformes qui ont eu un impact positif, notre administration continue de souffrir de plusieurs maux et qui reviennent de manière assez récurrente. Il insiste sur le fait qu’il y a une prédominance de la culture de conformité plutôt que de leadership et performance, en plus d’un manque flagrant de cohérence entre les différentes politiques publiques, ce qui nuit à l’’environnement social et économique du pays. «La posture de l’administration publique doit changer et s’adapter aux principes de proximité et de flexibilité en faveur du bien-être des citoyens», a-t-il averti.
Par ailleurs, lors de ce meeting il a été question aussi d’insister sur l’importance pour les administrations publiques de s’adapter au nouveau contexte social. A cet effet, Ahmed Laamoumri a indiqué lors de son allocution que «les organisations de l’Etat doivent s’adapter à un contexte en pleine mutation dont les besoins sont plus évolutifs. Ceci implique pour elles de viser l’efficacité afin de permettre au pays de drainer davantage d’investissements». Laamoumri a également rappelé les initiatives qui ont été réalisées afin de renforcer l’action des administrations. Et d’insister que «L’Etat a entrepris un vaste chantier de réformes afin de pallier les faiblesses des établissements publics. Un plan de réforme 2018 -2021 a été adopté avec 24 projets pour encourager le développement et la gouvernance des administrations publiques, qui donnent aujourd’hui des résultats probants».
Guy Laforest a, pour sa part, mis en évidence les différences marquées entres les administrations publiques marocaines et québécoises, en insistant sur l’importance du digital comme outil de succès.
«Dynamiser les bonnes pratiques de la gestion publique et d’amélioration de leur transparence financière, passera sans aucun doute par l’intégration des outils digitaux», a-t-il expliqué. Et d’ajouter que «La dématérialisation et l’adoption des technologies auront pour vocation de simplifier les relations entre le citoyen et les entités publiques, ce qui est la base d’un système administratif efficace. Le Maroc va déjà dans ce sens, ce qui est louable».
Du côté de Moncef Ziane, il a été question de rappeler les recommandations du Conseil pour l’amélioration des activités des administrations. «Sur le plan législatif, la loi 31-13 doit être révisée pour abroger certaines dispositions limitant la portée des administrations en termes de transparence et d’indépendance», a-t-il déclaré. Soulignant qu’«Il faut préconiser la redynamisation des services publics via l’accélération de la déconcentration et la décentralisation pour doter les régions et les autres collectivités territoriales de ressources nécessaires pour jouer leur rôle».
In fine, il ressort des déclarations des intervenants que les réformes administratives au Maroc ont connu un développement important au cours des dernières années. Toutefois, il reste plusieurs améliorations à faire afin de pallier les multiples limitations que connaissant les entités publiques, liées entre autres à l’indépendance, le délai d’exécution, la dématérialisation ou encore la transparence.
Badr Chaou