La capacité litière dans les hôtels classés, qui s’élève actuellement à 300.000 lits, reste relativement limitée. Le développement d’une infrastructure d’hébergement robuste et moderne est crucial pour améliorer les performances du secteur et parvenir à séduire un large éventail de visiteurs.
Par M. Ait Ouaanna
Le Maroc aspire à atteindre des objectifs ambitieux en matière de tourisme, mais pour y parvenir, il est indispensable de consolider plusieurs segments clés, particulièrement l'hébergement. Représentant un maillon central dans la chaîne de valeur du tourisme, l’hébergement constitue une étape clé dans l’expérience client. Entre maisons d’hôtes, hôtels et resorts de luxe, riads, auberges et gîtes, ou encore les locations de courte durée, le Royaume propose une offre d’hébergement variée. Toutefois, la capacité litière dans les hôtels classés, qui s’élève actuellement à 300.000 lits, reste relativement limitée et nécessite un renforcement. À ce titre, la feuille de route 2023-2026 du secteur prévoit de porter ce chiffre à 340.000 à l’horizon 2026, soit 40.000 lits supplémentaires.
«Assurément, nous ne pourrons atteindre ces objectifs ambitieux qu’à la condition de garantir une offre d’hébergement suffisamment diversifiée et adaptée à la demande croissante. Actuellement, la capacité hôtelière du Maroc est significative dans des pôles touristiques majeurs comme Marrakech, Agadir, et dans une moindre mesure Casablanca et Fès. Néanmoins, elle peut encore s'améliorer, notamment dans des régions en forte croissance touristique», affirme Said Tahiri, expert en tourisme. En effet, l’insuffisance de l’offre ne se limite pas aux établissements classés; l’hébergement économique, dédié aux voyageurs à petit budget, est également touché par cette problématique.
«Le Maroc dispose d’une grande variété d’établissements, mais la demande croissante exige un développement accru de ces structures, notamment pour satisfaire les segments de marché moyen et économique, où l'offre reste parfois insuffisante dans certaines régions», précise l’expert. Ce dernier insiste également sur la nécessité de s’adapter aux nouvelles tendances, notamment en matière de durabilité. «L'essor des séjours écoresponsables accorde au Maroc une chance unique de se distinguer par une offre de logements respectueux de l'environnement, tels que des écolodges dans le désert et des hébergements en harmonie avec la nature. Cette démarche est d'autant plus nécessaire dans un contexte où les taux d’occupation restent faibles, ce qui nécessite de porter une attention particulière à l'amélioration de la qualité et à la formation», explique-t-il.
Selon les chiffres récents fournis par la ministre du Tourisme, de l'Artisanat et de l'Économie sociale et solidaire, Fatim-Zahra Ammor, l’investissement dans l’hébergement touristique devrait atteindre 8 milliards de dirhams en 2024, permettant ainsi de créer 7.700 lits additionnels. Pour Said Tahiri, cet apport financier ouvrira la voie à une montée en gamme de l’hôtellerie marocaine. «Au fil des années, notre capacité d’hébergement a augmenté d’environ 10.000 lits annuellement, jusqu’à ce que les différentes crises subies par notre pays interrompent notre élan et nos ambitions. La feuille de route 2026-2030 a redonné confiance aux investisseurs, et la création de 7.700 lits supplémentaires permettra d'absorber un flux plus important de visiteurs, notamment durant les périodes de haute saison.
Cet investissement, qui se chiffrerait entre 8 et 10 milliards de dirhams, représente une opportunité d'accroître non seulement la capacité litière, mais également d’enrichir et de diversifier l’offre hôtelière, d’assurer sa montée en gamme et de garantir une croissance durable et inclusive du secteur touristique marocain», souligne-t-il. Afin de moderniser le parc hôtelier marocain, le gouvernement a lancé en juin dernier le programme Cap Hospitality. Ce dispositif inédit, qui s’étend sur la période 2024-2025, offre un crédit dont les intérêts sont entièrement pris en charge par l’État, en faveur des Etablissements d'hébergement touristique classés (EHTC) souhaitant moderniser leurs infrastructures. Le prêt couvre des investissements compris entre 3 et 100 millions de dirhams, avec une échéance pouvant aller jusqu’à 12 ans, dont 2 ans de différé. Fruit d’une convention entre le ministère du Tourisme, de l’Artisanat, de l’Économie sociale et solidaire, le ministère délégué chargé du Budget, le Fonds Mohammed VI pour l’Investissement (FM6I) et la Société marocaine de l’ingénierie touristique (SMIT), le programme Cap Hospitality a pour objectif de moderniser 25.000 chambres, avec un investissement total attendu de 4 milliards de dirhams.
«Cap Hospitality s’inscrit dans une dynamique vertueuse pour accompagner les professionnels du tourisme et de l’hôtellerie en particulier. Ce programme complète d'autres efforts qui ont été déployés, notamment à la suite de la pandémie du Covid-19», relève Said Tahiri. L’expert met la lumière sur l’importance d’épauler les professionnels du secteur, indiquant que ce soutien va leur permettre de renforcer leur compétitivité et de proposer un produit de qualité qui respecte les standards internationaux et répond aux attentes des clients. «La modernisation d’un établissement hôtelier peut être très coûteuse, surtout dans un contexte où les standards internationaux de confort et de durabilité évoluent rapidement. Ces crédits permettront aux hôteliers de financer des travaux d’envergure, qu’il s’agisse de rénovations structurelles, de mises à jour technologiques ou d’aménagements pour se conformer aux exigences écologiques», explique notre interlocuteur.
L’expert en tourisme soulève in fine que des programmes similaires à Cap Hospitality encouragent les professionnels à s’inscrire dans une dynamique d’innovation et de durabilité, contribuent au développement de l’économie locale et favorisent des séjours plus longs et des dépenses plus élevées de la part des touristes et visiteurs.
