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Inflation: Les Marocains à bout de souffle

Inflation: Les Marocains à bout de souffle

Dans les souks, les marchés de proximité, les supermarchés…, les prix des denrées alimentaires poursuivent leur hausse.

Plusieurs biens de consommation ont été touchés par la réduflation, une stratégie marketing qui consiste à réduire le grammage d’un produit, tout en gardant le même emballage.

 

Par M. Ait Ouaanna

Depuis plus d’un an, le pouvoir d’achat des ménages marocains est mis à rude épreuve. Les tarifs des prix à la pompe maintiennent leur tendance haussière, ce qui ne manque pas de se répercuter sur les prix de nombreux produits de première nécessité, notamment ceux liés à l’alimentation. Que ce soit pour les viandes, les œufs, les légumes ou encore les fruits, une hausse sensible a été constatée au cours de ces derniers jours. Selon le haut-commissariat au Plan (HCP), l'indice des prix à la consommation (IPC) a enregistré, en septembre 2023, une augmentation de 0,8% par rapport au mois précédent, reflétant principalement une hausse de 1,3% de l'indice des produits alimentaires et de 0,5% de l'indice des produits non alimentaires.

Sur une base annuelle, l’IPC a grimpé de 4,9% en septembre 2023 par rapport à la même période de l'année précédente. Pour l’économiste Mohamed Jadri, les prix continueront d’augmenter dans les prochaines semaines, étant donné que le baril de pétrole peut atteindre les 100 dollars d’ici la fin de l’année.

«L’économie marocaine dépend en grande partie de l’étranger pour couvrir ses besoins en produits pétroliers. De ce fait, lorsque les prix des carburants augmentent au niveau international, cela a un impact direct sur les prix à la pompe au Maroc. Rien que depuis le mois d’août, cinq augmentations consécutives ont été enregistrées, et la situation doit être encore pire dans les semaines à venir, puisque le prix du baril peut aller jusqu’à 100 dollars d’ici la fin de l’année, ce qui impactera négativement le pouvoir d’achat des Marocains», relève-t-il.

Outre la hausse du cours du baril de pétrole, cette nouvelle flambée des prix est aussi une conséquence directe de la sécheresse qui gagne de plus en plus de terrain au Maroc. «L’économie marocaine a été impactée par cette sécheresse qui sévit dans de nombreuses régions du Royaume depuis maintenant 5 ans. De plus, notre chaîne d’approvisionnement et de distribution compte pas mal de monopoleurs, d'intermédiaires et de spéculateurs qui attisent l’inflation. Par exemple, des tomates vendues par l’agriculteur à 3 dirhams, finiront au marché de proximité à un prix qui peut aller jusqu’à 8 dirhams. Car, avant d’y arriver, elles ont dû passer par plusieurs intervenants, dont chacun cherche à réaliser sa marge de profit», explique Mohamed Jadri.

Notons qu’afin de faire face à ce problème d'intermédiation, le ministère de l’Intérieur, en collaboration avec le ministère de l’Agriculture, a lancé un chantier de modernisation du processus de distribution des fruits et des légumes, à travers la conception d’une «nouvelle génération» de marchés de gros, dans les 12 régions du Royaume. Mais d’ici la mise en œuvre effective de cette stratégie qui permettra d’atténuer la flambée des prix, le pouvoir d’achat des consommateurs marocains continuera de dégringoler. D’ailleurs, selon les chiffres issus d’une enquête menée récemment par le HCP, 52,5% des ménages s'attendent à une dégradation de leur niveau de vie au cours des 12 prochains mois.

Face à cette situation, Bouazza Kherrati, président de la Fédération marocaine des droits du consommateur, estime qu’il est indispensable que le salaire minimum fixé par l’Etat varie en fonction de l’évolution du prix des carburants. «Il faut plutôt opter pour un SMIG évolutif, non pas un SMIG stable ou qui change tous les 10 ou 15 ans. Plusieurs pays ont appliqué cette mesure et ils s’en sortent bien. Un SMIG stationnaire n’est ni dans l’intérêt du gouvernement, ni dans celui du consommateur», insiste-t-il. Et de poursuivre : «Le pouvoir d’achat des consommateurs s’érode tout le temps, et le pire ce sont les augmentations invisibles telles que la «réduflation», appelée en anglais, «shrinkflation», et qui est devenue monnaie courante au Maroc.

C’est une pratique qui consiste à diminuer la quantité d’un produit sans changer d’emballage. C'est-à-dire que le packaging est le même, mais la quantité est réduite. Le prix, quant à lui, reste inchangé ou, dans certains cas, élevé par rapport à avant». Notons par ailleurs que l’étude effectuée par le HCP fait savoir que 42,2% des ménages déclarent s’endetter ou puiser dans leur épargne, au moment où 2% seulement affirment épargner une partie de leur revenu. Il en ressort également qu’au T3-2023, 79,5% contre 8% des ménages considèrent que le moment n’est pas opportun pour effectuer des achats de biens durables.

 

 

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