Quand il s’agit d’asséner ses vérités, Driss Jettou, premier président de la Cour des comptes (CC), ne fait pas dans la dentelle et n’use pas de la langue de bois. Les parlementaires ont pu s’en rendre compte mardi, lors d’un exposé sur les activités des juridictions financières. Deux faits saillants ont retenu notre attention :
Finances publiques : Le calcul du déficit budgétaire est erroné. C’est la conclusion à laquelle aboutit Jettou pour qui le calcul du déficit selon l’approche adoptée ne prend pas en considération certaines données, notamment les dettes dues par l’Etat au profit des entreprises au titre du crédit TVA, les dettes générées par l’excédent des paiements au titre de l’IS, ainsi que les dettes nées des transactions commerciales réalisées mais non encore payées par l’Etat. Dès lors, estime-t-il, il faut réviser la méthodologie adoptée par le gouvernement pour le calcul de cet indicateur et ce, en conformité avec le principe de sincérité, considéré comme l’une des importantes innovations introduites par la nouvelle loi organique relative à la Loi de Finances.
Retraites : Pour Jettou, la réforme paramétrique initiée en octobre 2016 était importante et nécessaire, d’autant qu’elle a permis d’augmenter l’horizon de viabilité du régime des pensions civiles d’environ 6 ans et de diminuer sa dette implicite d’environ 57% à l’horizon des 50 prochaines années. Mais, nous le disions tantôt dans nos colonnes, cette «réformette» n’apporte pas de solutions profondes aux déséquilibres structurels qui marquent le système de retraite au Maroc de manière générale. Il faut une réforme plus globale.
Conclusion :
Le gouvernement va-t-il réviser sa méthode de calcul du déficit ou servira-t-il plutôt un argument contradictoire à la Cour des comptes ?
Le gouvernement, mobilisé sur Al Hoceima, va-t-il se pencher enfin sur la réforme des retraites ? Un autre dossier chaud. Peut-être même plus chaud que celui de Al Hoceima.