•150 millions d’euros pour le Fonds d’équipement communal (FEC).
•270 millions d’euros pour moderniser les infrastructures aéroportuaires.
•La BAD intensifie son soutien au Maroc.
Le Maroc continue de séduire la Banque africaine de développement (BAD). En l’espace de quelques jours, l’institution panafricaine a validé une nouvelle salve de financements qui porte son appui total au Royaume à près de 1,3 milliard d’euros, un niveau inédit et révélateur d’un partenariat qui s’affirme au fil des années. Rien d’étonnant pour le professeur d’économie monétaire Rachid El Fakir, qui rappelle que «la relation entre la BAD et le Maroc date depuis longtemps» et que le Royaume «demeure un partenaire fiable» pour la Banque.
Dernière décision en date, une enveloppe de 150 millions d’euros accordée au Fonds d’équipement communal (FEC). L’objectif visé étant de permettre aux collectivités d’investir dans les routes, l’eau potable, la rénovation urbaine ou encore les équipements de proximité. La BAD parle «d’un appui destiné à améliorer l’accès aux services essentiels et à renforcer la résilience environnementale des territoires», lit-on dans le communiqué. Une orientation qui colle aux priorités du Maroc, engagé depuis plusieurs années dans une modernisation progressive de ses infrastructures locales.
À cela s’ajoute un prêt de 270 millions d’euros destiné à l’Office national des aéroports (ONDA) pour financer la modernisation des terminaux du pays. Un coup d’accélérateur indispensable alors que le Maroc se prépare à co-organiser la Coupe du monde 2030 et souhaite hisser ses plateformes aériennes au niveau des standards internationaux.
Comment expliquer cette confiance renouvelée ?
D’abord, par l’alignement manifeste entre les priorités marocaines et les axes stratégiques de la BAD. Les opérations approuvées ciblent la croissance durable, la modernisation des infrastructures et l’inclusion territoriale, des objectifs qui résonnent directement avec les «High 5» de l’institution panafricaine et qui facilitent l’acceptation technique et politique des dossiers.
Une dynamique qui, ne surprend pas Rachid El Fakir : «Avec sa stabilité, sa solvabilité et son engagement dans plusieurs réformes structurelles, le Maroc offre un pipeline de projets à fort impact dans l’énergie, l’eau, les infrastructures et l’inclusion sociale».
Cet alignement stratégique est donc loin d’être le fruit du hasard. Car au-delà des annonces ponctuelles, c’est bien la confiance dont bénéficie Rabat qui frappe. Selon l’économiste, le Maroc s’est illustré ces dernières années par ses sorties réussies sur les marchés financiers internationaux, levant des fonds à des taux compétitifs et renforçant sa réputation de pays solvable. «Les agences internationales de notation reflètent cette réputation et adossent tout appel à financement du Maroc sur le marché international», insiste-t-il.
Cette solidité se traduit dans les chiffres. En effet, le portefeuille de la BAD au Maroc atteint aujourd’hui environ 15 milliards de dollars, répartis sur quelque 150 projets en cours. Rien que sur la période 2024 - 2025, plus de 600 millions d’euros ont été mobilisés pour des programmes d’éducation, d’infrastructures, de compétitivité territoriale ou encore de développement rural. Autrement dit, le Maroc n’est pas seulement un bénéficiaire régulier, il est devenu l’un des partenaires centraux de la banque.
Le positionnement en tant que plateforme régionale d’affaires et d’événements joue également en faveur du Royaume. L’accueil de grands rendez-vous continentaux et la préparation d’échéances sportives internationales accroissent la visibilité du Royaume et créent un effet d’entraînement favorable aux bailleurs qui cherchent un impact régional visible. Les financements de la BAD apparaissent dès lors comme la traduction financière d’un pari stratégique, celui de soutenir un pays stable et proactif capable de porter des projets exemplaires pour la région.
Bonnes nouvelles… mais prudence oblige
Ces flux de financement sont une bonne nouvelle pour la modernisation du pays, mais ils appellent aussi à la prudence. Absorber des volumes importants d’investissement exige des capacités de gestion, une cohérence entre planification nationale et priorités locales, et une vigilance sur le coût à long terme de l’endettement. Si Rabat maintient le rythme des réformes structurelles, la qualité de la préparation des projets et la transparence dans l’exécution, la relation avec la BAD pourrait continuer à produire des effets multiplicateurs pour l’économie marocaine.
Dans le cas contraire, l’effet d’afflux massif de capitaux risque de se heurter aux goulots d’étranglement administratifs et financiers qui freinent parfois la traduction des promesses en réalisations tangibles. Aujourd’hui, la dynamique est telle que la BAD croit au Maroc, et le Maroc lui donne des raisons de continuer.
Désy M.