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Maroc : Face à l'inflation, les coups de fouet au pouvoir d'achat peuvent ne pas suffire

Maroc : Face à l'inflation, les coups de fouet au pouvoir d'achat peuvent ne pas suffire

Sur le papier, augmenter les salaires et les retraites peut contrer les effets néfastes de l'inflation. Mais sur le terrain l'équation est bien plus complexe. 

Rien ne semble arrêter l'inflation. Sur un an, l'indice des prix à la consommation a atteint 7,7% sur un an et le récent rebond des prix du carburant couplé aux hausses observées dans d'autres secteurs comme l'habillement, la restauration et l'alimentaire cet été, laisse présager d'une inflation durable qui peut subsister en 2023. Ailleurs en Europe et aux Etats-Unis, les principales Banques centrales ont déjà acté la durabilité de l'inflation. 

Augmenter les salaires entretient le pouvoir d'achat 

Au Maroc, le gouvernement semble prendre à bras-le-corps le sujet de l'inflation depuis la rentrée alors que la pression sociale n'a jamais été aussi forte. Les toutes premières semaines du mois de septembre ont été consacrées à acter la hausse du SMIG promise par Aziz Akhannouch aux syndicats et la très coûteuse revalorisation des pensions de la CNSS semble actée. Des mesures qui, mises côte à côte, peuvent soutenir le pouvoir d'achat et limiter l'impact de l'inflation sur le pouvoir d'achat et donc soutenir la consommation intérieure. Cette dernière, première contributrice au PIB du Maroc, est la locomotive de la croissance dans le Royaume. La préserver, c'est éviter les risques récessifs. 

De plus, la généralisation de la protection sociale, qui fait partie des principales priorités du PLF 2023, aura pour impact indirect de libérer des capacités financières chez les ménages en allégeant le budget «Santé». 

La spirale négative de l'inflation

Sur le papier, l'ensemble de ces mesures doivent apporter des réponses concrètes aux problématiques liées à l'inflation. Mais les entreprises doivent jouer le jeu en ne répercutant pas la hausse des salaires sur les prix et créer ainsi une spirale négative de l'inflation. Ces dernières doivent accepter de prendre sur leurs marges, au moins à court terme. Or, sur le terrain, la réalité est tout autre. Il suffit de regarder les quelques résultats publiés par certaines entreprises agroalimentaires cotées en Bourse pour s'apercevoir que non seulement les prix augmentent mais que les marges explosent. Une situation intenable à long terme pour l'économie. 

Ces quelques grands groupes cachent la triste réalité de bon nombre d'entreprises qui passent par des moments difficiles. La masse des PME. En atteste une baisse de l'utilisation des capacités industrielles à 71% à fin août, selon les données de Bank Al-Maghrib, reflétant une hausse du poids des charges fixes pour l'échantillon et donc une situation tendue pour la majorité des entreprises qui opèrent dans la production et qui, souvent, ont une large proportion de SMIG dans leurs charges du personnel. Difficile de croire que ces entreprises subiront passivement cette nouvelle charge. 

En attendant de voir la réaction des chefs d'entreprises à ces hausses de salaires, une autre question est posée. Celle du rétablissement des équilibres budgétaires. N'oublions pas que le déficit budgétaire dépassera les 5% en 2022 et 2023 et que la pression fiscale ira sans doute crescendo pour effacer l'ardoise laissée par la crise sanitaire et l'inflation. Une pression fiscale qui touchera sans doute le pouvoir d'achat...Encore lui. Le gouvernement doit éviter de donner d'une main pour reprendre de l'autre.

Adil Hlimi

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