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Maroc - Tourisme : Le test PCR grippe la relance

Maroc - Tourisme : Le test PCR grippe la relance

Paralysés pendant près de trois ans par une inactivité due à la crise sanitaire, les professionnels du tourisme commencent à voir le bout du tunnel et misent sur une bonne reprise de l’activité, surtout après la réouverture des frontières aériennes par le Maroc le 7 février 2022. 

D’après les derniers chiffres de l’Office national des aéroports (ONDA), les aéroports du Royaume ont accueilli 2.228.723 passagers à travers 21.330 vols aériens, durant la période allant du 7 février (1er jour de la reprise des vols internationaux) au 31 mars 2022.

Le taux moyen prévisionnel de récupération, par rapport à 2019, du trafic passagers des aéroports du Maroc serait de 75%, précise l’ONDA, pour qui l’année 2022 se présente sous de «très bons auspices».

Un autre facteur clé serait la densification des liaisons aériennes entre le Royaume et l’étranger. Ainsi, la saison d’été 2022 sera marquée par la création de 48 nouvelles lignes. A ce titre, Royal Air Maroc a musclé son programme de vols pour la saison estivale qui arrive, en proposant 6 millions de sièges sur 80 liaisons aériennes à travers le monde. 

Seule ombre au tableau : les conditions d’accès au territoire marocain, lesquelles, selon les professionnels, représentent une réelle entrave pour les touristes et freinent la relance du secteur. 

«Aujourd’hui, on parle d’une petite reprise et non pas d’une grande, parce que malheureusement, malgré cette ouverture des frontières, n’oublions pas qu’il y a un handicap qui est toujours là et qui freine l’activité touristique et nous fait perdre pratiquement 50% de nos clients qui devaient visiter le Maroc : ce handicap c’est le test PCR», déplore Mohammed Semlali, président de la Fédération nationale des agences de voyage du Maroc. 

Et de poursuivre : «La majorité des pays ne demande plus de test PCR, alors que chez nous il est toujours obligatoire. Et vous n’êtes pas sans savoir que le coût reste élevé, surtout quand il s’agit d’une famille de 4 ou 5 personnes, avec un test PCR dont le prix varie entre 60 et 70 euros. Si on fait un petit calcul, c’est un montant assez conséquent. Ledit test pousse donc les gens à penser à changer de destination, parce qu’il est certain qu’après deux années de crise, même nos clients sont dans une situation matérielle un peu difficile. Et si on rajoute à cela le coût du voyage qui varie entre 300 ou 400 euros, la facture ne fait que s’alourdir». 

Le mois de Ramadan a toujours été considéré par les professionnels du secteur touristique comme étant une basse saison. Néanmoins, à l’approche de l’été, ils s’attendent à une amélioration des flux touristiques. «Au mois de mai, nous entrons dans la haute saison, quoique jusqu’à présent les demandes sont un peu timides vu l’obligation de ce test PCR. On approche de la période de retour de nos MRE; il y a aussi pas mal de touristes qui veulent bien venir découvrir notre charmant pays», affirme Semlali. 

Ce dernier ne manque pas de rappeler que l’ONMT ainsi que tous les acteurs du tourisme, à travers leur participation dans les différents événements qui se tiennent à l’étranger, font en sorte de promouvoir la destination Maroc. «Nous espérons de tout cœur que l’Etat suivra cette action en assouplissant les conditions d’accès», souligne-t-il. 

Pour sa part, Wissal El Gharbaoui, secrétaire général de la Confédération nationale du tourisme, fait savoir que le secteur du tourisme ne se relève pas encore complètement. « Trois mois de reprise d’activité ne suffiraient pas pour pouvoir dépasser cette crise-là. Nous ne pourrons espérer renouer avec des chiffres relativement rassurants qu’à partir de la deuxième moitié de 2023, voire 2024». 

Et d’ajouter : «Aujourd’hui, nous peinons encore à récupérer nos parts de marché naturels. Nous sommes encore dans une configuration où les pays émetteurs tardent à avoir une visibilité suffisante sur un assouplissement réel et suffisant des conditions d’accès sur notre territoire», précise-t-elle, notant qu’une réévaluation de cette situation est primordiale de manière «à ce qu’on puisse accompagner tout l’effort qui a été fait notamment par les pouvoirs publics pour permettre une relance concrète et qu’elle soit plus visible, plus palpable et qui se reflète réellement sur l’économie touristique de notre pays». 

El Gharbaoui appelle également à ce que l’on œuvre en faveur d’une plus grande cohérence à l’intérieur de ce dispositif. «Dans les ports maritimes, cette contrainte est levée et dans les aéroports qui assurent 80% du trafic international, elle est maintenue», déplore-t-elle. 

En outre, El Gharbaoui révèle que le taux d’occupation qui permettrait à un établissement d’hébergement, quelle que soit sa nature ou sa taille, d’être dans une espèce d’équation équilibrée sur le plan de la dépense et sur le plan économique, serait aux alentours de 60 à 65%. «Nous ne sommes pas encore à 40% en taux moyen. Nous sommes autour de 30% en taux moyen annuel à l’échelle nationale. On a encore énormément de chemin à parcourir. Nous avons commencé à poser les premières pierres de la relance, il faut qu’on aille jusqu’au bout de l’exercice, avec davantage de visibilité et de lisibilité que nous devons donner aux marchés internationaux», note-t-elle. 

Rappelons que pour appuyer la reprise de l’activité touristique et soutenir les entreprises du secteur, le gouvernement a mis en place une batterie de mesures, dont notamment un plan d’urgence ayant mobilisé une enveloppe globale de 2 Mds de DH.

 

Par Malak Boukhari

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