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Pass vaccinal : Jeu mercantile ou enjeu sanitaire

Pass vaccinal : Jeu mercantile ou enjeu sanitaire

 

Il y a des évidences qui méritent que l’on s’y attarde pour clarifier ce qui l’est déjà, mais que les uns et les autres, observateurs et populations, en premier lieu, n’arrivent pas à intégrer, une bonne fois pour toutes. 

Et ce, pour de nombreuses raisons que nous allons essayer d’analyser dans ce texte. D’abord, la première donnée à considérer est relative à un nouveau décret publié par le Premier ministre français, Jean Castex, daté du 23 septembre 2021. 

Ce décret stipule que les personnes vaccinées contre le covid-19 avec certains vaccins, comme Sinovac ou Sinopharm, peuvent bénéficier du pass sanitaire français, à condition qu’elles reçoivent une dose supplémentaire d’un vaccin à acide ribonucléique (ARN) messager. En d’autres termes, une dose des vaccins Pfizer ou Moderna. 

Après avoir bénéficié d’une troisième dose du vaccin ARN, ces personnes devraient patienter 7 jours avant de pouvoir obtenir le pass sanitaire français. 

Le fin mot de l’histoire est on ne peut plus clair : si dans vos pays vous avez déjà utilisé d’autres types de vaccins, produits par d’autres laboratoires, il est important de savoir que pour être en situation «régulière» en France, il vous faut un troisième vaccin, celui qui est autorisé par les autorités françaises de tutelle. 

Dans ce sens, la question que se posent  tous les Marocains vaccinés aujourd’hui est légitime : les vaccins que nous avons utilisés au Maroc sont-ils compatibles avec les autres proposés par la France ? Autrement dit, est-ce qu’il n’y a pas de danger de passer d’un vaccin à l’autre ? Est-ce que tous les types de vaccins peuvent être injectés à la même personne sans complications ni risque de rejet, voire même de décès, comme cela a été soulevé par de nombreux médias ici et ailleurs, après avoir constaté que cette valse des vaccins crée un imbroglio enchevêtré qui plonge les citoyens dans un flou très angoissant ? Pour apporter des éléments de réponse, nous avons contacté le professeur Jaafar Heikel, qui précise «d’abord, les décisions des Etats sont censées se baser sur ce qui garantit de manière efficace et sans le moindre doute la santé des citoyens». «Dans cette optique, toutes les données scientifiques qui sont avancées pour étayer telle ou telle thèse et décision, doivent d’abord les réconforter dans leur prise de décision», ajoute-t-il. 

Pour le professeur Heikel, «scientifiquement parlant, il y a une hétérogénéité vaccinale.  Ce qui veut dire de manière simple qu’il y a bel et bien une variété de vaccins, tous différents les uns des autres. Mais ces vaccins ont tous été développés et mis en service dans l’objectif qu’un sujet puisse recevoir une dose d’un vaccin X et une deuxième dose du vaccin Y, sans risquer sa vie. 

D’ailleurs, certaines études ont montré des effets qualifiés d’intéressants de cette hétérogénéité de vaccins pour lutter contre le virus. 

Partant du postulat de base qui est que l’objectif principal du vaccin est l’augmentation du système immunitaire pour vaincre le virus, des tests cliniques ont montré des résultats probants chez des sujets ayant utilisé une dose de Sinopharm et une dose de Johnson, par exemple». 

Selon lui, «cette option donne plus de flexibilité aux pays en matière de stratégie vaccinale et en termes d’approvisionnement ».

Les données scientifiques sont rassurantes et nous en convenons. Mais ça mérite de poser des questionnements quant à la décision d’un pays comme la France d’être plus souple dans l’octroi du pass sanitaire ? 

Certains États ne seraient-ils pas en train de mettre en place des mécanismes de liquidation de leurs stocks en recourant à des études et autres tests  plus élargis ? La France, à titre d’exemple, ne serait-elle pas en train d’inciter les Marocains et d’autres pays d’accéder au pass sanitaire pour faire du business grâce aux frais de séjour et autres ? Ne fallait-il pas utiliser ces doses pour beaucoup de pays en manque de moyens pour se procurer ne serait-ce qu’une dose ? 

Ceci pour dire que toute la littérature que nous pouvons lire concernant l’efficacité des vaccins, dans leur variétés (Sinopharm, Pfizer, Johnson, Sputnik…) ne doit pas nous faire oublier ce chiffre qui en dit long sur le volet purement commercial et économique des vaccins : plus de 200 vaccins candidats contre la COVID-19 étaient en cours de développement depuis le début de la pandémie en 2020. 

Sur ceux-ci, au moins 52 vaccins candidats ont été testés sur l’homme. Et sur l'ensemble des vaccins qui sont étudiés chez les animaux de laboratoire, environ sept sur 100 peuvent être considérés comme suffisamment efficaces pour passer au stade des essais cliniques chez l’homme. 

C’est ce qui explique aussi que chaque grande puissance a tenu à fabriquer son vaccin pour vendre des milliards de doses et faire marcher une industrie pharmaceutique de plus en plus puissante et hégémonique, dictant souvent comment il faut se comporter avec telle ou telle maladie, avec tel ou tel vaccin, en fonction aussi des grandes rivalités entre grands laboratoires qui se partagent le marché du médicament et du vaccin dans le monde.

Il faut aussi savoir que les États européens, pour ne citer qu’eux, veulent à tout prix liquider leurs stocks et bénéficier dans le même temps des recettes des étrangers qui voyagent et doivent décaisser pendant leurs séjours des sous. 

C’est la parfaite équation pour faire d’une pierre trois coups : liquider les stocks, faire marcher l’industrie du médicament et doper le tourisme. 

Dans le même temps, plusieurs autres pays souffrent du manque de vaccins et comptent leurs morts. 

Pour rappel, à fin septembre 2021, il n’y a que 3% des populations africaines qui ont bénéficié d’un vaccin, alors que les grandes puissances économiques mondiales croulent sous les doses, allant jusqu’à exiger cette obligation d’un troisième, voire quatrième rappel. 

Objectif : générer encore plus de bénéfices, comme l’attestent plusieurs chercheurs un peu partout dans le monde, voyant dans ces sorties intempestives des visées purement mercantiles, au grand dam des pays pauvres qui restent livrés à eux-mêmes, comme c’est le cas dans le continent africain.  

C’est partant de cette approche qu’il faut savoir que derrière cette guerre souterraine des vaccins anti-Covid, au-delà de l’aspect sanitaire, des enjeux géopolitiques et économiques majeurs prévalent.

 

 

La rédaction

 

 

 

 

 

 

 

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