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Politique économique : Les ajustements stratégiques de Bank Al-Maghrib

Politique économique : Les ajustements stratégiques de Bank Al-Maghrib

La Banque centrale a opté pour une réduction prudente du taux directeur de 25 points de base, le ramenant à 2,75%. Si le secteur agricole continue de subir les caprices de la météo, les activités non agricoles sont dans une bonne dynamique, soutenue par un regain d’investissements, une embellie du tourisme et une consommation domestique revigorée. Le niveau de la croissance économique reste cependant relativement modeste.

La croissance économique du Maroc, qui a enregistré une accélération de 1,5% en 2022 à 3,4% en 2023, reflète une dynamique favorable, portée notamment par une amélioration de 3,5% de la valeur ajoutée non agricole. Cependant, le secteur agricole montre une reprise modeste de 1,4% après une contraction de 11,3% l’année précédente, soulignant la dépendance continue du pays aux aléas climatiques. Pour 2024 et 2025, les prévisions indiquent des taux de croissance des activités non agricoles de 3,8% et 4,1% respectivement, bénéficiant de l’élan des investissements, de la vigueur du secteur touristique et de la consolidation de la consommation des ménages, en relation avec le repli de l’inflation et les revalorisations salariales.

«En revanche, la production agricole resterait tributaire des conditions climatiques. Ainsi, tenant compte d’une récolte céréalière estimée par le département de l’Agriculture à 31,2 millions de quintaux, la valeur ajoutée agricole reculerait de 6,9% cette année, avant de rebondir de 8,6% en 2025 sous l’hypothèse d’un retour à une récolte céréalière moyenne de 55 millions de quintaux», estime Bank Al-Maghrib, dans sa communication post-Conseil. La Banque centrale table ainsi sur une croissance de l’économie nationale de 2,8% en 2024, avant de s’accélérer à 4,5% en 2025.

L’inflation poursuit sa baisse

Après des pics de 6,6% en 2022 et de 6,1% en 2023, les taux ont commencé à se stabiliser, revenant à des niveaux plus gérables de 1,5% en 2024, avec une prévision de 2,7% pour 2025. Cette décélération est principalement attribuable à la diminution des pressions inflationnistes externes et à la baisse des prix des denrées alimentaires volatiles. Le Conseil a aussi pris acte de l’ancrage solide des prévisions d’inflation révélées par l’enquête trimestrielle de Bank Al-Maghrib, réalisée auprès des experts du secteur financier. Ces prévisions ont montré un recul notable, se positionnant à 2,7% pour une période prévisionnelle de 8 trimestres et à 2,8% pour 12 trimestres au deuxième trimestre de l’année.

En ce qui concerne l’effet des récentes mesures de politique monétaire sur les conditions financières, les taux débiteurs bancaires ont maintenu une quasi-stabilité pour le deuxième trimestre d’affilée, selon BAM. Leur augmentation cumulée depuis le début du resserrement monétaire en septembre 2022 jusqu’au premier trimestre 2024 a atteint 116 points de base. Cette progression des taux a principalement impacté les entreprises par rapport aux particuliers et a été moins marquée pour les TPME comparativement aux grandes entreprises, estime la Banque centrale. Face à ces données, Bank Al-Maghrib a opté pour une réduction prudente du taux directeur de 25 points de base, le ramenant à 2,75%. Cette décision, qui suit une période de stabilité monétaire, vise à soutenir la reprise économique tout en gardant un œil vigilant sur l’inflation et les anticipations inflationnistes.

Performances des comptes extérieurs

Le bilan des comptes extérieurs montre une résilience notable, avec une amélioration prévue des exportations de 4,4% en 2024 et de 8,9% en 2025, principalement tirées par le secteur automobile et les phosphates qui atteindraient respectivement 185,1 milliards et 88,5 milliards de dirhams en 2025. En face, les importations devraient suivre une trajectoire ascendante de 6,1% en 2024 et de 9,7% en 2025, reflet d’une augmentation des achats de biens d’équipement et de consommation. La facture énergétique, quant à elle, connaitrait un allègement cette année, suivi d’un alourdissement de près de 5% en 2025 à 125,1 milliards de dirhams.

Pour leur part, les recettes de voyages s’apprécieraient de 5,8% pour se situer à 117,2 milliards en 2025, tandis que les transferts des MRE devraient poursuivre leur tendance haussière, avec des améliorations de 1,9% cette année et de 5,3% en 2025 à 123,7 milliards de dirhams. Tenant compte de ce contexte favorable, la balance des paiements bénéficie également d’une légère détente, avec un déficit du compte courant qui devrait se situer autour de 1,7% du PIB en 2024 et de 2,7% en 2025. Par ailleurs, les recettes des investissements directs étrangers, après un creux en 2023 à 2,4% du PIB, devraient se renforcer à près de 3,1% du PIB en 2024 et 2025, illustrant une confiance renouvelée des investisseurs étrangers. «Au final, et tenant compte des financements extérieurs prévisionnels du Trésor, les avoirs officiels de réserve continueraient de se renforcer pour atteindre 382 milliards de dirhams à fin 2024 et 395,6 milliards à fin 2025, représentant ainsi une couverture avoisinant les 5 mois et demi d’importations de biens et services», selon BAM.

Évolution des conditions monétaires et financières

Sur le front monétaire, le besoin en liquidité bancaire est prévu pour diminuer légèrement, passant de 111,4 milliards de dirhams à fin 2023 à 109,8 milliards à fin 2024. Toutefois, ce besoin devrait augmenter à 133,6 milliards de dirhams à fin 2025, stimulé par l’expansion de la monnaie fiduciaire, explique BAM. Ainsi, tenant compte de ces évolutions, des prévisions de la croissance non agricole et des anticipations du système bancaire, le crédit au secteur non financier devrait connaître une accélération, passant de 2,7% en 2023 à 4,4% en 2024, et à 5,2% en 2025. Cette évolution positive du crédit reflète une économie en demande de financement pour soutenir la croissance et l’investissement.

Enfin, concernant la gestion des finances publiques, les résultats de l’exécution budgétaire des cinq premiers mois de 2024 montrent une hausse de 10,8% des recettes ordinaires, stimulée par une augmentation des revenus fiscaux. Simultanément, les dépenses totales ont augmenté de 1,2%, principalement à cause des coûts accrus liés aux biens et services, tandis que les charges de compensation et les dépenses d’investissement ont diminué. Compte tenu de ces performances, de l’allocation de crédits additionnels de 14 milliards de dirhams au budget général, dont presque la moitié est affectée aux augmentations salariales issues du dialogue social, ainsi que de la mise à jour de ses prévisions macroéconomiques, Bank Al-Maghrib prévoit un maintien du déficit budgétaire à 4,4% du PIB pour cette année, avec une réduction prévue à 4,1% en 2025.

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