Le Bureau exécutif de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ), réuni récemment à Casablanca, a exprimé son inquiétude de voir s’accentuer la crise que vit le secteur de la presse, qu’elle soit écrite ou électronique.
La Fédération dénonce l’attitude des autorités publiques qui, au lieu d’honorer son engagement à travers la concrétisation du plan d’urgence convenu avec les professionnels du secteur avant la fin du dernier mandat de l’Exécutif, ont instauré une taxe ciblant la publicité dans la presse numérique.
Les éditeurs se trouvent ainsi contraints de déclarer et de verser chaque mois 5% de leurs rentrées publicitaires avant même de faire le recouvrement auprès des annonceurs. Ce que la FMEJ qualifie de coup dur porté à la presse électronique, la rendant plus vulnérable que ne l’est la presse écrite.
Une attitude d’autant plus étrange quand on sait que les autorités sont passives devant des géants comme Google ou Facebook, appelés sous d’autres cieux à renflouer à coup de milliards les fonds d’aide aux presses locales.
Pis encore, l’instauration de cette taxe surprise intervient au moment où les professionnels s’attendaient à une révision à la hausse de l’aide publique au secteur, qui n’excède pas actuellement 65 millions de DH, comparativement à un pays comme la France qui apporte une aide à la presse de l’ordre de 1,5 milliard de DH.
La FMEJ déplore également l’ajournement perpétuel de la mise en place d’un fonds de développement de la lecture !
Il n’est pas exagéré de dire que le torchon brûle entre le gouvernement et la presse, laquelle constitue un pilier de la démocratie dans ce pays.
En effet, le secteur, en pleine crise, doit également faire face à l’obstination du gouvernement à instaurer des lois répressives à l’encontre des professionnels de la presse, puisqu’en plus de l’adoption du projet de loi transférant une partie de l’article 72 du Code de la presse au Code pénal sans aucune concertation avec le secteur, l’Exécutif vient d’annoncer la préparation d’un projet de loi punissant les fausses informations, ce qui est déjà prévu par ledit article 72.
A l’heure où la profession est en pleine restructuration pour plus de professionnalisme, avec notamment la mise en place du Conseil national de la presse, le Bureau exécutif de la FMEJ exprime son étonnement et son inquiétude face à tant de régressions sur les acquis, mettant en danger le partenariat mis en place depuis 2005 avec les autorités publiques.
Il a d’ailleurs annoncé la tenue d’une Journée nationale sur la presse écrite et électronique pour discuter de tous les moyens appropriés pour défendre une presse indépendante, libre, responsable, et apte à remplir son rôle, tout en préservant la dignité des journalistes et salariés du secteur.