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Tourisme : Gare aux voyageurs immobiles !

Tourisme : Gare aux voyageurs immobiles !

Le secteur touristique coule des jours heureux. La reprise est amorcée et se consolide au fil des mois. Le Maroc a ainsi réussi à récupérer près de 84% de touristes au cours de l'année 2022 par rapport à 2019, soit 11 millions de voyageurs.

Le Royaume fait mieux que la moyenne mondiale (taux de récupération de 63%), le Moyen-Orient (83%), l’Europe (80%) ou encore l’Asie pacifique (23%). 
En janvier 2023, le nombre des arrivées touristiques s'est renforcé de 13,6%, après des hausses de 16% en décembre, de 10,1% en novembre et de 15,1% en octobre 2022.

L’objectif est maintenant de garder le même niveau de performance, voire de l’améliorer. Comment y parvenir ?

A travers la feuille de route stratégique du tourisme 2023-2026, dotée d’une enveloppe de 6,1 Mds de DH. Elle est très ambitieuse, se fixant pour objectifs d'attirer 17,5 millions de touristes, d'atteindre 120 milliards de recettes en devises, de créer 80.000 emplois directs et 120.000 indirects, en plus de repositionner le tourisme comme secteur clé dans l'économie nationale. In fine, il s’agira de doubler le nombre d’arrivées, pour atteindre 26 millions de touristes à horizon 2030. Sacré challenge.

Dès cette année, la barre mythique des 100 Mds de DH de recettes touristiques devrait être franchie, promet la ministre de tutelle, Fatim-Zahra Ammor. 

Réorientation stratégique

Les opérateurs du secteur croient en la réussite de cette feuille de route, en ce qu’elle diffère des précédentes stratégies de développement du secteur touristique adoptées, privilégiant notamment une approche beaucoup plus innovante. Elle s’affranchit ainsi de la logique de la «Destination Maroc» pour adopter des «filières thématiques». Dans le langage touristique, on parlera désormais de thématiques comme «Ocean Waves», qui vise à faire du Maroc une destination phare de sports nautiques. On parlera aussi de «Nature, Trekking and Hiking» (développement des expériences structurées) ou encore de «City break», qui ambitionne de consolider la position du Royaume en tant que destination de voyage de courte durée, avec une destination urbaine. 

Bref, pour ratisser large, la feuille de route englobe neuf filières thématiques et 5 filières transverses visant à valoriser le patrimoine immatériel du Maroc. A côté, il faudra activer certains leviers de compétitivité, comme notamment la densification des dessertes aériennes et le renforcement de la capacité litière, ainsi qu’une meilleure gouvernance du secteur.

Sans nul doute, il semble y avoir une réelle volonté de la tutelle et des opérateurs de booster qualitativement et quantitativement le secteur touristique. 

Cette dynamique et cette volonté résisteront-elles cependant à l’usure du temps ? Car tout cela nous rappelle à bien des égards l’engouement qu’il y avait autour des «Vision 2010» et «Vision 2020». Visions porteuses d’espoir, mais qui, par la suite, ont montré toutes leurs limites. 

Il faut donc espérer que cette fois sera la bonne. Faute de quoi, le Maroc recevra davantage de voyageurs immobiles, qui ne visiteront le Royaume qu’à travers leur imaginaire fertile, que de vrais touristes.

F. Ouriaghli

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