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Vaccin anti-Covid-19 : Qui veut se faire piquer ?

Vaccin anti-Covid-19 : Qui veut se faire piquer ?


◆ Partout, les vaccins développés suscitent doute et scepticisme. 
◆ Les scientifiques marocains défendent bec et ongles celui élaboré par Sinopharm, qui fait néanmoins l'objet de nombreuses interrogations. 
◆ Les Marocains adhèreront-ils alors à la campagne de vaccination massive qui se prépare ?


Par D. William


Dans ce contexte pandémique, il y a unanimité sur une chose : seul un vaccin pourra permettre de lutter efficacement contre le coronavirus et de réaliser une immunité collective. Le Pr Said Moutawakkil, anesthésiste-réanimateur, docteur en biologie et membre du Comité scientifique et technique national, le soutenait d’ailleurs récemment dans nos colonnes. «Devant la gravité de cette pandémie et ses répercussions sanitaires, économiques, sociales et psychologiques, nous n'avons pas d’autres alternatives que le vaccin pour lutter contre cette pandémie ravageuse», disait-il.

Sauf qu’à l’heure actuelle, toutes les annonces faites autour des vaccins développés par les grands laboratoires, font l’objet de scepticisme et de profonds doutes, sur fond de polémiques. Car s’il faut au moins 10 ans pour développer un vaccin, il en a fallu seulement quelques mois pour mettre sur le marché celui relatif à la Covdi-19, un virus qui, quoi qu’on en dise, renferme encore bien des mystères.

Quand on ajoute à cela les théories complotistes qui fleurissent au niveau des réseaux sociaux, cela enfonce légitimement le clou de la suspicion qui entoure tous ces vaccins. Dès lors que le couple Bénéfice – Risque n’est pas très clairement circonscrit, et même si certains laboratoires ont annoncé des vaccins efficaces à plus de 90%, on peut comprendre que les populations soient réticentes à se faire vacciner, car, pour elles, pas question de servir de cobayes. Dans l’Hexagone, où les antivaccins sont très actifs sur les réseaux sociaux, la campagne de vaccination grand public devrait avoir lieu entre avril et juin prochains. Mais près de la moitié des Français refuserait de se faire vacciner, selon un récent sondage. Un refus motivé par la crainte des effets secondaires.

Plus près de chez nous, et d’après le dernier sondage du Centre d'investigations sociologiques, 47% des Espagnols ne souhaitent pas se faire vacciner, alors que le plan de vaccination devrait démarrer en janvier 2021.

 

Vaccin anti-Covid-19: Quid du Maroc ?

Le Maroc a opté pour le vaccin chinois Sinopharm et se prépare activement à vacciner la population. Les professionnels de la santé, les agents d'autorité, le corps de l'enseignement et la population vulnérable sont en première ligne. D’ailleurs, au niveau des médecins du privé notamment, l’on s’y prépare, puisqu’à l’issue de plusieurs réunions tenues fin novembre entre les autorités gouvernementales, sanitaires et les Conseils régionaux de l'Ordre national des médecins, il a été convenu d'organiser la campagne de vaccination contre la Covid-I9 à leur profit ainsi que pour leur personnel.

Le délai express d’élaboration des vaccins effraie-t-il les Marocains ? Sont-ils disposés à se faire vacciner ? Ont-ils confiance en ce vaccin chinois, dont deux doses sont nécessaires  à un intervalle de 21 jours pour donner l’immunité souhaitée au corps ? Difficile de répondre par l’affirmative, en l’absence notamment de sondages crédibles.

Ce que l’on sait surtout, c’est que les scientifiques marocains défendent bec et ongles ce vaccin élaboré selon un procédé vieux de 50 ans, et dont l’innocuité a, semble-t-il, été prouvée sur la santé de la personne vaccinée. «Ce vaccin a été inoculé chez 50.000 volontaires et s'est montré efficace, générant une production d'anticorps neutralisants et sans effets secondaires importants. Actuellement, plus d’un million de Chinois ont été vaccinés avec efficacité et sans effets secondaires notables», précise le Pr Said Moutawakkil. Moulay Said Afif, membre du Comité national technique de vaccination et président de la Société marocaine des sciences médicales (SMSM) et de la Fédération nationale de la santé (FNS), ne dit pas autre chose. «Il s'agit d'un vaccin sûr et efficace dont les résultats ont été démontrés aux Émirats Arabes Unis et en Chine, qui a procédé à la vaccination de plus d'un million de sa population», soutient-il, précisant que pendant les essais cliniques, auxquels le Maroc a participé, aucun effet secondaire grave n’a été constaté et que le vaccin peut provoquer les effets de rougeur, une douleur au point d’injection ou bien une migraine.

La seule voix un peu dissonante est venue des médecins marocains établis à l’étranger qui, dans un courrier adressé au ministre de la Santé, ont mis le doigt sur certaines zones d’ombre, voire insuffisances, comme le nombre limité de volontaires (600) ayant participé à l’essai clinique au Maroc. Par ailleurs, les Compétences médicales des Marocains du monde (C3M) suggèrent, par la voix de leur président, Dr Samir Kaddar, de s’assurer que la souche vaccinale utilisée par le vaccin Sinopharm protège effectivement des souches. Ils demandent aussi à Sinopharm, qui a procédé à une vaccination sur plus de 60.000 volontaires répartis dans 10 pays, dont les Émirats Arabes Unis, l'Argentine, le Pérou, l'Égypte ou encore la Jordanie, de communiquer officiellement sur les résultats de la phase III.

En effet, même si au Maroc certains scientifiques adhèrent à ce vaccin chinois et louent son efficacité, il faut dire qu’il pèche par le flou qui l’entoure.

Il n’y a eu aucune publication scientifique le concernant et aucune communication sur son degré d’efficacité. «Tout le monde ici veut être le plus rapide à mettre son vaccin sur le marché, alors même que nous, scientifiques, ne disposons même pas des éléments de base pour pouvoir évaluer leur efficacité», avoue, dans la revue Nature, un immunologue chinois qui a préféré garder l'anonymat.

Force est néanmoins de reconnaître que pour AstraZeneca, Pfizer ou encore Moderna, hormis des communiqués de presse, il n’y a pas non plus de données scientifiques détaillées pour leur vaccin.

Compte tenu de tous ces éléments, les Marocains accepteront-ils de se faire piquer pour se prémunir contre la Covid-19 ? Préféreront-ils s’abstenir et attendre l’immunité collective naturelle, en subissant cependant les vagues successives de cette pandémie ?

L’avenir nous le dira. Et l’on verra bien si les 2.880 points de vaccination mobilisés pour cette campagne massive seront pris d’assaut par les citoyens. 

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