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Imaginez un univers où les politiciens reconnaissent ouvertement leurs erreurs et assument la responsabilité de leurs actions, ou de leur inaction, envers le peuple. Cela serait un acte de courage politique fort, un pas vers la restauration de la confiance du peuple envers ses représentants qui sont aussi secrets que les recettes de grand-mère.

Dans ce monde idéal, les politiciens comprendraient que l'aveu de leurs erreurs est un signe de force, pas de faiblesse. Ils comprendraient que la crédibilité et la confiance des citoyens sont des valeurs bien plus précieuses que les promesses électorales creuses.

Voilà ce qu’aurait dit le chef de gouvernement, Aziz Akhannouch, s’il vivait dans ce monde idéal.

«Mes chers concitoyens, 

Aujourd'hui, je me tiens devant vous, humblement, non pas en tant que leader charismatique ou figure politique habité par une rhétorique grandiloquente, mais en tant que simple serviteur de la nation. 

Un serviteur conscient des défis cruciaux qui nous attendent et chargé d'une tâche colossale, celle de guider notre pays vers un avenir meilleur. Mais le chemin vers ce futur radieux est semé d'embûches et de défis titanesques que même les plus grands esprits auraient du mal à surmonter.

Je me tiens devant vous avec le poids de la responsabilité nationale pesant lourdement sur mes épaules. Car nous sommes confrontés à une réalité alarmante, une situation qui exige que nous fassions preuve de courage et d'audace pour y faire face.

Vous avez entendu les chiffres, vous avez vu les statistiques, et je ne vais pas vous mentir, ils sont loin d'être réjouissants. 

Les données du haut-commissariat au Plan révèlent en effet une situation préoccupante : une augmentation de 96.000 chômeurs entre le premier trimestre de l'année 2023 et celui de 2024, portant le nombre total de chômeurs à 1.645.000 personnes à l'échelle nationale. 

Ainsi, le taux de chômage s'aggrave à 13,7%, avec des jeunes qui peinent à trouver leur place dans le marché du travail et des diplômés sans perspective d'avenir... 

Le chômage, ce fléau qui frappe durement nos jeunes, ne peut être dissimulé derrière des discours enjoliveurs ou des justifications cosmétiques. Il est là, tangible, avec ses conséquences dévastatrices sur la vie quotidienne de millions de Marocains.

Et que dire du sous-emploi ? Avec 1.069.000 personnes occupées en situation de sous-emploi au niveau national, représentant 10,3% de la population active, nous sommes confrontés à un défi majeur. 

Alors, comment pourrais-je rester indifférent face à cette réalité criante, face à cette détresse qui gangrène notre société ?

Mes chers concitoyens, 

Les chiffres du chômage ne sont pas seulement des statistiques froides et impersonnelles. Ils représentent des vies, des familles, mais aussi des rêves brisés. Chaque point de pourcentage supplémentaire de chômage signifie des milliers de personnes privées de dignité et de stabilité. Et c'est à nous, en tant que gouvernement, en tant que représentants du peuple, qu'incombe la responsabilité de changer cette réalité.

Oui, je pourrais me tenir ici et vous réciter un discours lénifiant, vous parler de progrès et de réussites. Je pourrais vous parler des politiques que nous avons mises en place et des programmes que nous avons lancés. 

Mais je refuse de vous vendre des illusions alors que la vérité est bien plus sombre. Je refuse de me complaire dans l'illusion, dans le déni de la vérité.

Je choisis de mettre de côté les discours creux et les promesses vides. Aujourd'hui, je choisis de vous parler avec honnêteté et transparence, sans artifice ni faux-semblants.

Regardez autour de vous, mes concitoyens. Voyez-vous ces visages empreints d'inquiétude, ces regards désabusés qui cherchent en vain un peu d'espoir ? C'est à eux que je m'adresse, à ceux qui ont placé leur confiance en moi, en nous, et qui attendent désespérément un changement, une lueur d'espoir dans l'obscurité.

Mes promesses de création d'emplois, je les reconnais aujourd'hui comme des échecs cuisants. Je pourrais chercher des excuses, accuser les circonstances, mais cela ne ferait que masquer la véritable nature du problème.

Mes chers concitoyens, 

La vérité, c'est que nous avons échoué. Nous avons échoué à tenir nos promesses et à répondre aux attentes légitimes de notre jeunesse. 

Et pour cela, je vous demande pardon. Pardon pour chaque jeune diplômé qui peine à trouver un emploi et pour chaque famille qui lutte pour joindre les deux bouts. Pardon pour chaque nuit blanche passée à chercher une solution, pour chaque réunion où les mots se heurtent aux réalités et pour chaque projet avorté.

Néanmoins, permettez-moi de vous dire que ce n'est pas le moment de baisser les bras et de céder à la résignation. Non, c'est le moment de redoubler d'efforts, de travailler main dans la main pour trouver des solutions innovantes, pour transformer les défis en opportunités, pour bâtir un avenir où chaque citoyen a sa place, où chaque talent est valorisé et où chaque rêve peut devenir réalité.

Je crois en notre capacité à surmonter ces défis et à construire un avenir meilleur pour tous les Marocains.

Alors, je vous appelle à l'action, à la solidarité et à l'engagement pour affronter l'avenir avec détermination et espoir. 

Nous sommes un peuple résilient, et je suis convaincu, chers concitoyens, que nous pouvons faire tomber tous les remparts qui se dressent devant nous. 

Je ne vous promets pas des lendemains enchantés, car je sais que la route sera longue et semée d'embûches. Mais je vous promets mon engagement total et ma détermination sans faille à œuvrer pour le bien de notre nation.

C'est avec cette conviction, cette volonté inébranlable, que je m'engage à vos côtés, pour le reste de mon mandat, à œuvrer sans relâche pour un Maroc plus juste, plus prospère et plus solidaire.

Je vous remercie». 

Ah, si ce monde existait !
 

F. Ouriaghli