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Conflit israélo-palestinien : La solution à deux États, une vieille illusion ?

Conflit israélo-palestinien : La solution à deux États, une vieille illusion ?

La guerre entre le Hamas et Israël a remis sur le tapis la nécessité d’une solution à deux États.

Mais est-elle toujours possible ?

 

Par D. William

Le conflit israélo-palestinien, un récit tragique qui s'étire sur plus de 70 ans, continue de hanter l'imaginaire collectif. Il vient d’être ravivé par les attaques du 7 octobre perpétrées par le Hamas en territoire israélien, faisant plus de 1.400 morts et quelque 240 otages, et la riposte sanglante de Tsahal. En presque 8 semaines de combats, près de 15.000 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza par les frappes israéliennes, selon le Hamas.

Le nouveau tournant que vient de prendre ce conflit sur la table, avec acuité, la question de la solution à deux États. Le message délivré par le Roi Mohammed VI aux participants au sommet extraordinaire arabo-islamique, qui s’est tenu à Riyad, le 11 novembre courant, ne dit pas autre chose. Tout comme celui qu’il a adressé, ce 29 novembre, au président du Comité des Nations Unies pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, à l’occasion de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien.

Dans son message à Cheikh Niang, le Souverain fait savoir notamment que «la dernière escalade est la conséquence inéluctable de l’absence de tout horizon de règlement politique de la question palestinienne, alors même que cette perspective est la clé de la paix, de la stabilité et de la prospérité dans la région. Ainsi que nous l’avons maintes fois réaffirmé, le règlement de cette question sur la base de la Solution à deux Etats, comme prévu dans les résolutions de la légalité internationale et du Conseil de sécurité, est la seule voie possible pour instaurer la paix juste et globale et assurer sécurité et dignité à tous les peuples de la région. Elle est également le résultat de la multiplication méthodique de pratiques extrémistes israéliennes, d’initiatives unilatérales et d’actes de provocation récurrents à Al-Qods. Ces agissements ne peuvent que compromettre les efforts d’apaisement et saper les initiatives internationales visant à mettre fin aux tensions et à sortir du cercle vicieux de la violence».

Le niet de Netanyahou

La solution à deux Etats est-elle toujours possible ? N’est-elle pas un vœu pieu dans le contexte actuel, et au regard de l’évolution de la situation géopolitique dans la région  ? L'histoire récente, marquée par les accords d'Oslo en 1993, symbolisait l'espoir d'une résolution pacifique. Israël reconnaissait l'Organisation de la libération de la Palestine (OLP), qui reconnaissait à son tour Israël, amorçant ainsi la création d'une Autorité palestinienne sur certains territoires. Cependant, les espoirs furent ébranlés avec l'assassinat de Yitzhak Rabin en 1995 et les tensions persistantes. Les négociations de Camp David en 2000 ont également capoté, notamment en raison des divergences sur Jérusalem-Est, les colonies israéliennes et le droit de retour des réfugiés palestiniens.

Depuis, la colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est s'est intensifiée : 700.000 Juifs vivent actuellement dans les colonies sur des territoires occupés contre 250.000 lors des accords d’Oslo. Tout cela pose donc un défi majeur à la viabilité d'une solution à deux États soutenue par la communauté internationale, et surtout par l’allié indéfectible de l’Etat hébreu, les Etats-Unis, mais remise en question par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à l’ONU, juste avant l’offensive du Hamas.

Pourtant, cette solution semble s’imposer aujourd’hui comme le seul moyen de garantir la sécurité d'Israël et de répondre aux aspirations légitimes des Palestiniens. La diplomatie internationale tente toujours de raviver l'espoir dans cette voie, considérée comme la clé de la paix, malgré les défis persistants. Et si certains experts posent comme conditions la démilitarisation du Hamas et la reprise du contrôle de Gaza par l'Autorité palestinienne, la question de la colonisation, qui sape la vision de deux États indépendants, reste largement sans réponse de la part de la communauté internationale, dont les timides objurgations butent sur la surdité d’Israël.

Convenons-en : dans un environnement caractérisé par la lassitude et la colère de populations marquées par des décennies de conflit, cette solution à deux Etats est plus que jamais compromise. Les disparités historiques entre Israéliens et Palestiniens, la réalité sur le terrain ainsi que les dynamiques politiques locales compliquent davantage la concrétisation de cette vision. D’autant que si en Israël l’idée d’une solution à deux Etats divise le champ politique, de son côté, le Hamas a toujours catégoriquement refusé de reconnaître l’Etat d’Israël. Ce qui jette ainsi une ombre supplémentaire sur les espoirs de paix.

Israël et la Palestine peuvent-ils alors transcender les décennies de méfiance et de conflit pour forger un avenir partagé ? Des deux côtés, les populations peuventelles enterrer dans la trappe de l’histoire politique de la région les horreurs de la guerre HamasIsraël ? Ce n’est pas verser dans l’excès de pessimisme que de soutenir que ce qui divise actuellement les deux parties est trop profond pour qu’elles parviennent à un consensus. Du moins, à moyen terme. 

 

 

 

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