A la bonne heure ! Après les actions sporadiques menées ici et là pour tenter de calmer la colère exprimée par les habitants de Jerada, eu égard notamment à leurs conditions de vie précaires, le gouvernement est sorti de l’ornière et est décidé à… aller au charbon.
Saad Eddine El Othmani a en effet choisi samedi pour annoncer, à Oujda, lors d’une rencontre avec les élus, opérateurs économiques, composantes de la société civile de la région et responsables des services extérieurs une série de mesures «importantes et urgentes».
Exercice habile de communication du chef de gouvernement pour apaiser les intelligences rebelles ou enfin du concret pour redorer le blason de la province sinistrée de Jerada ?
Si l’on en croit les décisions prises, il semble en tout cas y avoir une réelle volonté de répondre aux aspirations de la population.
Ou, plutôt, le gouvernement est contraint de rapidement éteindre le feu. Car, au plus haut sommet de l’Etat, on suit de très près l’évolution de ce dossier où tout manquement sera inévitablement sanctionné.
El Othmani a ainsi annoncé 3 mesures majeures :
• la suspension immédiate de tous les permis d’exploitation minière non conformes aux lois en vigueur, suite notamment aux résultats d’une enquête menée à cet effet;
• l’opération de cession des logements qu’occupent certains ouvriers de la société Charbonnages du Maroc (CDM) touche à sa fin.
Et 2,5 millions de dirhams seront à la disposition de la cellule juridique chargée de la coordination avec la caisse de retraite et d’assurance en vue de gérer les dossiers des maladies professionnelles en faveur des employés de la société;
• la mobilisation de 3.000 hectares pour l’exploitation agricole, dont 1.000 pour les ayants droit et 2.000 en faveur des jeunes.
A cela s’ajoutent le lancement des travaux de la zone industrielle de Jerada et l’existence d’autres minerais inexploités dans la province (zinc, plomb et cuivre) révélée par une étude relative au secteur minier.
Il sera ainsi procédé à l’autorisation d’investissement et d’exploitation rationnelle et réglementaire de ces minerais.
Dans ce tableau pour le moins optimiste, gardons-nous cependant de nous réjouir trop vite.
Il faudra beaucoup de temps pour que la province de Jerada renaisse des ses cendres, après être notamment restée près de 20 ans en marge du processus de développement économique du Royaume.■
D. W.