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Le PJD, fin de partie

Le PJD, fin de partie
 
 
Il n’y a pas de quoi être surpris face aux démissions des deux figures du parti du PJD.
 
 
Pourtant, les réactions des uns et des autres ont semblé tomber des nues face à cette déferlante, somme toute prévisible, à plus d’un égard. La démission de Mustapha Ramid devait avoir lieu, il y a de cela plusieurs mois, après le scandale lié à son affaire avec l’une de ses collaboratrices, qui n’a jamais bénéficié de couverture maladie.
 
Le comble pour un ministre qui se doit de défendre les droits des uns et des autres et, surtout, pour un ex-ministre de la Justice. On s’en souvient le désormais ex-ministre d’État chargé des Droits de l’Homme, avait gardé un silence pieux face aux accusations de ses détracteurs qui demandaient déjà son départ.
 
Si la démission intervient aujourd’hui, pour des raisons de santé, il faut bien se résoudre à l’évidence de la fatigue qui frappe l’ancien avocat, vu que les responsabilités du pouvoir sont pour le moins harassantes. Reste que le timing de cette décision semble privilégier une autre piste, qui va au-delà de l’épuisement de l’ancien ministre.
 
Des sources proches du PJD affirment que le torchon brûle, depuis longtemps, entre les principaux membres du parti islamiste. Une situation qui a pris de l’ampleur à l’approche des élections législatives, un examen grandeur nature pour le parti au pouvoir, décrié de toutes parts.
 
Malaise social, grogne des populations, mauvaise gestion de l’une des pires crises sanitaires que connait le pays, contradictions et couacs à répétition, le PJD n’a pas été l’exemple que certains attendaient de pragmatisme politique et de bonne gouvernance. Loin s’en faut. Cette cacophonie interne du parti a été confirmée par la démission d’un autre «ténor» du parti, Driss El Azami, survenue 24 heures après celle de son acolyte, Mustapha Ramid.
 
Si les raisons derrière le départ de ce dernier sont restées floues sous le prétexte de problèmes de santé, la lettre de Driss El Azami, sans être ni claire ni précise, a au moins confirmé ce que les observateurs avertis savaient depuis longtemps : il évoque l’état instable du parti, ses positions politiques qui ne concordent pas avec ses principes, les dissensions internes entre dirigeants, sans oublier de parler de la posture de son parti plutôt attentiste et non agressif, face à la situation que traverse le pays, surtout à un moment où il est appelé à prendre les devants, à montrer tout son calme et son sang-froid, ainsi que sa maîtrise par temps de grave crise, à tous les niveaux. 
 
Toutes ces raisons semblent l’emporter sur le coup de fatigue ou le passage à vide que peuvent ressentir les caciques du parti. Cela sonne comme un terrible désaveu pour Saad Eddine El Otmani, déjà fragilisé par les guerres intestines.
 
Ce qui nous autorise à penser qu’à l’approche du grand oral de tous les partis du pays, le PJD, après une décennie au pouvoir, ne fait plus le poids. Ce qui explique que certains préfèrent partir « la tête haute », avant la débâcle annoncée du parti islamiste dans les prochaines législatives.
 
Une attitude jugée comme un abandon du navire PJD qui coule, à un moment où le parti essaie de colmater les brèches, coûte que coûte. Quoi qu’il en soit, ces deux départs peuvent en cacher d’autres dans les prochaines semaines. On attend et on verra.  
 
 
 

Par Abdelhak Najib. Écrivain-journaliste.

 

 

 

 
 

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