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Le nouveau couac franco-marocain !

Le nouveau couac franco-marocain !

Décidément, la relation entre la France et le Maroc est condamnée à une série de couacs qui révèlent la profondeur de la crise qu’elle traverse.

 

Par Mustapha Tossa, journaliste et politologue.

Dernier en date, la sortie de la ministre des Affaires étrangères française, Catherine Colonna, annonçant presque une visite d’Etat du Président Emmanuel Macron au Maroc pour l’été prochain. Le démenti marocain est tombé aussi sec que tranchant : cette visite n’est ni à l’ordre du jour, ni programmée.
 
Cet échange diplomatique en forme de punchline nous rappelle étrangement celui où le Président Macron s’était hasardé à broder sur la qualité des relations entre Paris et Rabat : «Ma volonté est d'avancer avec le Maroc, Sa Majesté le Roi le sait, nous avons plusieurs discussions, les relations personnelles sont amicales, elles le demeureront». Le couperet glacial était tombé avec la même clarté. Ces relations ne sont ni bonnes ni amicales, avait dit Rabat dans un rare et presque inédit exercice de franchise politique.
 
Depuis le début de cette crise entre la France et le Maroc, Catherine Colonna avait vêtu son costume de pompier pour tenter d’éteindre les divergences entre les deux pays. Son unique visite au Maroc depuis qu’elle a été nommée au Quai d’Orsay, a eu lieu en décembre 2022. Déjà à l’époque, Catherine Colonna avait un discours sur le Maroc en décalage avec le discours de défiance perceptible du côté de l’Elysée et de ses proches au Parlement européen dont l’activisme passionné pour monter une cabale au Maroc ont jeté l’huile sur le feu.
 
Récemment, alors que les médias français se sont interrogés à haute voix sur les raisons qui expliquent que les aides françaises ont été poliment laissées dans les hangars de l’Hexagone, suscitant une lourde atmosphère de crise entre les deux pays, c’est Catherine Colonna qui est montée au créneau pour tenter de tuer ces polémiques dans l’œuf, en évoquant à plusieurs reprises la souveraineté d’un pays à choisir le casting des pays dont il accepte l’aide et sa totale liberté de l’organiser comme il l’entend.
 
La dernière interview de Catherine Colonna à la chaîne d’information continue, enregistrée en Égypte dans un salon marocain offert par la diplomatie marocaine à la Ligue arabe, fait partie de ces tentatives françaises de vendre un sentiment de normalité dans les relations entre la France et le Maroc alors que tout indique que le fossé entre eux est en train de s’élargir dangereusement.
 
Le nœud de la problématique franco-marocaine et qui donne lieu à ces péripéties, est que la diplomatie française s’est enfermée dans une logique de déni de cette crise avec le Maroc. Il est vrai qu’Emmanuel Macron a fini par reconnaître récemment que les relations entre les deux pays ne sont pas au niveau où elles devraient être et qu’il réfléchit à un agenda de relance. Mais cela n’est pas suffisant pour donner une nouvelle dynamique à ces relations.
 
Pour Rabat, les termes de cette crise sont d’une clarté limpide. Le Maroc a demandé à la France de reconnaître officiellement la souveraineté du Maroc sur ses provinces sahariennes, comme l’ont déjà fait de nombreux pays amis et alliés. Plus le temps passe, plus l’hésitation française interroge. Qu’est-ce qui empêche un pays aussi proche que la France de reconnaître la marocanité du Sahara ?
 
Ce refus français montre clairement que la diplomatie française s’est engagée auprès du régime algérien, parrain militaire et financier du polisario, à ne pas procéder à cette reconnaissance officielle sur le modèle américain. Emmanuel Macron donne cette vague impression d’avoir les mains liées sur un sujet crucial pour la paix et la stabilité de la région.
 
Le positionnement marocain à l’égard de Paris est la traduction de la position royale exprimée sur le fameux  prisme à travers lequel le Maroc traite son environnement international et établit ses partenariats et ses alliances. Déjà à l’époque, le message adressé à Paris était sans équivoque :  «S’agissant de certains pays comptant parmi nos partenaires, traditionnels ou nouveaux, dont les positions sur l'affaire du Sahara sont ambigües, Nous attendons qu’ils clarifient et revoient le fond de leur positionnement, d’une manière qui ne prête à aucune équivoque».
 
Aujourd’hui tout semble indiquer que le Maroc ne pourra pas établir une relation diplomatique normale et un partenariat stratégique relancé avec Paris tant que la diplomatie française ne sorte de l’ambiguïté de sa position sur le Sahara marocain et affiche clairement son soutien à sa souveraineté sur ses  provinces du Sud.

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