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J'ai mal en Ma-Palestine

J'ai mal en Ma-Palestine

J’ai mal en « Ma-Palestine». Ma-Palestine me fait mal.

Je m’en suis plaint à un vague ami, qui m’a indifféremment appris que Ma-Palestine ne lui cause aucun malaise et que personne n’en souffre.

Mais, cela, je le savais déjà : ma douleur, nul autre que moi ne la ressent. Ma-Palestine n’est pas à partager, pas plus que ma peine. Sauf que j’ai le droit d’avoir mal, comme j’ai le droit de le dire.

Ma-Palestine est ma défaite originelle, celle en moi qui se moque de mes autres défaites.

Elle se moque de mes petits combats vains et vides de sens, face à l’amour, face à la bêtise humaine et face à la haine. Et elle se moque de cette nouvelle défaite, cette défaite de plus, cette autre défaite.

Et comme toutes les autres, cette défaite sera mal gérée et chargée de maladresse, me livrant au gout amer de la colère, à la rivalité malsaine, à la haine douce et au silence terminal.

Ma-Palestine est ma nostalgie existentielle d’éden. Le souvenir d’un paradis premier et la promesse d’une terre entière.

Ma-Palestine est le passé à venir et le présent perpétuellement différé, ma cause perdue et ce grand espoir.

Ma-Palestine m’habite et je suis la terre de ces héros en exil, hors de leur terre, exilés en moi, ces héros que je ne suis pas.

J’ai l’histoire de tous ces héros morts pour une victoire, morts en gloire et qui m’habitent.

J’ai un récit à trahir, où les deux sont à conter : le héros et le lâche, l’homme libre et le diable, le vrai et le faux, l’oppressant et l’oppresseur.

Ma-Palestine est un seul et unique récit que se disputent deux narrateurs.

Ma-Palestine est une idée, un symbole. L’idée d’une victoire dans la défaite et le symbole d’une résistance ontologique.

Ma-Palestine est un jet de pierres et une grande prière, les mains en action et le cœur encore battant, d’amour et de paix.

Ma-Palestine est une attitude, une grille de lecture, une façon de vivre et une manière de faire.

À chacun son mal et ce mal en moi m’appartient, je le porte et le supporte. Ma-Palestine me fait mal et le monde s’en moque.

C’est une défaite de plus, une autre défaite, et Ma-Palestine s’en moque.

 

Par Hachimi Alaoui, professeur d'économie monétaire et directeur d'équipe de recherche

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