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Chercheurs de trésor : La quête de l’or au bord de l’océan Atlantique

Chercheurs de trésor : La quête de l’or au bord de l’océan Atlantique

Première semaine du mois de Ramadan. Quand tout le monde est occupé à courir dans la ville, certains filent très tôt vers les plages de Ain Diab. Ils y vont à pied et savourent la beauté du jour naissant.

 

Par Abdelhak Najib, Écrivain-journaliste

Il fait très beau. Ciel bleu. Journée limpide. La mer est calme. De petites vagues viennent lécher le sable, en fin de course. Pourtant, peu de baigneurs. C’est normal, ce n’est pas le week-end. Juste quelques footballeurs, des femmes avec leurs chiens, qui courent sur le sable mouillé. Au loin, quelques marcheurs isolés en quête de quelque instant de solitude. Vide, peu fréquentée, Aïn Diab s’avère une belle baie. Une belle plage, sauf quelques détritus. Mais pour le paysage et le cadre, c’est une magnifique plage.

C’est là que Ibrahim et Ahmed fouillent le sable depuis trois mois. Ils trimballent un engin qui fait un drôle de bruit au contact du sable. C’est un détecteur de métaux, qu’ils ont acheté pas cher à un Français qui habite à Dar Bouazza : «il nous l’a presque cédé pour rien. C’est un chic type. Le Français était un grand chercheur de pièces sur toutes les plages du Maroc. Il a été jusqu’au Sahara pour trouver des trucs. C’est un fou ce mec. Mais nous, on a appris comment manier cet engin et on se fait la main ici à Aïn Diab. Parfois, on va de l’autre côté, vers Zenata, Ain Sebaâ. On ne sait jamais. Quand on entend parler d’un type qui a trouvé une pièce quelque part, on va sur le lieu et on tente notre chance», explique Driss, convaincu qu’un jour il va décrocher le jackpot.

Si l'on en croit ce qui se dit entre rumeurs et vraies-fausses vérités, il y aurait des gars qui ont trouvé des pièces anciennes. Ils les auraient revendues au prix fort : «je ne l’ai pas vu cet homme, mais d’autres personnes nous affirment qu’ils ont vu la pièce. C’est une pièce espagnole qui date de plus de 200 ans. On dit qu’il l’a revendue à un musée. Il a touché beaucoup de millions pour cela. Mais il a cherché pendant plus de deux ans, tous les jours».  C’est vrai. Ce travail peut être fastidieux. Chaque jour, du matin à la tombée de la nuit, penché, les yeux rivés sur le sable à chercher. Et il faut s’appliquer. On ne balaye pas le sol sablonneux à la va-vite. Non, il faut prendre son temps. Doucement. Scruter chaque parcelle avec beaucoup de minutie. Et surtout une bonne dose de calme. «Depuis deux mois, avec mon ami, on vient ici tous les jours à 6 heures du matin. Il n’y a pas un chien qui rôde dans les parages. On se met à arpenter la baie du mausolée du saint là-bas, à l’arrière de la piscine Miami. Il faut prendre son temps. Les pièces peuvent être enfouies profondément dans le sable. Si on marche vite, on peut louper la chance de devenir riche».

A la question, est-ce qu’un jour vous allez trouver la pièce rare ?  Les deux compères répondent de concert, une lumière soudaine dans le regard : «tu peux en être sûr, on va trouver. C’est sûr. Tout le monde finit par trouver. C’est un métier de longue haleine. Il faut beaucoup de patience. Mais je sais qu’un jour, cette plage ou une autre me rendra riche».

On a demandé aux deux chercheurs de trésors combien sont-ils à prospecter dans ce périmètre. La réponse est surprenante: «une centaine au moins. Mais chacun vient à son heure. Certains attendant le soir avant le coucher du soleil. D’autres viennent ici à l’aube avec les pêcheurs. Chacun sa tactique. Chacun sa technique. Nous on aime quand la marée est basse, et surtout pour des raisons de sécurité on préfère bosser le jour. On ne sait jamais, on trouve la pièce et quelqu’un vient nous la prendre en nous zigouillant. Tout peut arriver. Faut pas croire que c’est un métier peinard. On les voit pas d’ici, mais il y a des gars qui guettent de loin et surveillent tout ce qu’on fait».

Paranoïa de chercheurs d’or ? Vraie peur de se faire lyncher le matin très tôt par d’autres chercheurs ? On ne saura jamais. Sauf que ce type de recherche est toléré par les autorités. «La police nous voit, mais on ne fait aucun mal. On cherche quelque chose sur une plage. On fait ce qu’il faut et on ne dérange jamais personne. On se fait petits et discrets et la police nous laisse tranquilles. En tout cas, quand on trouve une pièce, on est obligés d’aller la déclarer  pour la revendre à un musée», affirme Ibrahim, sûr de ce qu’il dit. 

Sauf que ce métier ouvre grandes les portes aux trafics et autres contrebandes. Ibrahim lui-même raconte que certains chercheurs ont eu recours à des receleurs, des intermédiaires, des collectionneurs pour des prix assez alléchants. Pièces anciennes en argent, morceaux de bijoux en or ou en argent, pièces françaises, pièces de monnaie marocaines anciennes, monnaies espagnoles et portugaises, il y a de tout sur les plages du Maroc.  Quand on a la passion d’un chercheur de trésor, il faut juste débourser quelques centaines de dirhams pour acquérir un détecteur de métaux et aller marcher sur le sable en évitant les cris des sirènes, et surtout les rumeurs des marchands de sable. 

 

 

 

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