Le Maroc égrène ses morts. La situation n’est pas préoccupante, mais plutôt très grave.
Entre le 3 et le 10 août, le Maroc a comptabilisé 8.526 nouvelles contaminations à la Covid-19 et 134 décès.
La montée en flèche des contaminations et des cas critiques liés à la pandémie de la Covid-19 depuis que le Royaume a décidé de déconfiner la population, est en train de ruiner tous les efforts auparavant consentis par les autorités.
Et au regard de la situation actuelle, l’on s’interroge légitimement sur le sens de toutes les mesures restrictives qui avaient été prises et auxquelles la collectivité avait adhéré sans broncher, avec civisme et un haut sens de la responsabilité.
Le constat, aujourd’hui, est très amer. Entre le 3 et le 10 août, le Maroc a comptabilisé 8.526 nouvelles contaminations à la Covid-19 et 134 décès, portant le bilan total des cas confirmés à 34.063 pour 516 décès. Le bilan est très lourd.
Si, au plus haut de cette crise sanitaire, le Maroc était cité en exemple pour sa gestion efficace de cette pandémie, actuellement, force est d’admettre que le déconfinement est un cuisant échec.
Avec comme conséquences le durcissement des mesures de restriction dans certaines villes comme Tanger, Fès et Asilah, le renforcement des contrôles pour s’assurer du respect des gestes barrières et de nouvelles dispositions pour mieux gérer les structures sanitaires du pays qui commencent à être saturées.
C’est dans ce cadre d’ailleurs qu’il a été décidé la prise en charge à domicile des malades atteints de la Covid-19. «(…) Il y a beaucoup de personnes qui n’arrivent pas à être hospitalisées pour la simple raison que les centres hospitaliers sont trop chargés.
Ils prennent en charge principalement des urgences, des cas de la Covid-19 qui arrivent en masse», nous confiait à ce propos Dr Abdelkrim Meziane Bellefquih, chef de division de lutte contre les maladies transmissibles au ministère de la Santé.
Selon lui, «c’est la situation épidémiologique et la recrudescence des chiffres qui nous ont incités à prendre cette décision.
Le taux élevé d’occupation des structures hospitalières et de celles dédiées à la réanimation sont les principaux facteurs qui ont motivé le changement de la prise en charge».
Une situation qui explique, également, le sérieux camouflet reçu par le Royaume de la part de l’Union européenne. Car, depuis le vendredi 7 août, le Maroc a été retiré de la liste des pays exemptés de restrictions de voyage à cause d’une recrudescence des cas de contagions par la covid-19.
A qui incombe alors la responsabilité de cette débâcle post-confinement ?
On ne peut blâmer les autorités pour avoir «rendu leur liberté» aux citoyens. Citoyens qui ont exprimé leur ras-le-bol suite à un confinement qui a duré presque 3 mois.
On ne peut leur en vouloir non plus d’avoir voulu relancer une économie nationale à genou, asphyxiée et prise d’asthénie à cause de l’arrêt de l’outil productif.
En définitive, on ne peut actuellement en vouloir qu’aux citoyens.
Car, en l’absence de vaccin, le seul remède contre la Covid-19 reste le comportement responsable de chaque individu au sein de la collectivité, à travers notamment le respect des mesures barrières.
Sauf que, comme nous l’avions tantôt écrit, règne à ce niveau un «je m’en foutisme» déconcertant et une quasi indifférence face à virus qui endeuille encore plusieurs familles.
Dans les rues, dans les souks…, la vie sociale normale a repris son cours en ces temps anormaux : on se sert la main, on se fait des accolades et les masques pendouillent anarchiquement, servant davantage de serre-cou que de cache-nez.
Oui, les citoyens se promènent quasiment tous avec des masques… inutiles.
Non pas pour se protéger et protéger les autres, mais juste pour passer entre les mailles des contrôles. Et quels contrôles ?
Il a été ainsi donné à La Quotidienne d’assister, il y a quelques jours, à une descente soi-disant inopinée à Derb Ghallef. Caméra à la main, les agents d’autorité filmaient les contrôles qu’ils effectuaient auprès des commerçants et clients dans ce marché qui grouille de monde. Mais tout cela n’était qu’une jolie mascarade.
«Ceux qui font les contrôles sont des gens qui habitent le quartier et que nous connaissons très bien. Quelques minutes auparavant, nous avons été informés par des personnes envoyées par le moqqadem qu’il y aurait un contrôle et qu’il fallait que nous mettions nos masques», nous confie un vendeur.
«En filmant ces opérations mises en scène, le moqqadem veut ainsi montrer que les mesures sanitaires édictées par les autorités sont respectées dans son quartier», conclut-il.
Face à ce laxisme outrancier doublé de triche, pas étonnant que les cas de contamination augmentent, d’autant que l’on entretient de façon irresponsable les sources de propagation du coronavirus. Il ne serait tout autant pas étonnant de voir les autorités durcir davantage les mesures de restrictions dans certaines villes.
D. William