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Covid-19: Le Maroc sous la menace d’une nouvelle vague en hiver

Covid-19: Le Maroc sous la menace d’une nouvelle vague en hiver

Pour certains professionnels de santé, une nouvelle poussée épidémique au Maroc, fin décembre, est inévitable.

En voici les principales raisons.

 

Par D. William

 

 

Le Maroc se prépare à une nouvelle vague de contaminations. Et ce, pour deux raisons principales. Primo : toutes les études publiées jusqu’à présent laissent penser que la baisse des températures est un élément qui favorise la propagation du coronavirus. En cela, avec l’hiver qui approche, le risque est donc grand de voir exploser la transmission du virus. Secundo : la situation sanitaire se dégrade de façon très préoccupante en Europe, devenue l’épicentre de l’épidémie.

L’arrivée de l’hiver et le contexte sanitaire international qui se dégradent, poussent donc les autorités marocaines à la vigilance, à un moment caractérisé par l’allègement des restrictions sur le plan national, dont notamment la levée du couvre-feu nocturne. C’est pourquoi elles ont décidé de durcir l’accès au territoire national. Outre le pass sanitaire obligatoire et des tests PCR négatifs pour les personnes en provenance des pays de la liste B, il sera procédé, à l'arrivée au Maroc, à un double contrôle, par caméras thermiques et thermomètres électroniques ainsi que par tests antigéniques.

De même, des équipes médicales composées de plusieurs médecins seront déployées dans l'ensemble des ports et aéroports du Royaume. Ainsi, tout passager testé positif à l’arrivée au Maroc ne pourra pas accéder au territoire national. Il devra retourner immédiatement au pays de provenance à la charge totale de la compagnie de transport aérien ou maritime, à l’exception des personnes disposant d'une résidence permanente au Maroc.

Ce nouveau tour de vis et les mesures encore en vigueur (pass obligatoire, fermeture des espaces abritant les grands rassemblements ou ceux enregistrant une affluence d'un grand nombre de citoyens…) constituerontils cependant un rempart hermétique contre une nouvelle vague épidémique au Maroc ? La réponse du Dr. Tayeb Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé, est formelle : «une vague durant cette saison hivernale au Maroc est inévitable».

Pour étayer ses propos, Hamdi explique que «pour toutes les maladies virales en général, qui se transmettent par voie respiratoire, aérienne…, il y a une accentuation de la propagation en hiver et une réduction pendant l’été et le printemps. Cette relation avec le climat est confirmée, même si sur le plan scientifique nous ne disposons que d’hypothèses pour expliquer cela». Par ailleurs, poursuit-il, «l’immunité du corps humain est affaiblie durant la saison hivernale par rapport à l’été et le printemps.

De même, pendant l’hiver, nous avons tendance à rester dans des espaces clos, qui constituent un environnement propice à la propagation du virus, alors que durant le printemps et l’été, les journées sont plus longues et nous passons le maximum de temps à l’extérieur». Selon Hamdi, «tout cela est vrai tant pour le coronavirus que pour les autres infections qui ont le même mode de transmission». D’ailleurs, insiste-t-il, «ce qui se passe en Europe en ce moment vient confirmer ce que nous avions prévu. En Europe, il y a une 5ème vague qui n’est pas due, cette foisci, au variant, mais plutôt à la saison froide». «Maintenant, puisque l’Europe est en avance sur nous d’un mois sur la saison froide, il faut s’attendre vers fin décembre à une nouvelle vague au Maroc», avertit notre interlocuteur.

L’analyse du Pr Saïd Motaouakkil, anesthésiste - réanimateur et membre du Comité national technique et scientifique, va dans le même sens. «A l'instar de ce qui se passe actuellement en Europe, il est probable que cette vague nous touche aussi dans les mois à venir, d'autant plus que nous sommes dans une période automnale et bientôt hivernale», explique-t-il. «Nous savons que dans les périodes froides de l'année, il existe un fléchissement de l'immunité qui est propice à la survenue d'affections virales à tropisme respiratoire, et notamment la Covid-19 et la grippe», fait-il observer. C’est pourquoi Motaouakkil insiste sur «la nécessité de respecter les mesures barrières, la vaccination antiCovid-19, la vaccination antigrippale et l'urgence du traitement dès l'apparition des premiers symptômes de ces maladies, surtout si on présente des facteurs de risque».

Pour sa part, Tayeb Hamdi, qui avait appelé il y a cinq à six semaines à accélérer la vaccination, incite les personnes âgées de 50 ans et plus atteintes de maladies chroniques à recevoir leur troisième dose. Il faut rappeler que le Maroc a réussi à donner un coup de fouet à sa campagne de vaccination grâce au pass vaccinal obligatoire instauré le 21 octobre dernier.

Au 16 novembre, 24.373.815 personnes sont vaccinées, dont 22.460.518 sujets ayant reçu leur deuxième dose et 1.586.991 doses de rappel injectées. Actuellement, le Royaume arrive en tête des pays africains ayant acquis et administré le plus de doses de vaccins anti-Covid-19 à leur population.

Depuis quelques jours cependant, la campagne de vaccination tourne au ralenti, certains citoyens se montrant très récalcitrants, ce qui retarde l’immunité collective. Reste à savoir maintenant quelles restrictions mettront en place les autorités en cas de nouvelle vague épidémique. Limitation des déplacements ? Rétablissement du couvre-feu nocturne ? Ou, mesures plus drastiques, confinement des non-vaccinés comme l’a fait l’Autriche ?

 

La fièvre monte en Europe, les restrictions reviennent
La poussée épidémique en Europe s’est accompagnée d’un retour des restrictions dans de nombreux pays. L’Allemagne, confrontée à une nouvelle vague sévère depuis quelques semaines, avec 50.000 cas/jour, se prépare à un retour massif au télétravail pour tenter de limiter la propagation du virus. Les autorités envisagent également de limiter l'accès à certains événements aux personnes vaccinées ou à celles qui ont guéri de la maladie et peuvent présenter un test négatif. L’Autriche a choisi de son côté de confiner les non-vaccinés ou non guéris du coronavirus. Aux Pays-Bas, commerces essentiels, bars et restaurants baissent désormais le rideau à 20H, en plus de l’interdiction des manifestations publiques et de l’accès des supporters aux stades. En Norvège, les communes peuvent désormais recourir au pass sanitaire. En France, au taux de reproduction qui se situe à 1,2, s’ajoute un taux d’incidence en augmentation dans toutes les régions. Avec une moyenne quotidienne de plus de 10.000 nouveaux cas, il a été décidé de réinstaurer le port du masque obligatoire à l'école primaire sur tout le territoire et de renforcer les contrôles aux frontières avec plusieurs pays. La Russie, où seuls 35% de la population sont vaccinés, fait face à une hécatombe avec une moyenne de 1.000 décès par jour. Face à cette surmortalité, les autorités veulent imposer des pass sanitaires stricts. Bref, globalement, la remontée de la circulation virale reste très inquiétante, comme l’a constaté d’ailleurs l’Organisation mondiale de la santé, qui estime que «si nous restons sur cette trajectoire, nous pourrions voir un autre demi-million de décès dus à la Covid-19 dans la région d’ici février».

 

 

 

 

 

 

 

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