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Feuilleton de l’été. Le fléau des drogues au Maroc : Tranches de vie quotidienne

Feuilleton de l’été. Le fléau des drogues au Maroc : Tranches de vie quotidienne

Dans ce feuilleton d’été, nous avons décidé de nous pencher sur les ravages des drogues dans notre pays et des dégâts terribles qui frappent de plein fouet notre société, dans toutes ses composantes et couches sociales. Tout au long de ce mois d’août, nous allons vous raconter des histoires de vie, des tranches de combat et de perdition. Une lutte entre espoir et désespérance pour des jeunes qui se sont fait prendre dans les rets des drogues et qui n’arrivent pas à s’en sortir.

Cannabis, ecstasy, Poufa, crack, cocaïne, psychotropes, alcools de tous genres et frelatés fourgués pignon sur rue…, les drogues sévissent dans de nombreux quartiers, partout au Maroc, avec des produits extrêmement dangereux provocant hystérie, accès maniaque, épisodes psychotiques allant jusqu’au crime, la mort et/ ou le suicide.

Pour les besoins de ce feuilleton tragique, j’ai rencontré plusieurs jeunes, des garçons et des filles, âgés de 15 à 21 ans, des enfants de certaines connaissances, des étudiants, des chômeurs, des désœuvrés, des adolescents en rupture de ban. Ils m’ont raconté dans le détail leur calvaire au quotidien pour trouver de quoi se payer une dose et/ou un moyen, pour ceux qui ont vraiment décidé de s’en sortir et de se soigner, faisant appel à des psychiatres et des addictologues, dans des unités de soins dédiées.

Imaginez un gamin de 14 ans, qui est déjà accro aux joints et au crack. Pas une journée qui passe sans qu’il soit dans les vapeurs éthérées de sa drogue. Plus de vie de famille, plus d’école, sale, ne se lavant plus, ne mangeant presque plus rien, vivant presque dans la rue avec des amis, eux aussi drogués, à squatter la terrasse d’un copain ou dans des jardins, à rouler des joints et à fumer du crack. D’autres, à peine plus âgés, ont franchi un palier. Ils ont déjà atteint le stade des psychotropes qu’ils mélangent à l’alcool et au haschich. Ceux-là font vivre leurs familles dans des cauchemars en continu. Sans le moindre répit. Conflits à répétition, scènes de bagarres avec les parents au sein du foyer familial, des crises d’hystérie pour les obliger à leur donner de quoi se payer leurs pilules. Certains en sont déjà à se mutiler, à se balafrer, pris dans la tourmente du poison qu’ils avalent et qui leur fait perdre toute conscience.

C’est le cas de Ali, qui a déjà fait deux tentatives de suicide pour obliger ses parents à lui payer ses drogues. Sa vie se résume à des bagarres, de longues heures dans le coaltar, des crises, des cravings (épisodes de manque intense) et des larmes, de la culpabilité et une grande forme d’auto-victimisation : «mes parents n’ont rien fait pour moi. Ils ne me comprennent pas. C’est à cause d’eux que je suis comme ça». C’est presque une constante chez tous ces jeunes qui sont en proie à la consommation des drogues. Ils sont dans le déni. Et ils en veulent à la terre entière.

Les choses peuvent aller plus loin et atteindre des extrêmes avec la consommation de plus en plus accrue de drogues et les jours qui s’accumulent avec leur lot de rage, de colère et d’amertume.

On s’en souvient encore de ces drames horribles de jeunes sous l’emprise des psychotropes qui ont décimé leur famille entière sans se rappeler le moindre détail du carnage. Des situations extrêmes comme celles-ci peuvent très vite avoir lieu. Il suffit d’un rien pour franchir l’irréversible et commettre l’irréparable.

Pour Ali, malgré l’horreur de l’enfer des drogues, il y a de l’espoir. Une amie de la famille l’a fait admettre dans une clinique spécialisée. Il est suivi par une équipe de professionnels qui font tout pour l’aider à s’en sortir et à retrouver une vie normale. C’est tout le mal qu’on lui souhaite.

 

 

Par Abdelhak Najib

Écrivain-journaliste

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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