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Entretien / Covid-19 : Voici les conditions pour l’hospitalisation à domicile

Entretien / Covid-19 : Voici les conditions pour l’hospitalisation à domicile

 

Dr Abdelkrim Meziane Bellefquih, Chef de division de lutte contre les  maladies transmissibles au ministère de la Santé, nous explique le processus de prise en charge à domicile des malades atteints de la Covid-19. 

 

La Quotidienne : Pourquoi le ministère de la santé souhaite-il instaurer l’hospitalisation à domicile ?  

Dr Abdelkrim Meziane Bellefquih : Le ministère de la Santé a en effet lancé, hier, une circulaire, qui consiste en une nouvelle organisation de prise en charge des patients atteints de la Covid-19. La nouveauté, c’est que les porteurs de virus asymptomatiques, peuvent dorénavant être hospitalisés à domicile. C’est la grande différence avec la prise en charge actuelle.

Cette décision est une proposition du Comité scientifique et technique, qui accompagne le ministre de la Santé dans la prise des décisions. C’est aussi une exigence de la nouvelle donne de la situation épidémiologique dans notre pays qui est caractérisée, ces deux dernières semaines, par une augmentation importante du nombre de cas, une croissance de la charge des patients actifs qui sont hospitalisés au niveau des structures hospitalières.

Mais malheureusement aussi, un certain nombre de cas hospitalisés dans un état critique et, par conséquent, un certain nombre de décès quotidien qui augmente de plus en plus. 

L’objectif de cette décision est, dans un premier temps, de diminuer la pression sur les hôpitaux du ministère de la Santé pour pouvoir ensuite concentrer les efforts des équipes médicales et de la prise en charge des cas graves, notamment des cas admis en réanimation. 

Le 3ème objectif est de permettre aux hôpitaux d’élargir leur éventail de service et de retrouver cette mission de polyvalence et de globalité parce qu’il y a beaucoup de personnes qui n’arrivent pas à être hospitalisées pour la simple raison que les centres hospitaliers sont trop chargés. Ils prennent en charge principalement des urgences, des cas de la Covid-19 qui arrivent en masse. 

Enfin, nous sommes en pleine période estivale, qui demande une bonne gestion des ressources humaines, parce que le virus va perdurer plusieurs mois. Il faut donc savoir gérer les effectifs et autoriser de petites phases de récupération avant d’aborder la rentrée en septembre. 

 

La Quotidienne : Quels sont les critères de choix de ces personnes ?

Dr AMB : Le mode d’hospitalisation ou de prise en charge à domicile est destiné aux personnes qui sont porteuses du virus mais qui n’ont pas de symptômes apparents. La première condition est que le porteur du virus n’a pas de symptômes, et qu'il est âgé de moins de 65 ans.

Troisièmement, il ne faut pas avoir un facteur de risque, car les facteurs de risque sont des situations médicales qui entraînent une augmentation de la complication et, par conséquent, cela engendre la mortalité ou la létalité.

Pour bénéficier de ce mode d’hospitalisation,  le patient ne doit être  ni diabétique, ni tendu ni porteur d’une pathologie chronique ou cancéreuse. Ni même être sous traitement pour une longue durée car cela altère la guérison. Après les conditions médicales et sanitaires, c'est au tour maintenant des conditions d’hébergement.

En effet, pour le bien-être de la personne prise en charge, il faut absolument avoir une chambre individuelle pour éviter toute contamination avec les autres membres de la famille. La possibilité d’avoir un sanitaire isolé est fortement recommandée, et il vaut mieux ne pas être avec des parents qui sont âgés de 65-70 ans  et  qui  sont porteurs d’un facteur de risque. 

En tout cas, il y a une petite commission au niveau du Centre de santé du quartier, qui va s'entretenir avec le patient pour s'assurer qu’il est disposé à se faire soigner chez lui. Aussi, s’il remplit toutes les conditions d’hébergement et  s’il est conscient de la responsabilité qui lui incombe. A ce moment, l'automédication chez-soi peut commencer.

 

La Quotidienne : N'y a t-il pas un risque de création de foyers épidémiologiques, compte tenu du nombre de personnes qui vivent sous le même toit ?

Dr AMB : En épidémiologie et en maladies contagieuses, il y a toujours un risque. Et comme vous le savez, le risque zéro n’existe pas. Mais vu toutes les conditions que nous avons mises en place, tous les engagements  que nous avons  sécurisés avec les différents intervenants, ont pour but de réduire au maximum ce risque de contamination.

Il y a donc d’une part, de l’autorité sanitaire et, d’une autre part, la responsabilité  du patient  qui sera hospitalisé chez lui. Ce dernier doit participer à l’aboutissement de cette nouvelle option.

 

La Quotidienne : Le timing de cette décision après Aïd el-Adha est-il opportun ?

Dr AMB : C’est la situation épidémiologique et la recrudescence des chiffres qui nous ont incité à prendre cette décision. Le taux élevé d’occupation des structures hospitalières et de celles dédiées à la réanimation sont les principaux facteurs qui ont motivé le changement de la prise en charge. 

Concernant le timing, nous savions qu’à l’occasion de l’Aïd, nous allions recevoir un nombre de cas très important et nous continuerons à en recevoir pendant les 4 jours à venir.

 Cela nous renseigne sur les mesures barrières mises en place à respecter. La prévention évite la mortalité et les cas compliqués. Le port permanent du masque, le respect de la distanciation et le lavage des mains avec bien sûr le téléchargement et l’activation de l’application Wiqaytna nous aident à délimiter plus rapidement la liste des contacts afin de prendre en charge les contaminés.  

 


Propos recueillis par I.Z

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