Société Tout voir

«L’Afrique prend son élan vers sa souveraineté sanitaire»

«L’Afrique prend son élan vers sa souveraineté sanitaire»

Interview du Docteur Imane Kendili, vice-présidente de la Première conférence africaine sur la réduction des risques en santé. 

Propos recueillis 
par Abdelhak Najib 

En marge des travaux de la première conférence africaine sur la réduction des risques en santé, qui s’est tenue à Marrakech du 16 au 18 novembre 2022, la présidente de MAPA, partenaire du ministère de la Santé et de la Protection sociale, docteur Imane Kendili, revient ici sur cette première mondiale qui pose les jalons d’une politique africaine commune dans les domaines de la santé et de la protection des populations. 

Laquotidienne : Cette première conférence a tenu toutes ses promesses. Elle a dépassé le continent africain pour poser les assises d’une réflexion mondiale sur les urgences sanitaires. 

Docteur Imane Kendili : Absolument. Et c’est tout à fait naturel pour un événement de cette ampleur, qui a été mis sur pied sous le Haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, avec un travail exemplaire réalisé par le ministère de la Santé et de la Protection sociale en partenariat avec MAPA (Association marocaine de médecine addictive et pathologies associées). Cette première conférence africaine sur la réduction des risques en Afrique, avec la participation d’un panel important de grands chercheurs venus de tous les continents du globe, des scientifiques, des médecins, des hommes politiques, des représentants d’ONG internationales et des diplomates a effectivement dépassé les frontières continentales pour faire le point sur les réalités de la santé en Afrique et dans le monde et pour la mise en marche d’une politique sanitaire globale et commune aux pays africains pour faire face aux dangers et aux crises sanitaires, humaines, sociales, politiques et économiques qui nous guettent. 

Laquotidienne : Le Maroc a bien montré lors de ces trois jours de travaux que c’est un véritable leader régional. 

Dr I. K : Tout à fait. De l’avis de tout un continent, les actions et les initiatives du Royaume du Maroc en Afrique sont le résultat évident d’une vision politique bien pensée, sérieusement réfléchie et conçue avec raison, humanisme et pragmatisme par le Roi du Maroc, Sa Majesté Mohammed VI, qui a, depuis son intronisation, il y a 23 ans, a amorcé une nouvelle approche géopolitique et géostratégique, dans une équation de partenariat Sud-Sud, que le Souverain mène avec de grands succès, avec plus de 50 voyages dans différentes régions de l’Afrique, des déplacements tous couronnés par la signature de centaines de conventions et d’accords qui placent aujourd’hui le Maroc comme l’un des piliers de l’Afrique, un véritable leader régional qui œuvre pour le progrès et l’essor de cette Afrique si riche en potentiel, si diversifiée, si ancrée dans son histoire avec une réelle volonté de devenir un véritable pôle économique mondial. Toute cette politique visionnaire et éclairée se répercute également et de manière efficiente dans les domaines de la santé publique dans lesquels le Maroc joue un rôle de premier ordre non seulement en Afrique de l’Ouest, mais aussi en Afrique de l’Est, dans le Maghreb, dans le Sahel, avec une véritable présence, avec des projets sanitaires novateurs, avec la construction d’hôpitaux, de cliniques, d’unités de soins, avec la formation des médecins dans différentes disciplines mettant à profit toute l’expertise marocaine et toute la maîtrise de notre médecine qui, soulignons-le, peut se targuer d’avoir réalisé des avancées considérables dans tous les domaines, avec des médecins de premier ordre, avec des chirurgiens mondialement connus, avec des professeurs de grand acabit qui prennent à cœur de transmettre le flambeau dans les pays africains frères. Le tout, sous-tendu par des campagnes de soins médicaux dans plusieurs pays africains, initiées par Sa Majesté le Roi, avec des initiatives uniques de dons de médicaments et d’équipements médicaux, sans oublier toutes les actions menées par le Maroc sous les Hautes directives du Roi Mohammed VI pour aider nos frères africains durant la pandémie du Covid-19, qui a montré à quel point, la coopération entre Africains est cruciale par temps de graves crises sanitaires et humanitaires, puisque ni l’Europe ni le reste du monde n’ont apporté tout le soutien que l’on attendait d’eux pour aider les populations africaines les plus défavorisées. 

Laquotidienne : C’est le même esprit et le même élan qui ont présidé aux travaux de cette grand-messe scientifique ? 

Dr I. K : Bien sûr, et ce à plus d’un égard. Car, sur ce registre, le Maroc, comme d’habitude, quand il s’agit d’actions humanitaires, a pris les devants et a donné corps à des ponts aériens d’approvisionnement pour aider les malades africains allant jusqu’à créer des hôpitaux de campagne pour limiter les dégâts aux tout premiers jours de la pandémie. Sans oublier les vaccins et le suivi médical en flux tendu pour plus d’efficacité et de résultats.   
Toute cette vision royale part d’une conviction qui ne souffre aucune ombre : l’Afrique, le continent qui a vu naître les humains, incarne aujourd’hui leur avenir. Riche à tous points de vue, avec un potentiel humain extraordinaire, l’Afrique est l’avenir certain de l’humanité, dans un monde de plus en plus clivé et conflictuel.
Aujourd’hui, cela se traduit par cette grande conférence qui a placé le Maroc au cœur des politiques de santé publique avec des recommandations et le travail continue pour la signature d’une charte africaine qui part du Maroc pour le bien de toute l’Afrique. 

Laquotidienne : Cette conférence arrive à point nommé dans une conjoncture mondiale qui demande des réactions et des actions concrètes. 

Dr I. K : Tout à fait. C’est dans ce sens que l’événement est de taille. Et que le timing est on ne peut plus actuel. Organiser aujourd’hui, au Maroc, à Marrakech, terre d’histoire aux racines africaines, la première conférence africaine sur la réduction des risques en santé, c’est prendre le pouls de notre continent qui fait face avec résistance et résilience face à de multiples crises, tout en inscrivant notre démarche dans une approche scientifique et médicale résolument tournée vers l’avenir de l’Afrique et des Africains. 
C’est là également une première mondiale, initiée par le Maroc et qui s’inscrit dans la vision clairvoyante de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, qui fait de la santé au Maroc et dans le continent africain une priorité nationale. 

Laquotidienne : Cela s’est vu avec cette pléiade de participants de plus de 60 pays. 

Dr I. K : En effet. C’est dans cet esprit que cette première conférence réunit un panel de choix, riche et diversifié, composé de scientifiques, de chercheurs, de médecins, de diplomates, de grandes figures politiques, avec plus de 100 intervenants, dans des domaines divers de santé publique, venus des quatre coins du monde, du Japon à la Nouvelle Zélande, de l’Afrique du Sud aux USA en passant par le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Tchad, l’Egypte, Kenya, le Mozambique, la Zambie, le Malawi, la Guinée Bissau, la Guinée Équatoriale, la Guinée, la Mauritanie, l’Ouganda, le Rwanda, le Nigeria, Israël, Bahrain, les Émirats Arabes Unis, la Corée du Sud, l’Arabie Saoudite, Singapour, la Turquie, l’Autriche, le Pakistan, le Liban, la Jordanie, la France, la Belgique, les Pays-Bas, la Suisse, l’Espagne, l’Italie, les Philippines, le Koweït, Qatar, l’Allemagne, l’Autriche, la Géorgie, le Royaume-Uni, l’Ethiopie, la Norvège, la Bulgarie, le Bénin, le Brésil, le Canada, le Cameroun, le Danemark, le Niger, la Pologne, le Portugal, la Tanzanie, l’Equateur… Ce sont là pas moins de 60 États et nations qui répondent présents pour donner corps à une vision africaine globale en termes de santé publique et de la prévision et de l’anticipation face à tous les aléas et autres intempéries qui nous guettent. Plus de 500 personnes sont réunies à Marrakech (Miguel Angel Moratinos, André Azoulay, Nasser Bourita, Khalid Ait Taleb, Fouzi Lekjaa, Ryad Mezzour, David Khayat,  Morgan Chetty, David Sweanor, Koleka Mlisana, Peter Harper, Solomon Rataemane, Audrey Azoulay et l’UNESCO, Amadou Mahatar Ba, Joseph Mendy, Tendai Mhizha, Yazushi tsuji, Recep Akdag, Tarik Safwate, Viviane Maneyeki, Rafael Castillo, Joel Sawa et des dizaines d’autres intervenants pour faire le bilan de plusieurs décennies de politiques sanitaires africaines qui ont toutes montré leurs limites surtout face à la pandémie du Covid-19 qui a levé le voile sur les lacunes, sur les approximations, sur les failles et les vulnérabilités multiples des systèmes de santé mondiaux.

Laquotidienne : Aujourd’hui, l’Afrique semble avoir décidé une bonne fois pour toutes de prendre son destin en main. 

Dr I. K : C’est aujourd’hui une évidence. C’est dire que l’Afrique doit aujourd’hui optimiser et capitaliser sur ces acquis pour jeter des ponts entre tous les pays africains, pour une vision commune de la santé dans le continent. Une région du monde qui est aujourd’hui désignée par les plus grands observateurs comme l’avenir du globe et où le Maroc joue un rôle de choix en termes de santé, d’économie et de politique sociale. 
Encore une fois ce n’est pas un hasard si cette première conférence internationale sur la santé en Afrique prend corps au Maroc, avec cette conviction que l’Afrique, le continent qui a vu naître les humains incarne aujourd’hui leur avenir. Riche à tous points de vue, avec un potentiel humain extraordinaire, l’Afrique est l’avenir certain de l’humanité, dans un monde de plus en plus clivé et conflictuel.
Une Afrique unie, une Afrique diversifiée, une Afrique qui prend son destin en main.

Articles qui pourraient vous intéresser

Lundi 25 Novembre 2024

L’AMO s’invite au Conseil de gouvernement

Lundi 25 Novembre 2024

Assurances : Les primes émises en hausse de 4,8% à fin septembre

Samedi 23 Novembre 2024

COP29 : Le Fonds pour les pertes et dommages officiellement opérationnel

S'inscrire à la Newsletter de La Quotidienne

* indicates required