Pour tous ceux qui en doutaient, Carlos Ghosn a dévoilé à la face du monde qu’il est doué.
Ce capitaine d’industrie, qui a mené avec brio le redressement de Nissan et fait de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi le premier constructeur automobile mondial, avec 10,5 millions de véhicules vendus en 2017, est doué pour les affaires. Mais aussi pour la grande évasion.
Ghosn a sorti de sa matière grise une intrigue aux relents très hollywoodiens pour fausser compagnie aux autorités judiciaires nippones le 29 décembre dernier.
Les scénaristes du pays de l’oncle Sam n’auraient fait mieux.
De façon très rocambolesque, il s’est fait la malle… dans une malle pour se retrouver au Liban.
Difficile d’imaginer que celui qui, en 2017, pouvait se targuer de toucher 43.800 euros par jour, ou si vous voulez 482.000 DH par jour, se retrouve tapi dans un caisson réservé au transport de matériels de sonorisation pour les concerts. En priant pour que sa fuite réussisse.
La fin justifie les moyens, nous dira-t-il certainement.
Il devient, en tout cas, avec ce retentissant bras d’honneur à la justice japonaise, le héros d’un feuilleton «politico-juridico-financier» dont les dernières lignes ne sont pas encore écrites.
Mais voilà, la vie de Carlos Ghosn ne sera désormais plus la même.
En se soustrayant de façon aussi spectaculaire à la vérité attendue dans le prétoire, il passe, dans certaines consciences, de présumé innocent à un délinquant en col blanc.
En ayant un mandat d’arrêt international émis par Interpol sur le dos, le désormais ex-magnat de l’automobile est dorénavant assimilé par certains à un malandrin des affaires en fuite.
Cette liberté (conditionnelle) a un goût bien amer.
La chute est brutale. Douloureuse. De la grandeur à la décadence, le fil de démarcation est très ténu.
Et cela nous renseigne sur une seule chose : rien n’est acquis dans cette vie.
Carlos Ghosn l’a certainement bien compris.
D. W.