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Cisjordanie : Une guerre meurtrière à bas bruit

Cisjordanie : Une guerre meurtrière à bas bruit

• La Cisjordanie et Gaza sont en première ligne d'une tragédie déchirante, où la vie humaine semble avoir perdu toute valeur, submergée par des vagues incessantes de violence.

• Les chiffres effroyables des Palestiniens tués imposent un regard critique sur cette réalité insoutenable qui se joue dans cette région.

Depuis le 7 octobre 2023, la Cisjordanie, territoire occupé depuis 1967 par Israël où vivent près de 500.000 Israéliens dans des colonies jugées illégales par le droit international, est devenue le théâtre d'opérations militaires régulières. A Jénine, considérée comme le bastion de la lutte armée palestinienne, résonnent les échos sinistres des frappes de Tsahal, menées avec une régularité déconcertante : Israël y a mené 27 raids, faisant 90 morts. 

Plus globalement, en Cisjordanie, au moins 367 Palestiniens, dont 94 enfants, ont été tués depuis le 7 octobre par des soldats ou des colons israéliens, soit deux fois plus en quatre mois que sur toute l'année 2022. Un sombre bilan qui témoigne de l'ampleur de la crise qui règne dans ce territoire où des civils, dont de nombreux enfants, sont pris en otage par une guerre à bas bruit qui ne connaît ni répit ni compassion.

Les exactions qui y sont commises particulièrement par les colons israéliens extrémistes irritent d’ailleurs passablement le premier allié d’Israël, à savoir les Etats-Unis. Et le président américain himself l’a signifié de façon officielle. Dans un décret présidentiel signé le 1er février, Joe Biden souligne que «la situation en Cisjordanie, en particulier les niveaux élevés de violence des colons extrémistes, les déplacements forcés de personnes et de villages et la destruction de biens, a atteint des niveaux intolérables et constitue une menace grave pour la paix, la sécurité et la stabilité de la Cisjordanie, de Gaza, d'Israël et la région du Moyen-Orient». «Ces actions compromettent les objectifs de la politique étrangère des Etats-Unis, y compris celui d'une solution à deux Etats» et sont, à cet égard, «une menace pour la sécurité nationale des Etats-Unis». C’est pourquoi des sanctions ont été prises à l’encontre de quatre Israéliens : ces colons extrémistes seront interdits de séjour aux Etats-Unis et leurs avoirs éventuels gelés, selon le département d'Etat américain.

Gaza à terre

Quant à Gaza, c’est désormais une ruine, un tableau de désolation où des milliers de vies ont été fauchées par l’armée israélienne. Près de 27.000 personnes, principalement des civils, y ont été tuées par Tsahal, et 66.000 blessés ont été recensés.

Dans cette prison à ciel ouvert, la toile de souffrance est difficile à dépeindre, quand on voit tous ces innocents brutalement arrachés à la vie. Ces tueries de masse n’ont qu’un seul objectif : vider Gaza de sa population. Et les politiques israéliens ne s’en cachent pas, même si le discours officiel du gouvernement prétend le contraire. Ce dont on peine à croire, surtout que dimanche dernier, lors d’un rassemblement organisé par le mouvement d’extrême droite Nachala, le ministre israélien de la Sécurité, Itamar Ben-Gvir, a exhorté les colons juifs à retourner à Gaza. Mieux encore, dans cette salle chauffée à blanc, étaient présents une douzaine de ministres et une quinzaine de députés qui, visiblement, adhéraient aux appels à «l'émigration volontaire des Palestiniens» ou encore à leur «transfert». 

Ces appels à la recolonisation et à l'émigration forcée des Palestiniens ne sont que la résultante de la politique sinistre menée par le Premier ministre Benjamin Netanyahou depuis qu’il est au pouvoir. Et, aujourd’hui, il souscrit volontiers à toute action ou initiative qui permettrait d’enflammer la région.
Acteur central de cette tragédie, cet homme joue sa survie politique et a tout intérêt à prolonger sans fin, voire à étendre la guerre entre Israël et le Hamas à toute la région. Ce qui justifie qu’il s’active à déclencher un autre incendie en Cisjordanie et tente de propager les flammes au Liban, pour essayer d’amplifier une crise déjà hors de contrôle. 

Son jeu dangereux pourrait avoir des conséquences dévastatrices et jeter le Moyen-Orient dans l'abîme. 
Et chaque jour qui passe, la paix ressemble de plus en plus à une illusion lointaine, éclipsée par les ambitions expansionnistes et la haine profonde des Israéliens envers les Palestiniens.

 

F. Ouriaghli

 

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