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L’Etat palestinien : Nouvelle passion occidentale ?

L’Etat palestinien : Nouvelle passion occidentale ?

Depuis quelques jours, il n’y a pas une déclaration diplomatique d’un pays occidental qui ne contient pas une allusion à la nécessité de construire et de reconnaître l’Etat palestinien. 

 

Mustapha Tossa 

 

La référence à sa possible et future reconnaissance devient si  récurrente, si installée qu’il est difficile de ne pas faire le constat d’un tournant dans la perception internationale du conflit qui oppose depuis des décennies Israéliens et Palestiniens et qui est en train de vivre une accélération meurtrière.

Les dernières prises de position qui ont marqué les esprits dans ce domaine sont venues de l’administration américaine dirigée par le démocrate Joe Biden et des autorités britanniques. Pour la première fois, ces deux pays, intimement et stratégiquement liés à l’Etat d’Israel ont publiquement annoncé leurs disponibilités à envisager une reconnaissance de l’Etat palestinien dans le cadre d’une solution politique globale de ce conflit une fois le silence des armes obtenu.

Il faut dire que le premier pays européen à avoir évoqué publiquement cette possible reconnaissance dans le sillage des opérations terroristes du 7 octobre et de la réponse militaire excessivement et inutilement meurtrière des Israéliens contre les civils de Gaza est l’Espagne de Pedro Sanchez. Cette posture de Madrid a valu à l’Espagne une violente remontrance diplomatique israélienne. Ce qui montrait, si besoin est, l’extrême sensibilité de cette démarche pour le Premier ministre israélien Benjamin Nethanyou.

Pendant de longues semaines, l’Espagne faisait office de brebis qui chantait hors du troupeau. Les autres pays européens, à l’exception de la Suède qui avait déjà dans d’autres circonstances et dans le passé reconnu l’Etat palestinien, observaient une grande prudence sur cette question. Jusqu’à ce que déboule la double position américaine et britannique qui semble avoir encouragé d’autres pays comme la France à sortir de leurs grandes hésitations et d’envisager publiquement la reconnaissance d’un Etat palestinien indépendant dans le cadre d’une solution globale de ce conflit.

Ce tournant de Washington et de Londres sur le concept de l’Etat palestinien n’est pas le fruit du hasard. Il intervient à un moment crucial de la guerre que livre Israël contre la bande de Gaza où Benjamin Nethanyou fait de la mise à mort du fait national palestinien une palme symbolique du triomphe israélien. Le flagrant échec du Premier ministre israélien réside dans le fait que c’est au moment précis où il décrète, en exhibant ses muscles, la fin du rêve palestinien que les alliés indéfectibles d’Israel, l’Amérique et la Grande-Bretagne, affichent une position contraire et inscrivent l’installation et la reconnaissance de l’Etat palestinien dans leurs agendas à venir.

Il paraît clair aujourd’hui qu’entre Benjamin Nethanyou et ses amis américains et britanniques, rien ne va plus. Une communication difficile et une volonté israélienne pilotée par l’extrême droite nationale et religieuse de profiter de cette guerre pour enterrer définitivement la question palestinienne. Fait inédit dans la très stratégique relation entre Washington et Tel-Aviv, pour la première fois, l’administration américaine a décidé, par le biais d’un décret présidentiel exécutif, de sanctionner des citoyens israéliens coupables d’avoir pratiqué de la violence contre des civils palestiniens en Cisjordanie. Une démarche extrêmement symbolique qui révèle l’état d’esprit de l’administration américaine à l’égard des choix pyromanes du Premier ministre Benjamin Nethanyou.

Les plus suspicieux diront qu’il s’agit là de paroles et de promesses qui n’engagent que ceux qui y croient. Mais à ce niveau de la tension politique et militaire, le simple fait d’évoquer la possibilité de reconnaître l’Etat palestinien est à la fois un facteur de pression énorme sur Israël et un facteur d’encouragement pour tous les pays arabes qui font de la reconnaissance d’un État palestinien indépendant la condition sine qua non pour avancer dans le chemin de la paix et de la normalisation de leurs relations avec Israël.

Cette double position américaine et britannique est à rajouter à l’idée émise récemment par le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, sur la possibilité de tenir une conférence internationale sur la question israélo-palestinienne et de tenter, s’il le faut, une solution internationalement acceptée aux partenaires de cette crise. D’ailleurs, J.Borrell avait, dans un effet de manche non dénué de sens, proposé de remplacer le concept de processus de paix par celui de processus de construction et de reconnaissance de l’Etat palestinien.

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