Les agriculteurs européens ont vu leurs revenus chuter de presque un quart (22%) l'année dernière, alors que les salaires ont fortement augmenté dans presque tous les autres secteurs, selon un rapport de l'assureur-crédit Allianz Trade, publié mercredi.
Les agriculteurs n'ont pas, non plus, profité de l'inflation alimentaire, contrairement aux secteurs de la vente au détail et de l'industrie alimentaire, relève Allianz, notant que depuis le quatrième trimestre 2021, tant les prix à la production que les prix au détail des produits alimentaires ont augmenté bien plus fortement que les prix des produits agricoles.
"Le pouvoir de négociation des agriculteurs est insuffisant. Dans le même temps, ils sont confrontés à une réglementation croissante et à une hausse des coûts de l'énergie, des engrais, du transport, de la biodiversité, de la qualité de l'eau, du climat et des travailleurs agricoles", analyse Johan Geeroms, directeur des risques chez Benelux Allianz Trade.
D’après lui, le secteur est devenu de plus en plus capitalistique, en ce sens que les agriculteurs cherchent à réaliser des économies d'échelle, en raison de la faiblesse et de la volatilité des prix. "Cela nécessite des investissements considérables. Dans le même temps, l'agriculteur doit composer avec des responsables politiques qui opèrent d'élection en élection. Ces facteurs rendent ainsi incertain le délai de récupération de leurs investissements’’, explique-t-il.
Selon Allianz Trade, qui s’est focalisé, pour son étude portant sur les inégalités de revenus, sur les quatre plus grands pays de l'Union européenne, à savoir l'Allemagne, la France, l'Espagne et l'Italie, l'Europe doit agir. L’Europe est appelée à "rationaliser et simplifier les règles. Pour ce faire, elle ne doit pas agir seule, mais en étroite concertation avec les parties prenantes et les organisations agricoles afin de déterminer les compromis possibles", souligne Geeroms.
Il faudra également surveiller le secteur de la vente au détail et de l'industrie alimentaire pour veiller à ce que les agriculteurs soient rémunérés équitablement, conclut le rapport.