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Incertitude autour de l’Initiative céréalière de la mer Noire

Incertitude autour de l’Initiative céréalière de la mer Noire

A un mois près de l'arrivée à échéance de l’initiative céréalière de la mer Noire, la Russie semble s’éloigner de plus en plus de cet ensemble de deux accords parrainés par les Nations unies et la Turquie et conclus séparément avec Kiev et Moscou en juillet 2022.



Une tendance confirmée par la multiplication des signaux, au cours de la semaine dernière, de la part de plusieurs hauts responsables russes, à leur tête le président Vladimir Poutine, qui n’a pas exclu une sortie de la Russie de l’accord céréalier au motif du non-respect de clauses sur l'exportation des engrais russes.

"Nous réfléchissons maintenant à nous retirer de cet accord céréalier (...).

De nombreuses conditions qui devaient être appliquées n'ont pas été respectées", a affirmé le chef d’État russe, lors d’une réunion le 13 juin dernier à Moscou avec des correspondants de guerre russes.



L’autre grief serait lié, selon le locataire du Kremlin, à ''l’utilisation des couloirs maritimes prévus par cet accord pour attaquer la flotte russe avec des drones ou encore au fait qu’une bonne partie des exportations ukrainiennes sont destinées aux pays prospères, alors que la part des pays pauvres ne dépasse pas les 3%''.



Même constat chez le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, qui s’est interrogé, trois jours plus tard, sur l’utilité de la prolongation de l’initiative ayant permis d’acheminer plus de 30 millions de tonnes de céréales vers les ports turcs, selon des estimations de l’ONU pour le mois de mai.



“Pourquoi devrions-nous prolonger un accord non viable ? La partie de l’accord concernant les engrais et les aliments russes, proposée par le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, n'est pas mise en œuvre”, a-t-il indiqué à la chaîne de télévision "NTV".



"Seule la partie ukrainienne est mise en œuvre, mais uniquement dans le cadre d'un accord commercial plutôt que dans le but mentionné par António Guterres, qui est de satisfaire les besoins des pays les plus pauvres", a asséné le chef de la diplomatie russe, en marge de sa participation à un sommet économique international à Saint Pétersbourg.



La Russie a annoncé à maintes reprises son intention de se retirer de cet accord, pointant une mise en œuvre ''déséquilibrée'' ainsi que ''l’absence de progrès concrets" concernant une série de conditions posées par Moscou.

L'initiative a été prorogée au forceps pour une durée de deux mois, le 17 mai dernier, à l’issue d’intenses négociations sans pour autant régler les principaux points d’achoppement liés à la partie russe de l’accord.

En avril dernier, Moscou avait, en effet, conditionné la prorogation de l’accord à la réalisation de progrès concernant cinq exigences, allant de la reconnexion de la banque russe spécialisée dans l'agriculture Rosselkhozbank à la reprise du fonctionnement du pipeline d’ammoniac Togliatti-Odessa.



Or, une portion de cette infrastructure de près de 2.400 km de long a été détruite le 5 juin près de Massioutovka, un petit village dans la région de Kharkiv (nord-est de l'Ukraine).

Un acte dont Moscou et Kiev s’accusent d’en être responsables, mais qui risque d'avoir un "impact négatif" sur l'avenir de l'accord céréalier, selon le Kremlin.



Sur ce point, le ministre russe des Affaires étrangères s’est montré très critique, jugeant que cet incident montre que d’aucuns aimeraient détruire l’accord et "tout ce qui a créé les conditions nécessaires à l'expansion de notre commerce et à la livraison de produits russes aux pays en développement, et de ne garder que le segment commercial de la partie ukrainienne".



Quelques jours plus tôt et plus exactement le 13 juin, Lavrov avait choisi la tribune de la 46e réunion des chefs de la diplomatie des pays membres de l'Organisation de la coopération économique de la mer Noire (OCEMN) pour affirmer que la Russie se retirerait de l'accord céréalier si d’ici la mi-juillet les clauses relatives aux exportations russes n’étaient pas appliquées.



"J'affirme que toute nouvelle extension n’est pas envisageable si au 17 juillet l'ensemble des clauses de l'accord céréalier d'Istanbul n'est pas appliqué tel que défini par le Secrétaire général de l'ONU", avait-t-il mis en garde.



A la veille de cette déclaration, le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'était dit "inquiet" pour l'avenir de l'accord, assurant "travailler dur" pour sa prolongation au-delà du 18 juillet.



"Je suis inquiet, et nous travaillons dur pour nous assurer qu’il sera possible de maintenir l’Initiative de la mer Noire et que, dans le même temps, nous puissions poursuivre notre travail pour faciliter les exportations russes", a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.



En attendant que la Russie se prononce "en temps opportun" sur sa participation à l’accord, l’avenir de l’initiative céréalière en mer Noire semble toujours incertain, comme ce fut le cas avant chaque extension de l’accord en novembre, mars et mai.

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