Rassurez-vous, le Maroc n’est pas en guerre ! Je ne pousse pas non plus la chansonnette, encore moins La Marseillaise, cet hymne national guerrier réputé pour la violence de ses termes. Je vous parle de l’Ukraine et de ses citoyens, dont on peut dire que certains n’ont pas du tout la fibre patriotique chevillée au corps.
Depuis le début du conflit qui oppose l'Ukraine à la Russie, la mobilisation des ressources humaines est devenue une préoccupation majeure pour les autorités ukrainiennes. Face à une agression étrangère implacable et persistante, le pays se trouve dans l'obligation de mobiliser tous ses citoyens en âge de combattre pour défendre son intégrité territoriale et sa souveraineté.
Cependant, malgré les efforts déployés, la mobilisation reste un défi de taille, avec des conséquences potentiellement dévastatrices sur l'issue du conflit.
La récente annonce de mesures visant à rapatrier les hommes ukrainiens en âge de combattre se trouvant à l'étranger met en lumière l'urgence de la situation. «Le fait de séjourner à l'étranger ne dispense pas un citoyen de ses devoirs envers sa patrie», a déclaré le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, sur X, soulignant avoir ordonné des «mesures pour rétablir l'équité entre les hommes en âge d'être mobilisés en Ukraine et ceux à l'étranger». Selon lui, le devoir envers la patrie ne saurait être ignoré, même pour ceux qui résident temporairement à l'étranger.
Cependant, l'impact de telles mesures reste incertain face à la réalité complexe sur le terrain. Des dizaines de milliers d'hommes ont déjà quitté le pays de manière illégale pour échapper à la conscription, tandis que des centaines de milliers d'autres vivent à l'étranger pour diverses raisons. La mise en œuvre effective de la mobilisation nécessite non seulement des politiques gouvernementales fermes, mais aussi un soutien populaire et une cohésion nationale.
Des hommes et des armes
L'un des défis majeurs auxquels est confrontée l'Ukraine est le manque d'armes et de ressources militaires adéquates pour faire face à l'agression russe. Malgré les efforts déployés pour renforcer l'arsenal de l'armée ukrainienne, les ressources restent limitées, et l'ampleur du conflit exige des mesures plus audacieuses et décisives. La seule bouffée d’oxygène vient des Etats-Unis, après que la Chambre des représentants a adopté, samedi 20 avril, un énorme plan d'aide à l'Ukraine de 61 milliards de dollars.
Mais en attendant, la faible mobilisation des citoyens fragilise les lignes de défense ukrainiennes, mettant en péril la capacité du pays à résister aux assauts russes.
C’est pourquoi le président Zelensky, dans une loi controversée, a réduit l'âge de la conscription de 27 à 25 ans, et a décidé de ne plus délivrer de passeports aux 18 - 60 ans pour contraindre ceux vivant à l’étranger de revenir en Ukraine afin de renouveler ce document de voyage. Ou plutôt d’y prendre les armes. Cette tentative de renforcer coûte que coûte les effectifs militaires semble pour le moins impopulaire, certains ukrainiens en âge de combattre tentant, par tous les moyens, de fuir le pays. Peur de mourir ? Manque de patriotisme ?
Une chose est sûre : face au manque de soldats, l’Ukraine est aux abois. Une situation davantage compliquée par les obstacles politiques et institutionnels. En effet, les tensions au sein du Parlement ukrainien, exacerbées par des dissensions au sein du parti au pouvoir, entravent la capacité du gouvernement à adopter des lois et des politiques efficaces pour faire face à cette crise. La fragmentation politique et l’arithmétique politicienne compromettent ainsi la capacité du pays à répondre de manière adéquate aux défis sécuritaires auxquels il est confronté.
Ces divergences politiques affaiblissent l’Ukraine et font l’affaire de l’armée russe, qui gagne du terrain sur le front.
C’est dire que l'avenir de l'Ukraine et de ses citoyens est en jeu : les meilleures armes au monde seront inutiles sans soldats pour s’en servir.
F. Ouriaghli
