Le Conseil de la concurrence a rendu publics, le 28 juillet 2025, les engagements proposés par plusieurs entreprises opérant sur le marché national d’approvisionnement en clinker, à la suite d’une saisine introduite en octobre 2024 par un centre de broyage indépendant.
Cette saisine portait sur des pratiques jugées anticoncurrentielles, notamment des conditions d’accès restrictives et discriminatoires à cette matière première essentielle à la fabrication du ciment.
Après examen, la saisine a été déclarée recevable en décembre 2024.
Dans le cadre de la procédure prévue par la loi n°104-12 sur la liberté des prix et de la concurrence, les sociétés mises en cause ont volontairement formulé une série d’engagements destinés à corriger les dysfonctionnements identifiés et à rétablir une concurrence loyale, au profit notamment des broyeurs indépendants, souvent marginalisés dans un marché fortement concentré autour des cimentiers intégrés.
Ces engagements visent plusieurs objectifs :
Faciliter l’accès au clinker pour les centres de broyage indépendants, en quantités suffisantes et selon des conditions commerciales équitables, transparentes et non discriminatoires;
Garantir la neutralité concurrentielle en limitant les avantages dont peuvent bénéficier les filiales commerciales des groupes cimentiers intégrés, afin d’éviter toute distorsion en leur faveur;
Prévenir les pratiques de subvention croisée, en interdisant notamment tout transfert de marges entre les activités clinker et ciment au détriment des concurrents indépendants;
Réorganiser les structures internes, en assurant une séparation claire entre les entités en charge de la vente de clinker et celles impliquées dans la production ou la commercialisation de ciment, accompagnée d’un encadrement strict de l’accès aux informations sensibles;
Améliorer la transparence des prix et des conditions de vente, notamment par la publication des caractéristiques techniques du clinker vendu, des modalités de paiement (rendu, départ, contrats spot ou pluriannuels) et l’acceptation d’assurances-crédit;
Ouvrir davantage l’accès aux cendres volantes issues des centrales thermiques de Jorf Lasfar à d’autres acteurs que ceux regroupés au sein du groupement d’intérêt économique du secteur cimentier.
Ces propositions font l’objet d’un test de marché d’une durée de 30 jours, durant lequel les tiers intéressés peuvent faire part de leurs observations.
Le Conseil de la concurrence examinera ensuite ces retours avant de décider, le cas échéant, de rendre les engagements obligatoires pour les entreprises concernées, ce qui clôturerait la procédure.
Cette démarche intervient dans un contexte de forte concentration du marché du clinker au Maroc, où quelques grands groupes dominent l’offre, limitant l’accès des petits opérateurs à cette matière première indispensable.
L’enquête menée par les services du Conseil a mis en lumière plusieurs préoccupations : disponibilité restreinte du clinker pour les broyeurs indépendants, conditions commerciales contraignantes et traitement différencié profitant aux filiales des groupes intégrés.
En vertu de l’article 36 de la loi sur la concurrence, le Conseil est habilité à accepter les engagements proposés par les entreprises si ceux-ci permettent de faire cesser les pratiques présumées anticoncurrentielles. Les propositions soumises seront donc évaluées à l’aune de cette disposition.