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Huile d’olive : Les spéculations sur les prix sont «prématurées»

Huile d’olive : Les spéculations sur les prix sont «prématurées»

Faibles précipitations, barrages à sec, vague de chaleur exceptionnelle… Ces conditions, réunies, présagent un coup dur à la production d’huile d’olive, compromettant les récoltes de manière inquiétante.

 

Par M. Ait Ouaanna

Avec une consommation d’huile d’olive moyenne annuelle de 4 litres par personne, le Maroc se place en tête des pays arabes en la matière. Néanmoins, en raison de la sécheresse qui frappe sévèrement la production, l’huile d’olive est en passe de devenir un produit de luxe. Cette denrée incontournable du quotidien des Marocains est désormais vendue à des prix de plus en plus élevés, la rendant inaccessible pour de nombreuses familles.

Avec l’approche de la saison de récolte des olives, prévue entre octobre et décembre, les spéculations autour des prix de vente de l’huile d’olive vont bon train. Sur les réseaux sociaux, les échanges mentionnent des prix oscillants entre 120 et 170 dirhams, des niveaux jamais atteints auparavant. Mais qu’en est-il réellement ? Suite à une sécheresse prolongée, les professionnels du secteur s’attendent à des rendements nettement inférieurs à la normale. Cette situation a pour conséquence directe une pression croissante sur les prix de l’huile d’olive.

«C’est la sixième année consécutive de sécheresse, ce qui a conduit à l’épuisement de toutes nos ressources en eau, qu’il s’agisse des nappes phréatiques ou des eaux de surface. Le Maroc est confronté à une situation de stress hydrique sans précédent. La sécheresse des années 80 est largement dépassée, car cette fois-ci, nous ne subissons pas uniquement un manque d’eau, mais également une chaleur extrême jamais vue. L’ensemble de ces facteurs pèse lourdement sur la production d’huile d’olive. Nous nous attendons à une baisse significative de la production, mais il est encore tôt pour en donner une estimation précise. La récolte de l’année dernière était faible, et cette année, elle le sera encore plus», souligne Rachid Benali, président de la Fédération interprofessionnelle marocaine de l'olive (Interprolive).

Réfutant les prix évoqués, notamment sur la toile, le président d’Interprolive insiste sur le fait qu’il est prématuré de faire des estimations à ce propos. «En ce moment, parler de prix serait prématuré car la production est encore loin. Évoquer un prix de 120 DH ou 150 DH n’est pas réaliste. A ce stade, il ne faut pas avancer des estimations pour ne pas induire le consommateur en erreur. Nous aurons plus de visibilité d’ici la fin du mois d’octobre», précise-t-il. Dans le même ordre d’idées, Benali relève qu’en plus du volume de la production et de l’offre et la demande, les prix sont également influencés par le marché international. «Il est opportun de noter que nous sommes reliés à des marchés voisins tels que l’Espagne, l’Italie, le Portugal, ou encore la Tunisie, tous de grands producteurs d’huile d’olive. Un prix de référence sera fixé sous peu, et nous suivrons cette tendance. En outre, si jamais la production nationale s’avère insuffisante, nous serons contraints d’importer de ces pays», indique notre interlocuteur.

 

Quid du record des exportations ?

Alors que l’huile d’olive se fait de plus en plus rare au Maroc, les données de l’Office des changes démontrent qu’au cours du premier semestre de l’année 2024, le Royaume a exporté 8.498 tonnes d’huile d’olive brute et raffinée, contre 4.859 tonnes entre janvier et juin 2023. Comment peuton expliquer ce paradoxe ?

D’après Rachid Benali, ces exportations ont été limitées à des catégories spécifiques d’huile d’olive. Et de noter que cela n’a aucune influence sur les prix pratiqués au niveau local, puisque ces exportations ne représentent qu’une faible partie de la production nationale. «Les exportations ont effectivement augmenté par rapport à l’année précédente, mais combien cela représente-t-il de la production nationale ? Environ 8.500 tonnes contre une production avoisinant les 100.000 tonnes, soit moins de 10% de la production nationale. Exporter 10% de la production n'a donc pas un impact significatif sur les prix locaux. Qu'a-t-on exporté ? D’abord, des produits très haut de gamme, comme de l'huile d'olive extra vierge, conditionnée ou non, en vertu de contrats signés avec Morocco Foodex ou encore l'Agence pour le développement agricole (ADA). Puis, une huile de très mauvaise qualité, non comestible, destinée à une transformation industrielle à l'étranger, car cela ne se fait pas localement», conclut-il. 

 

 

 

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