Mardi 12 août, le Nord du pays a été touché par deux incendies en quelques heures, sous un ciel brûlant et rempli de fumée. Aussitôt, les autorités ont mobilisé des moyens terrestres et aériens pour tenter de les maîtriser.
Un premier brasier s’est déclaré dans la forêt de Kranakha, à environ 15 km de Chefchaouen. Attisées par des rafales de vent sec, les flammes ont progressé vers les communes de Tanakoub et Bab Taza. «Il s’agit de l’un des incendies les plus dangereux que nous ayons connus ces dernières années dans la région», confie un cadre local de la Protection civile.
Sur place, les équipes d’intervention – pompiers, autorités locales, volontaires – s’emploient à maîtriser le feu, appuyées par deux avions Canadair larguant des milliers de litres d’eau sur les zones les plus critiques.
Au même moment, à Tétouan, un autre incendie éclate dans la zone boisée de Dar Ben Kourich, forçant les autorités à déployer des équipes supplémentaires. Les causes des deux sinistres demeurent inconnues, mais la canicule, avec des températures avoisinant les 40°C, et la sécheresse persistante créent des conditions propices à la multiplication des feux.
De l’accalmie à la vigilance
Selon l’Agence nationale des eaux et forêts (ANEF), l’année 2024 avait marqué un net recul des feux de forêt au Maroc : 382 incendies recensés pour 874 hectares détruits, soit une baisse de
86% par rapport à 2023 et de 82% sur la moyenne décennale. Plus de 95% des départs avaient été contenus avant d’atteindre 5 hectares.
Pour l’été 2025, l’ANEF a débloqué 160 millions de dirhams pour prévenir et combattre les incendies : 115 MDH pour la prévention, 38 MDH pour la surveillance et l’alerte, et 16 MDH pour l’intervention. Près de 1.500 guetteurs et 1.263 agents des Forces auxiliaires patrouillent les zones sensibles, mettant un accent particulier sur la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, qui concentrait 32% des départs en 2024.
Un été méditerranéen sous le feu
Le Maroc n’est pas un cas isolé. Depuis le début du mois d’août, de violents incendies frappent l’Espagne, la Turquie, l’Italie et le Portugal, dans un climat de canicule et de sécheresse prolongé que les experts attribuent en partie au changement climatique.
En Espagne, un deuxième décès a été enregistré dans le nord-ouest du pays, où des milliers d’habitants ont dû être évacués. À Madrid, un feu a brûlé plus de 1.000 hectares, causant également la mort d’un homme et l’évacuation de 180.000 personnes.
En Turquie, les flammes ont entraîné la fermeture temporaire du détroit des Dardanelles et l’évacuation de villages entiers.
Pour le Maroc, l’alerte est donnée : les vents secs, la végétation inflammable et les températures extrêmes font de l’été 2025 une saison à haut risque. L’ANEF appelle les citoyens à signaler tout départ de feu et à éviter toute activité pouvant déclencher un incendie, notamment en zones forestières.