La majorité des voyageurs marocains privilégie la location saisonnière aux hôtels. En revanche, les propriétaires de ces logements de vacances opèrent souvent dans l’informel, ce qui ne garantit aux clients aucune sécurité.
Par M. Ait Ouaanna
Les vacances estivales battent leur plein et c’est le moment propice pour soutenir l’économie locale et renforcer le tourisme interne, qui figure à la tête des priorités de la feuille de route 2023-2026 du secteur. Selon une récente enquête du Groupe Sunergia, 49% des Marocains prévoient de voyager cet été, un taux en hausse de 3% par rapport à l’année dernière. Alors que certaines familles préfèrent séjourner dans des hôtels, la majorité opte plutôt pour la location saisonnière, en raison notamment de ses prix souvent plus abordables.
Cette location courte durée se fait dans la plupart des cas par le biais de sites et d'applications spécialisés, à travers les réseaux sociaux, ou encore sur place, via des intermédiaires ou en rencontrant directement le propriétaire. A en croire les chiffres de la plateforme d'annonces Avito, 72% des voyageurs marocains privilégient les locations de vacances, contre 28% seulement pour les établissements hôteliers. Maisons, villas avec piscine, cabanons, appartements, chambres privées, etc., il y en a pour tous les goûts, mais vigilance et prudence sont de mise face aux multiples risques qui peuvent se présenter. La politique tarifaire avantageuse pratiquée par les loueurs saisonniers fait mouche auprès d’un grand nombre de personnes, mais ce type d’hébergement n'est pas à l'abri d’éventuels problèmes. En effet, bon nombre de propriétaires de ces biens immobiliers opèrent de manière informelle et ne prennent pas la peine d’établir des contrats de location, créant ainsi une situation peu sécurisée pour les clients.
Face à l’absence de réglementation depuis de nombreuses années, le gouvernement a finalement décidé de combler le vide juridique et d’encadrer cette activité. Il y a quelques semaines, la ministre du Tourisme, de l'Artisanat et de l'Économie sociale et solidaire, Fatim-Zahra Ammor, a annoncé la mise en place, dans le cadre de la loi n°80-14, d’une série de mesures pour réglementer l’hébergement alternatif.
«La majorité des Marocains privilégie la location aux établissements hôteliers, et ce choix s’explique par plusieurs raisons économiques et sociales. Certes, quelques mois auparavant, le flou juridique persistait encore, mais aujourd’hui, la loi existe. Cette dernière oblige les loueurs de logements de vacances à se conformer aux dispositions réglementaires, comme c’est le cas pour les hôtels. Ainsi, les propriétaires de ces biens immobiliers doivent remplir certaines conditions et doivent exiger au client de renseigner ses informations sur la fiche individuelle de police. Cela va permettre d’établir une sorte de contrat qui va sauvegarder les intérêts des deux parties», fait savoir Ouadi Madih, président de la Fédération nationale des associations du consommateur. Malgré l'existence d’une loi règlementant cette activité, Ouadi Madih estime que les locations de vacances continueront de se faire de manière informelle. Et la faute ne revient pas uniquement au loueur, le client aussi a sa part de responsabilité.
«Le problème qui se pose est que le consommateur marocain n’est pas habitué à toutes ces procédures. Ainsi, l’existence d’un cadre juridique ne changera pas grand-chose. La mise en place d’une loi, elle seule, ne suffit pas, tout dépend de l’évolution de la culture et de l’éducation», note-t-il. Et de poursuivre : «Il ne s’agit pas du seul obstacle face au respect de ladite loi, puisque la majorité des loueurs préfère travailler au noir afin d’éviter le contrôle et les déclarations fiscales. De ce fait, l’Etat doit fournir beaucoup d'efforts en termes d'éveil et de sensibilisation des consommateurs afin de leur faire comprendre qu’il est de leur devoir d’exiger un contrat de location. Mais malheureusement, tous les départements ministériels concernés par la consommation et par la protection du consommateur se contentent de lancer une campagne de sensibilisation de quelques jours au lieu de faire un travail de fond, en collaboration avec les associations de protection des droits du consommateur. L’instauration d’une telle loi doit être accompagnée par plusieurs mesures», conclut-il.
Notons que dans le cadre de la réforme du cadre juridique de l’hébergement touristique, le Conseil de gouvernement a approuvé le 8 juin dernier, le projet de décret n° 2.23.441 qui exige aux loueurs des logements de vacances, d’avoir une licence d’exploitation, renouvelable tous les 5 ans. Tout au long de la période de validité de cette autorisation, des visites de contrôle seront effectuées par les agents chargés de la surveillance, en vue de garantir le respect des normes de sécurité.