L'inclusion financière agricole et rurale est un objectif central de la Stratégie nationale d'inclusion financière (SNIF). Dans ce cadre, Bank Al-Maghrib (BAM) a mené en partenariat avec la Banque mondiale un diagnostic approfondi de l'agri-finance au Maroc, visant à élaborer un plan d'action pour promouvoir un meilleur accès aux services financiers, adaptés aux besoins des agriculteurs et des agro-industries.
L’étude dont les principaux résultats ont été dévoilés dans un récent rapport de BAM, repose sur une enquête conduite auprès d’un échantillon représentatif de 1.500 agriculteurs et 600 acteurs des chaînes de valeur des différentes filières.
En effet, le Maroc a connu une évolution positive en matière de financement de l'agriculture et d'inclusion financière des exploitations agricoles et des populations rurales qu'elles entourent. Cependant, les petits exploitants et les travailleurs agricoles sont toujours confrontés à de nombreux défis, et ce malgré le développement de produits spécifiques à ces segments.
Selon ladite étude, le financement du secteur agricole reste faible, avec un volume de financement stagnant à 4%, depuis 2014, du crédit bancaire total, sachant que ce secteur représente 12% du PIB et jusqu'à 40% de l'emploi national, et plus de 80% en milieu rural.
Pour ce qui est de l’accès aux services financiers numériques, il demeure très faible à l'échelle nationale, et ce sont surtout les exploitations agricoles et les communes rurales qui en souffrent le plus étant donné que les acteurs financiers privés sont très peu présents et que 70% des communes rurales n'ont pas accès à ces services. D’ailleurs, près de 86% des agriculteurs interrogés ont répondu ne pas utiliser les services financiers numériques, soit parce qu’ils ne savent pas s’en servir soit par manque d’infrastructures.
De plus, la même source révèle que le taux de bancarisation des exploitants agricoles est de 41%, avec d’importantes disparités sociales, régionales et selon les filières. Les travailleurs agricoles sont encore plus vulnérables et leur accès aux services financiers est estimé à seulement 21%, ce qui est nettement inférieur à celui des exploitants/propriétaires (41%).
Par ailleurs, l’étude démontre que les besoins financiers de la population rurale sont satisfaits principalement par des fournisseurs de services financiers informels plutôt que par le secteur financier formel. Il en ressort que 25% des adultes ruraux ont reçu un prêt, mais seulement 2% d’institutions financières formelles. De même, 20% des adultes ruraux ont constitué une épargne, mais seulement 5% dans une institution financière formelle.
D'un autre côté, la majorité des agriculteurs (83%) ont fait part de leur besoin de financement pour des montants moyens de 50.000 DH, afin d'investir dans leur activité. L'absence de financement est la contrainte majeure face au développement de leur activité (58%), suivie de la vulnérabilité aux risques environnementaux et le coût élevé de la main-d'œuvre.
Afin d’améliorer leur accès aux services financiers et non financiers, les exploitants estiment qu'il est nécessaire d'abaisser les coûts, d'améliorer l'éducation financière sur les produits financiers d'épargne et de crédit et de généraliser l'assurance maladie.