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Libertés individuelles: Tous en otage malgré les vaccins

Libertés individuelles: Tous en otage malgré les vaccins

 

Le vaccin est là, mais l’apparition des variants pousse certains pays à se reconfiner.

La souche britannique détectée au Maroc fait craindre une détérioration de la situation épidémiologique.

L’arrivée des vaccins ne va finalement rien changer à la situation que nous vivons depuis mars 2020.

 

Par D. William

 

Le Maroc a désormais ses vaccins. Du moins, il en a réceptionné une partie et la campagne de vaccination va démarrer de façon imminente. Rappelons-nous cependant qu’en mars dernier, en pleine crise sanitaire, le monde scientifique affirmait qu’avec ce coronavirus, la seule alternative était un vaccin, dont le développement prend, d’habitude, au moins une dizaine d’années.

Mais face à l’urgence sanitaire et des économies figées, les scientifiques se sont démenés et ont fait preuve d’innovation pour mettre sur pied, non pas un, mais plusieurs vaccins en seulement quelques-mois.

Une dose d’espoir pour reprendre enfin une vie normale ? Est-ce la fin de nos ennuis ? L’économie va-t-elle reprendre son cours normal ? Pas tout à fait. Car, avec le temps, le discours scientifique a bien changé, montrant, à bien des égards, que jusqu’à présent, on est loin d’avoir cerné tous les mystères du coronavirus. En effet, dans tous les pays où la vaccination a commencé, les mesures restrictives ont été maintenues, voire durcies.

L’Angleterre a totalement reconfiné sa population depuis le 4 janvier et les écoles ont été fermées. Pareil en Allemagne où le confinement est accompagné de mesures drastiques, comme la fermeture des commerces non essentiels et des écoles. En Italie, une partie de la population est confinée, au Portugal, les 10 millions d’habitants ont été placés de nouveau sous cloche. Israël s’est de nouveau barricadé, alors qu’en France l’option d’un troisième reconfinement est sur la table. Bref, entre couvre-feux, confinements, restrictions des déplacements…, l’on se rend compte, au final, que l’arrivée des vaccins n’a rien changé dans l’absolu.

Vaccins vs variants

Il faut dire que depuis le début de cette crise sanitaire mondiale, il n’y a pratiquement jamais eu aucune certitude. Mais juste des hypothèses scientifiques qui, au fur et à mesure, ont été détricotées par le coronavirus. Et, aujourd’hui, à cause notamment des mutations du virus qui ont eu pour effet d’accélérer la pandémie et de pousser plusieurs pays à se remettre sous cloche, s’ajoute le doute sur l’efficacité des vaccins sur ces variants (britannique, brésilien, sud-africain, japonais…).

D’ailleurs, à ce jour, seule la société de biotechnologie Moderna a annoncé officiellement que son vaccin reste efficace contre les variants britannique et sud-africain du coronavirus. Quid des vaccins AstraZenaca et Sinopharm utilisés par le Maroc ? Protègent-ils des variants, surtout quand on sait qu’un premier cas du variant britannique, réputé très contagieux, a été découvert le 18 janvier au Maroc ?

«Jusqu'à ce jour, tous les vaccins anti-Covid-19 développés récemment restent heureusement actifs sur les variants. A l'instar des autres vaccins, ceux d'AstraZeneca et de Sinopharm sont actifs sur les variants», affirme le Pr Said Motaouakkil, membre du Comité scientifique et technique national. Le Dr Moundir Souhami est, pour sa part, moins affirmatif, précisant que «jusqu’à présent, il n’y a pas d’études scientifiques sûres qui montrent leur efficacité sur les variants. Il faudra attendre d’avoir plus d’éclaircissement à ce sujet». Pour sa part, ce professionnel de santé qui souhaite garder l’anonymat reste plus nuancé. «On a très peu de données sur l’efficacité des vaccins sur les variants en général, parce ce qu’il n’y a pas d’études à ce sujet. Néanmoins, les spécialistes prédisent que les vaccins seront efficaces», note-t-il.

Retour à la case départ

En ce moment, la seule thèse sur laquelle s’accorde le monde scientifique, ici et ailleurs, c’est que le vaccin permet d’éviter de contracter une forme sévère de la maladie et réduit ainsi la mortalité du virus. Donc, à la réflexion, on en est presque au même point. Car, pour le reste, rien ne change dans notre quotidien, même pour les premiers citoyens marocains qui vont se faire vacciner. Cela ne les exonère pas du respect des mesures de distanciation physique, des règles d’hygiène et de porter le masque.

De même, rien ne dit que les vaccinés ne sont plus contagieux et qu’ils ne peuvent pas contracter la Covid19. Par ailleurs, vu que le variant britannique est présent sur le territoire national, et compte tenu de ce qui se passe ailleurs dans le monde, les mesures restrictives décidées jusqu’ici par les autorités marocaines n’ont aucune chance d’être allégées : le couvrefeu, les restrictions de déplacement et la fermeture de certaines activités… seront de rigueur pour encore longtemps.

«Les dernières études estiment que le variant anglais a un pouvoir de dissémination très important. Il faut donc garder les mesures de restriction, voire même les renforcer au niveau des frontières maritimes, aériennes et terrestres. Selon l’évolution de la situation épidémiologique, on pourra éventuellement procéder à des confinements localisés, d’autant que le Maroc ne peut plus se permettre un confinement strict, au regard du coût économique et social que cela engendre», précise Souhami.

Même son de cloche pour notre professionnel de santé qui alerte sur le fait qu’«on doit craindre une nouvelle propagation du virus, puisque la souche anglaise et d’autres souches (mutants) sont présentes sur le territoire national». Il estime cependant que «le durcissement des mesures de restriction est une décision politique qui tient compte d’un certain nombre de paramètres, dont l’expansion de la pandémie. Or, aujourd’hui, l’épidémie est à un niveau bas par rapport à ce que nous avions connu il y a quelques semaines. Il n’y a donc pas, pour le moment, nécessité de renforcer les mesures restrictives». En ce moment, l’urgence est donc d’accélérer la vaccination pour atteindre cette fameuse «immunité collective».

Mais il semble peu évident que le gouvernement reçoive dans l’immédiat ses 65 millions de doses commandées pour boucler sa campagne de vaccination en trois mois seulement comme initialement prévu, vu les tensions grandissantes qui existent sur le marché des vaccins au niveau mondial.

«Le Maroc a la chance d’avoir réceptionné son premier lot de vaccins. Mais comme on l’a déjà vu avec les masques, les vaccins vont aussi obéir à la loi du marché. Les pays les plus forts vont être livrés en premier», constate Souhami. «Aucun pays ne pourra, à mon avis, boucler sa campagne en trois mois, vu les tensions sur les livraisons», conclut pour sa part notre professionnel de santé.

Tout cela pour dire que l’activité économique va donc continuer à être otage du coronavirus. Les citoyens aussi.

 

 

 

 

 

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