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Ouverture - Fermeture des frontières aériennes marocaines : Cafouillage ou mauvaise foi ?

Ouverture - Fermeture des frontières aériennes marocaines : Cafouillage ou mauvaise foi ?

C’est par un tweet de la RAM que l’opinion publique a su que les frontières marocaines resteraient fermées. Une information aussi importante aurait mérité un canal de communication officiel.

 

F. Ouriaghli

 

 

Dimanche 28 novembre, 15H15 : Le Maroc a décidé de suspendre tous les vols directs de passagers à destination du Royaume, pour une durée de 2 semaines, à compter du lundi 29 novembre 2021 à 23h59. C’est un communiqué du Comité interministériel de suivi de la Covid-19 qui en informe l’opinion publique.

Jeudi 9 décembre, 19H12 : La suspension des vols est prorogée jusqu’au 31 décembre. Cette fois, ce n’est pas le Comité interministériel qui donne l’information, mais indirectement Royal Air Maroc. Suite à l’information communiquée par la Direction générale de l’aviation civile, la compagnie a en effet annoncé, via Twitter, l’annulation de ses vols de et vers le Maroc dans les deux sens, du 9 au 31 décembre à minuit.

Deux constats s’imposent dès lors :
•    Primo : la prorogation de la suspension des vols a été décidée avant l’expiration du délai de deux semaines. 

•    Théoriquement, cette décision devait être annoncée par le Comité interministériel, qui avait promis de faire une évaluation régulière de la situation «afin d'ajuster, au besoin, les mesures nécessaires».

Cafouillage et cacophonie

C’est donc par un tweet de la RAM que l’opinion publique a eu effectivement confirmation que les frontières marocaines resteraient fermées. Une information aussi importante, avec toute sa portée économique et tous les enjeux qu’elle représente, aurait mérité un communiqué officiel, et non un tweet laconique d’une compagnie qui tente, d’abord, d’apporter des réponses à ses clients désemparés. Même la très sérieuse agence officielle MAP a dû se contenter d’une info donnée par une «source proche des milieux du transport aérien».

Tout cela ne fait pas du tout sérieux. Au mieux, cette décision a été prise de façon très précipitée pour clouer au pilori et les journalistes et les membres du Comité scientifique. Au pire, elle traduit, encore une fois, les carences du gouvernement en termes de communication, voire un mensonge par omission.

Pour mieux comprendre, revenons un peu en arrière. Et les dates sont importantes.

* Le mardi 7 décembre, La Quotidienne annonçait une réouverture probable des frontières aériennes dès cette semaine, après recoupement d’informations auprès de plusieurs sources concernées et proches du dossier. Le lendemain, mercredi 8, le Comité scientifique, lors de sa réunion, s’est exprimé en faveur d’une réouverture des frontières. Cela nous a été confirmé par un membre de ce comité, tout comme aux autres supports électroniques qui en ont contacté d’autres membres.

* Sauf que mercredi soir, le ministère de la Santé prenait tout ce petit monde de court en publiant une mise au point assez sèche, affirmant que «les informations publiées par certains médias électroniques au sujet des recommandations du Comité scientifique et technique du Covid-19, concernant la réouverture des frontières et la reprise des liaisons maritimes et aériennes, sont dénuées de toute vérité et qu'aucune recommandation n'a été émise à cet égard ‘jusqu’à l’écriture de ces lignes’». 

Résumons : soit tous les médias ont menti, soit ils ont été induits en erreur par les membres du comité. Dans les deux cas, cela ne tient pas la route : la presse ne va pas s’amuser à traiter avec une telle légèreté une question aussi importante; les membres du comité scientifique, d’éminents professionnels de santé, ont toujours informé juste les médias depuis le début de la pandémie et jouent toujours un rôle important dans la sensibilisation et l’information des citoyens. Quel intérêt ont-ils à donner de fausses informations aux journalistes à ce moment précis ? Aucun.

Mais il y a une troisième option : le ministre de la Santé, Khaled Ait Taleb, a voulu désavouer et le Comité scientifique et les journalistes. Mais qu’est-ce qu’il y gagne ?  Ait Taleb est-il en mal d’autorité ? Les journalistes ne font que leur travail, sur la base d’infos recoupées et vérifiées. Notre rôle se limite là. Peut-être avons-nous gâché l’effet surprise qu’aurait voulu le ministre pour l’annonce de réouverture des frontières ? Car la vérité est là : le Maroc allait effectivement rouvrir ses frontières aériennes.

Et s’en prendre au Comité scientifique est non seulement une grossière erreur, mais surtout synonyme d’ingratitude envers ses membres qui, paradoxalement, comblent les défaillances criantes du gouvernement en termes de communication. Et que l’on sache, jusqu’à présent, ce comité n’a pas outrepassé ses fonctions.

* Le jeudi 9 décembre, après le Conseil de gouvernement tenu le matin, Ait Taleb était devant la presse. Malgré les questions insistantes des journalistes, il n’a pipé mot sur le Comité scientifique, et ne s’est guère exprimé explicitement sur la réouverture ou non des frontières aériennes. Il n’a apporté aucune réponse aux vraies interrogations, se contentant d’insister sur le protocole de rapatriement des Marocains bloqués à l’étranger. 
Au moment de son point de presse, Ait Taleb savait-il que les frontières aériennes allaient rester fermées jusqu’au 31 décembre ? Si oui, il a fait ce qu’on peut qualifier de mensonge par omission, puisque la question lui a été posée. S’il n’était pas au courant, alors on en revient à ce que nous avons dit plus haut : cette décision a été prise par la suite, dans la précipitation et dans une cacophonie totale, et sans avoir été sanctionnée par un communiqué officiel jusqu’au moment où nous écrivions ces lignes. Dans les deux cas, c’est grave.

En tout cas, tout ce tohu-bohu est très dommageable. S’il nous est permis d’exprimer tout le bien que l’on pense de la gestion de cette pandémie, particulièrement le déroulement de la campagne de vaccination, nous nous autorisons tout autant à dénoncer vigoureusement les carences de communication des autorités, souvent drapées dans un parfum nauséabond de mauvaise foi. Des autorités qui, pour se dédouaner, n’hésitent pas à jeter l’opprobre sur la presse en lui faisant jouer le mauvais rôle aux yeux d’une opinion publique déboussolée par un flot d’informations contradictoires.


 

 

 

 

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