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Pass sanitaire: Un ticket pour la reprise économique

Pass sanitaire: Un ticket pour la reprise économique

Le nombre de cas hebdomadaires de Covid-19 a diminué de 46% et le fameux RO est de 0,63% depuis l'apparition de la maladie.

Même si la situation épidémiologique s’est améliorée, le gouvernement n’a toujours pas allégé les restrictions.

L’instauration d’un pass sanitaire pourrait permettre de libérer un peu plus l’économie.

Les professionnels de santé semblent y être favorables.

 

Par D. William

 

Le Maroc déroule minutieusement sa campagne de vaccination, qui vient d’être élargie aux citoyens âgés entre 45-50 ans. Plus de 7 millions de citoyens ont reçu leur première dose de vaccin. Parallèlement, les indicateurs relatifs à la situation épidémiologique continuent de s’améliorer, avec des cas actifs qui accusent un repli significatif, se situant à 2.454 au 18 mai.

Cette «embellie» est d’ailleurs confirmée par le Pr Said Moutawakkil, anesthésisteréanimateur, docteur en biologie et membre du Comité scientifique national. «La situation épidémiologique est marquée par une nette amélioration. Les indicateurs sont au vert  : le nombre de cas hebdomadaires a diminué de 46%, le nombre de décès de plus de 40%, le taux de remplissage par les patients Covid-19 des réanimations est en dessous de 7% et le fameux RO est de 0,63% depuis l'apparition de la maladie. De plus, la vaccination s'accélère depuis l'arrivée des nouvelles doses», fait-il savoir. Pourtant, malgré ce contexte sanitaire favorable, les autorités maintiennent toujours les mesures restrictives en vigueur  : couvre-feu nocturne, limitation des déplacements, fermeture de certains lieux publics (théâtres, cinémas, parcs d’attraction, salles de fête…), suspension de plusieurs liaisons aériennes… L’argument avancé par le gouvernement de vouloir assurer la santé et la protection des citoyens, en maintenant ces restrictions, est de plus en plus perçu comme une solution de facilité.

La volonté de ne pas essayer d’autres alternatives pour libérer davantage l’économie. S’il est vrai que l’immunité collective n’est pas encore acquise, cela n’exonère pas d’un assouplissement des restrictions pour, un tant soit peu, impulser une nouvelle dynamique à l’économie. Car l’enjeu est là  : beaucoup de secteurs sont en souffrance et n’entrevoient aucune perspective de reprise en l’état actuel des choses.

Et l’un des plus touchés est évidemment le tourisme qui, selon la ministre de tutelle, Nadia Fettah Alaoui, a enregistré 430.000 touristes à fin mars dernier, soit une chute de 78% en termes de visiteurs par rapport à la même période de l’année dernière. Pour leur part, avec 5,3 milliards de dirhams récoltés au premier trimestre, les recettes touristiques ont plongé de 69% par rapport à la même période de l’année 2020.

Quant au transport aérien, il est tout aussi sinistré  : jusqu’à mars 2021, l’activité au niveau de tous les aéroports nationaux a enregistré une baisse de 70,16% par rapport à l’année 2020 et de 73,9% en comparaison avec 2019. Et selon Nadia Fettah, «cette baisse devrait persister jusqu’en 2023 et le trafic aérien ne devrait retrouver son niveau de 2019 qu’à partir de l’année 2024».

L’alternative

La stratégie de resserrer l’étau et de regarder ailleurs a ses limites dictées par l’impératif de la relance économique. En cela, le pass sanitaire, même s’il est jugé «liberticide» par certains, pourrait être une alternative susceptible de favoriser les déplacements entre villes, la réouverture de certains endroits, la réception de touristes étrangers et, par conséquent, permettre d’oxygéner un peu plus l’économie.

«La situation actuelle laisse présager l'allègement des mesures restrictives dans les jours à venir, avec possibilité de circulation entre les villes et à l'étranger, dans les pays qui connaissent actuellement une faible incidence, avec une circulation trop faible en variants. Le pass sanitaire est donc une mesure envisageable pour accompagner les allègements et favoriser la reprise de la vie sociale et économique», soutient le Pr Moutawakkil.

Néanmoins, prévient-il, «la prudence et la vigilance doivent rester de mise. Concrètement, en plus des mesures barrières, il serait souhaitable d'accompagner cet allégement par l’établissement d'un pass sanitaire se basant sur les test PCR classiques, les tests antigéniques rapides, ou le certificat de vaccination s’il existe. Ces mesures peuvent être imposées pour circuler entre les villes et aussi dans les aéroports, à l'arrivée comme au départ. Plusieurs pays dans le monde sont en train d'établir des protocoles de pass sanitaire, et ceci dans les pays de zone verte sur le plan épidémiologique».

Le Dr Tayeb Hamdi, viceprésident de la Fédération nationale de la santé, abonde dans le même sens. «Tous les Marocains et étrangers résidant au Maroc vaccinés (deux doses) peuvent imprimer leur attestation. C’est utile pour la traçabilité. L’utilisation du pass sanitaire sur le territoire marocain est donc envisageable», estime-t-il. «L’utiliser pour aller au café ou au restaurant ne présente cependant pas un grand intérêt, dans la mesure où l’objectif du pass sanitaire est de relancer la vie économique et sociale, au moins pour la population vaccinée. Et celle non vaccinée va pouvoir bénéficier indirectement de cette relance de l’économie. Tout le monde est donc gagnant», ajoute-t-il.

Néanmoins, selon notre interlocuteur, «pour les évènements qui induisent des mouvements massifs de la population, comme l’Aïd Al-Kebir, il est possible de conditionner le déplacement dans certaines villes, quand l’interdiction est la règle, à l’obtention d’une autorisation de déplacement associée à une attestation de vaccination. De cette manière, on va réduire le risque de propagation du virus». Par ailleurs, explique-t-il, «le pass sanitaire devrait pousser les personnes indécises à aller se faire vacciner, notamment les jeunes auxquels on pourrait par exemple l’exiger pour assister à un match de football».

En outre, «l’attestation de vaccination va certainement servir comme passeport immunitaire, tel que débattu à l’échelle internationale», avertit le Dr Tayeb Hamdi. «Certes, il n’y a pas encore de consensus parce que, d’une part, on attend qu’une bonne partie de la population mondiale soit vaccinée et, d’autre part, que la situation épidémiologique soit contrôlée dans différents pays. Déjà, les Européens sont en train de discuter de ce pass sanitaire pour les déplacements au sein de l’UE et pour pouvoir recevoir des touristes américains», note-til, estimant que «les autorités marocaines doivent y penser pour pouvoir permettre à la population marocaine vaccinée de se déplacer à l’international et pour recevoir des touristes étrangers».

Sauf que, selon le Dr Tayeb Hamdi, il risque de se poser un problème technique, d’autant que la Commission européenne pourrait n’autoriser l’accès à son territoire qu’aux personnes ayant reçu des vaccins homologués par l’Agence européenne du médicament.

«Or, le Sinopharm, largement utilisé au Maroc, ne fait pas partie des vaccins autorisés par l’UE. Aux Etats-Unis, l’accès au territoire devrait être autorisé pour les personnes ayant reçu des vaccins homologués par la Food and Drug Administration (FDA) et l’OMS, laquelle a validé il y a deux semaines le vaccin Sinopharm», note-t-il. Il n’est pas exclu cependant que l’UE change de posture. En attendant, il faut revenir aux fondamentaux  : le respect des mesures barrières. Ce que ne fait plus une bonne partie de la population.

«Nous avons un problème de discipline. Les gens continuent de se regrouper pour fêter les anniversaires, les mariages… dans des lieux exigus, au mépris de toutes les règles sanitaires qui siéent en ce moment», déplore le Dr Hamdi.

 

 

 

 

 

 

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