Le Maroc aborde 2026 avec une ambition claire : transformer la croissance retrouvée en développement partagé. Le Projet de Loi de Finances présenté, dimanche, par la ministre de l’Economie et des Finances, Nadia Fettah, devant le Roi, s’inscrit dans la continuité des hautes orientations royales.
Malgré un contexte international «empreint d'incertitudes», comme l’ a souligné Nadia Fettah, le Maroc maintient le cap. Avec une croissance estimée à 4,8% en 2025, une inflation maîtrisée à 1,1% et un déficit budgétaire réduit à 3,5% du PIB, le pays se donne les moyens de bâtir une trajectoire de stabilité et d’émergence durable.
Au fond, le PLF 2026 n’est pas un simple budget annuel : il trace une perspective. Celle d’un Maroc plus inclusif, plus équitable et mieux préparé aux défis futurs. Quatre priorités structurent cette feuille de route.
La première priorité est celle de la consolidation des acquis économiques. Le Maroc entend renforcer son statut de pays émergent en stimulant l’investissement privé, en accélérant la mise en œuvre de la Charte de l’investissement et en déployant l’Offre Maroc de l’hydrogène vert. Ces leviers témoignent d’une volonté d’anticiper les mutations énergétiques mondiales tout en attirant les capitaux étrangers.
Mais l’économie marocaine ne saurait se réduire aux grands projets structurants. Le gouvernement mise aussi sur le tissu productif local, notamment les très petites, petites et moyennes entreprises (TPME), véritables poumons de l’emploi.
Un nouveau dispositif d’assistance technique et de soutien financier sera instauré pour stimuler leurs investissements et favoriser la création d’emplois, en particulier pour les jeunes et les femmes.
Cette approche se double d’une politique active de l’emploi rural, destinée à atténuer les effets de la sécheresse sur les revenus et à soutenir la reconstitution du cheptel national. L’objectif est clair : faire de l’économie réelle un levier de cohésion sociale.
140 Mds de DH pour l’éducation et la santé
La deuxième priorité du PLF 2026 met l’accent sur le développement territorial intégré, une déclinaison concrète de la régionalisation avancée. Le gouvernement veut rompre avec les déséquilibres historiques entre les régions, en misant sur la valorisation des potentialités locales, la création d’emplois pour les jeunes et la modernisation des secteurs de la santé et de l’éducation.
Les régions les plus fragiles (zones de montagne, oasis et littoral) bénéficieront d’un appui renforcé, tout comme les centres ruraux émergents.
Par ailleurs, l’effort budgétaire pour 2026 sera particulièrement concentré sur les secteurs sociaux : 140 milliards de dirhams seront mobilisés pour l’éducation et la santé, avec la création de 27.000 postes budgétaires.
Le pays se dote ainsi de nouveaux leviers de modernisation des services publics, avec notamment l’ouverture des CHU d’Agadir et de Laâyoune, la poursuite des chantiers hospitaliers à Rabat, Béni-Mellal, Guelmim et Errachidia, ou encore la rénovation de 90 hôpitaux.
Dans le même esprit, la réforme du système éducatif s’accélère : généralisation du préscolaire, amélioration des services d’appui à la scolarité et rehaussement de la qualité de l’enseignement. Une réforme structurelle pour préparer la jeunesse à la nouvelle économie.
Troisième axe : la consolidation de l’Etat social, ce vaste chantier voulu par le Souverain. Le PLF 2026 poursuit la généralisation de la protection sociale et le déploiement du programme d’aide sociale directe, qui concernera 4 millions de ménages.
Les montants destinés aux enfants seront relevés (entre 50 et 100 dirhams par mois pour les trois premiers), et des aides spécifiques seront accordées aux enfants orphelins ou abandonnés.
L’année 2026 marquera aussi l’élargissement des régimes de retraite, la généralisation de l’indemnité pour perte d’emploi et la montée en puissance du programme d’aide directe à l’acquisition du logement principal.
Enfin, la quatrième priorité vise la préservation des équilibres macroéconomiques et la réforme des structures publiques. La révision de la Loi organique relative à la Loi de Finances introduit une culture de résultats et de responsabilisation, alignée sur les meilleures pratiques internationales.
La réforme des établissements publics se poursuivra pour améliorer leur performance et garantir une meilleure répartition territoriale des investissements. Le gouvernement met aussi l’accent sur la modernisation du système judiciaire, indispensable à la sécurité juridique et à la confiance des investisseurs.
La cohérence d’ensemble est là : une gouvernance renouvelée, un Etat plus agile et une économie tournée vers la productivité et la justice sociale.
En somme, le PLF 2026 fixe un cap ambitieux, fidèle à la vision royale d’un Maroc résilient et inclusif. Mais, comme toujours, le véritable juge de paix sera le terrain. Car si les orientations sont claires et les chiffres rassurants, leur concrétisation dépendra de la capacité des pouvoirs publics à transformer les intentions en actions et les promesses budgétaires en changements tangibles dans la vie des citoyens.
F. Ouriaghli