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Finances News Hebdo : La rentrée universitaire 2023-2024 coïncide avec le coup d’envoi effectif du Pacte ESRI 2030. Quelles sont les principales nouveautés caractérisant cette année universitaire ?

Pr. Driss Abbadi : La rentrée universitaire 2023-2024 vient avec de nombreuses nouveautés pour les établissements à accès ouvert. Il s’agit notamment de :

• La suppression du système de la Licence fondamentale figée, une et unique, accréditée pour chaque formation. Ceci donnait aux étudiants une formation généraliste et en faisait des diplômés clonés. Aujourd'hui, la nouveauté avec la nouvelle réforme Pacte ESRI, c’est qu’il y aura autant de licences, spécialisées et non plus généralistes, que les enseignants auront présenté pour accréditation et qui correspondent à de futurs métiers que convoite l'étudiant.

• Les deux premières années de la Licence sont des troncs communs à toutes les licences d'un même département. Par exemple, en économie, il y aura plusieurs licences spécialisées (comptabilité-audit, marketing-commerce, management des ressources humaines, etc.), mais lors des deux premières années, les étudiants des différentes licences étudieront les mêmes modules et ce n'est qu'à la troisième année qu'ils suivront la spécialité choisie. Cela leur permettra, d'une part, d'avoir la même base de connaissances disciplinaires, en plus du développement de leurs capacités personnelles intrinsèques. Et d'autre part, de pouvoir changer de parcours et d'être fixés sur leur choix de spécialités.

• L’introduction dès la première année de nouveaux modules portant sur les Power skills ainsi que les langues étrangères (français, anglais…).

• L’introduction de passerelles entre filières, ce qui donnera à l’étudiant la possibilité de changer de spécialité dans un même établissement ou inter-établissement. Dans ce cas-là, l’étudiant conserve tous les modules qu'il a acquis.

En effet, les étudiants pourront demander un changement de filière à partir de la deuxième année pour les filières à accès ouvert, comme ils pourront également passer les tests pour les filières à accès régulé.

• Le lancement de la formation en alternance à travers laquelle l’étudiant suit sa formation théorique à l’université et sa formation pratique dans une entreprise. Cela va lui permettre d'acquérir de l’expérience tant recherchée par les employeurs et de s’habituer au monde professionnel.

Grâce à l’alternance entre les heures de cours et les périodes de travail, l’étudiant bénéficiera d’une formation complète qui lui sera d’un grand apport. Ensuite, ce type d’enseignement est intéressant en raison de l’employabilité de l’étudiant découlant naturellement de son expérience professionnelle. Une fois diplômé, l’alternant est directement opérationnel, puisqu’il est déjà habitué au monde du travail, à son fonctionnement ainsi qu’à ses codes et dispose d’une certaine maturité. Cette caractéristique est grandement appréciée des recruteurs. L’alternance se présente donc comme un véritable passeport pour le domaine professionnel.

• L'introduction du système de crédits. Ainsi, pour obtenir le diplôme, l'étudiant doit disposer d'un certain nombre de crédits. Il s’agit-là des points cumulés durant la formation, soit 4 à 5 crédits pour les modules disciplinaires et 3 crédits pour les modules de langues étrangère et Powers skills. Dans le détail, la validation d’un semestre nécessite 30 crédits; par conséquent, l’obtention de la licence requiert 180 crédits.

• La confirmation de l'enseignement hybride. En effet, l'étudiant assimilera les savoirs et les connaissances à distance avant de venir à son cours durant lequel il discutera de ce qu'il a assimilé, commentera, critiquera et sera supervisé et coaché par son enseignant. Les cours de renforcement des capacités personnelles et de langues étrangères seront assurés sur des plateformes numériques. Pour permettre aux étudiants d'être constamment connectés, une carte SIM connectée 4G a été attribuée à chaque étudiant lors de son inscription.

• La création de centres d'excellence avec des parcours sur trois ans, à savoir la troisième année de licence et les deux années du master. Les étudiants qui peuvent s'inscrire dans cette filière sont sélectionnés parmi les candidats ayant un BAC+2. La durée de cette formation est de 3 ans (S5 à S10).

F.N.H. : Concrètement, comment le Pacte ESRI va-t-il permettre de renforcer la compétitivité de l’université marocaine, d’étoffer l’offre pédagogique et de consolider l’apprentissage des langues ?

Pr. D.A. : Justement, le Pacte ESRI a, entre autres, pour objectif de rendre les établissements à accès ouvert compétitifs. Ces derniers sont depuis plusieurs années caractérisés comme étant des établissements offrant des formations très générales, qui ne correspondent pas aux besoins du monde socioéconomique professionnel. Ce qui en faisait des établissements par défaut, auxquels les bacheliers ont recours faute de mieux. Les bacheliers qui n’ont pas réussi à accéder aux établissements supérieurs à accès limité sur sélection et concours, se rabattent sur les établissements à accès ouvert, ce qui conduisait au sureffectif, à un sous-encadrement pédagogique et donc à des conditions d'études et de travail qui ne permettent pas de produire des lauréats de qualité. Avec cette nouvelle réforme, le ministère de tutelle veut permettre aux établissements à accès ouvert d'offrir la même qualité de formation que les établissements à accès régulé, avec des filières en adéquation avec les attentes du monde professionnel, ainsi que des parcours d'excellence qui n'ont rien à envier aux grandes écoles.

F.N.H. : Selon vous, la réforme pédagogique en cours, concernant l'ensemble du système LMD, va-t-elle permettre de mieux insérer les jeunes dans le marché de l’emploi ?

Pr. D.A. : Tout à fait, c'est le but principal derrière la réforme du système de licence. Pour ce faire, des mesures concrètes ont été adoptées durant cette rentrée. Il s’agit particulièrement de : • L’orientation et la réorientation des étudiants pour éviter les décrochages, à travers la mise en place d'espaces et d’activités d’information et d’orientation; • L’attribution d’une adresse e-mail académique à chaque étudiant (identité numérique unique); • L’inscription des étudiants sur les plateformes e-learning; • La mise en place d’un programme de formation RH des enseignants et des administratifs en anglais; • L’entrée en vigueur de partenariats et de programmes d’échange avec des universités internationales, utilisant l’anglais comme langue d’enseignement; • La mise en œuvre de tests de positionnement pour les étudiants et la délivrance de certificats de langues; • Le renforcement des capacités des étudiants en digital skills et en soft skills; • La création du département des enseignements transversaux et des activités para-universitaires (langues, power skills, activités para-universitaire); • L’ouverture de salles informatiques en libre-service pour faciliter l’accès des étudiants aux plateformes e-learning (Langues, Moodle, ...); • La valorisation des activités para-universitaires dans le parcours de l’étudiant.