Lors du Conseil de gouvernement tenu le jeudi 22 mai 2025, le ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts a présenté les grandes lignes d’un nouveau programme d’envergure, destiné à soutenir les éleveurs et à reconstituer de manière durable le cheptel national. Ce plan s’inscrit dans le cadre des orientations royales exprimées lors du Conseil des ministres présidé le Roi Mohammed VI le 12 mai dernier.
Ce programme vient répondre à la nécessité de stabiliser le secteur de l’élevage, particulièrement affecté par les épisodes successifs de sécheresse et la hausse des coûts de production. Il vise également à tirer parti des précipitations récentes pour initier une relance maîtrisée de la filière. Il ne s'agit pas uniquement d’un plan de soutien d’urgence, mais bien d’un dispositif structuré et encadré par des mécanismes de gouvernance impliquant les autorités locales.
Conformément aux hautes instructions royales, la gestion du soutien sera assurée par des commissions locales pour garantir transparence et efficacité. Une circulaire conjointe définira précisément les rôles de chacun des intervenants.
Cinq axes opérationnels
Le programme se décline en cinq volets complémentaires, couvrant à la fois l’allègement des charges financières des éleveurs, la reconstitution du cheptel, le soutien à l’alimentation animale, la prévention sanitaire, et l’accompagnement technique.
1. Rééchelonnement des dettes
L’État prend en charge une partie des dettes accumulées par près de 50 000 éleveurs :
-Annulation de 50 % des dettes inférieures à 100 000 dirhams (capital + intérêts), touchant 75 % des bénéficiaires.
-Annulation de 25 % pour les dettes entre 100 000 et 200 000 dirhams, concernant 11 % des éleveurs.
-Pour les dettes supérieures, un rééchelonnement est prévu avec exonération des intérêts de retard.
Montant total mobilisé : 700 millions de dirhams.
2. Soutien à l’alimentation animale
Afin de contenir la flambée des prix des intrants, l’État subventionnera :
-Le prix de vente de l’orge, plafonné à 1,5 dirham/kg pour un volume de 7 millions de quintaux.
-Le prix des aliments composés pour ovins et caprins, fixé à 2 dirhams/kg pour le même volume. Budget alloué : 2,5 milliards de dirhams.
3. Traçabilité et préservation des reproductrices
Un dispositif de marquage et de suivi des femelles reproductrices sera mis en place. Objectif : atteindre plus de 8 millions de têtes d’ici mai 2026. Une prime directe de 400 dirhams par tête non abattue et identifiée sera versée aux éleveurs.
4. Campagne sanitaire préventive
Pour contrer les maladies aggravées par la sécheresse, une campagne de traitement et de vaccination sera lancée, ciblant 17 millions de têtes. Coût estimé : 150 millions de dirhams.
5. Encadrement technique et amélioration génétique
Des plates-formes de reproduction et d’insémination artificielle seront créées pour améliorer les performances génétiques. L’encadrement technique sera renforcé pour accompagner les éleveurs vers une production plus efficiente.
-Budget prévu : 50 millions de dirhams.
D’ici fin 2025, près de 3 milliards de dirhams seront engagés pour financer ces mesures. À cela s’ajouteront 3,2 milliards de dirhams en 2026 dédiés spécifiquement à l’appui direct aux éleveurs ayant respecté les engagements de conservation du cheptel reproducteur.