Face au dérèglement climatique qui affecte les ressources hydriques et la production agricole, le Maroc a adopté, sous l’impulsion du Roi Mohammed VI, une politique volontariste d’amélioration de l’efficacité hydrique, a affirmé, vendredi à Casablanca, le ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, Mohamed Sadiki.
S’exprimant lors d’une conférence sous le thème «Eau et sécurité alimentaire: Résilience et durabilité», organisée dans le cadre du cycle de conférences-débats du Centre de recherches juridiques, économiques et sociales (Links), Sadiki a indiqué que des investissements publics structurants sont entrepris pour le développement de l’offre et la gestion de la demande en eau, au service de la souveraineté alimentaire du Royaume.
Le ministre a cité, à ce titre, la construction de nouveaux barrages, l’interconnexion des bassins hydrauliques (Sebou-Bouregreg-Oum Rbia-Tensift, Loukkos-Tangérois), et le développement du dessalement.
Rappelant le lancement, lundi dernier, par SAR le Prince Héritier Moulay El Hassan de la construction de la station de dessalement de Casablanca, la plus grande d’Afrique, Sadiki a expliqué que le programme de dessalement de l’eau de mer permettra de réduire la pression sur les ressources en eau conventionnelles et libérer ces ressources pour consolider les acquis de l’agriculture irriguée, notamment au niveau des périmètres irrigués menacés par la pénurie d’eau.
Soulignant que la gouvernance de l’eau joue un rôle déterminant pour le renforcement de la souveraineté alimentaire, le ministre a mis l’accent sur l’accélération de la mise en place du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation (PNAEPI) (2020-2027) et de la stratégie Génération Green (2020-2030).
Il a fait savoir, dans ce cadre, que le PNAEPI prévoit un effort d’investissement exceptionnel de 165 milliards de dirhams (MMDH), alors que la stratégie Génération Green ambitionne d’asseoir une agriculture résiliente et efficiente pour un investissement global de 50 MMDH. Et ce, à travers la modernisation des systèmes d’irrigation, le développement de l’irrigation par les eaux non conventionnelles, la valorisation des ressources en eau mobilisées par les barrages et le développement de la petite agriculture irriguée.
Faisant la lumière sur les résultats des actions entreprises en matière d'économie de l'eau, le ministre a rappelé qu’à fin 2023, une superficie de 824.000 ha se trouvait déjà sous irrigation localisée (50% de la superficie irriguée), avec l’objectif d’atteindre un million d’hectares en irrigation localisée à l’horizon 2030.
S'agissant des mesures visant à développer une agriculture résiliente et éco-efficiente, il a relevé, entre autres, l’investissement dans l’efficacité hydrique et énergétique, l’accompagnement de la transition énergétique des agriculteurs vers le renouvelable (Biomasse, le solaire…), la préservation des sols et les systèmes de cultures adaptés pour assurer la résilience et la durabilité.
Youssef Bouanani, économiste à la Fondation Links, a mis en avant l’importance de cette conférence animée par Sadiki, indiquant que l’objectif étant de mettre en relation les étudiants avec leur entourage, avec l'environnement socioéconomique du pays pour avoir une culture générale qui dépasse le cadre théorique e leurs études.
Concernant le choix de la thématique «Eau et sécurité alimentaire: Résilience et durabilité», Bouanani a noté que la politique agricole du pays s’impose, étant d'actualité en raison notamment du stress hydrique que l'on connaît et de la nouvelle politique de gestion de l'eau prônée par le Royaume.
La Fondation universitaire Links, présidée par l’ancien ministre et ambassadeur du Maroc en France, Mohamed Berrada, a pour mission de promouvoir la recherche scientifique en sciences juridiques, économiques et sociales et de favoriser l’entrepreneuriat et l’innovation. Elle se veut également un forum de réflexion sur les grands enjeux de l’économie nationale et internationale.