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Législatives 2026 : Qui dirigera le prochain gouvernement

Législatives 2026 : Qui dirigera le prochain gouvernement

À neuf mois des élections législatives de septembre 2026, les partis sont déjà en ordre de bataille. Alors que la majorité issue de 2021 montre des signes de fragmentation, la question de la conduite du prochain cycle gouvernemental, celui de la préparation finale du Mondial 2030, commence à structurer les stratégies partisanes et les rapports de force.

 

Par R. Mouhcine

A mesure que l’échéance électorale approche, le jeu politique est entré dans une phase bien connue des états-majors : celle où les alliances tiennent encore formellement, mais où chaque formation commence à compter pour elle-même. La perspective du prochain gouvernement, appelé à piloter un moment politique et symbolique particulier, agit moins comme un facteur de rupture que comme un accélérateur de différenciation, y compris au sein de la majorité. Pour la politologue Charifa Lemouir, cette évolution n’a rien d’inattendu. «Dès le départ, il ne s’agissait pas d’une majorité cohérente politiquement, mais d’une majorité numérique, construite sur l’addition des sièges plus que sur une vision commune», observe-t-elle.

Sur le plan institutionnel, la coalition issue de 2021 continue de fonctionner. Les Conseils de gouvernement se tiennent, les textes sont adoptés. Politiquement, en revanche, la synchronisation s’est progressivement rompue. Depuis l’automne 2025 et la série de manifestations de la GenZ, chaque parti de la majorité a ajusté son discours.

Non pas contre ses partenaires, mais en se positionnant à distance du bilan collectif. Le Rassemblement national des indépendants, conduit par Aziz Akhannouch, assume pleinement la continuité. Le 30 novembre 2025, le chef du gouvernement déclarait que son parti était «le mieux placé pour faire progresser l’agenda de l’État social». Un choix stratégique clair, que Charifa Lemouir analyse sans ambiguïté : «le RNI a décidé d’assumer seul la continuité et le bilan. Cela en fait naturellement la principale cible des critiques, mais aussi le parti autour duquel se structure aujourd’hui l’ensemble du jeu électoral».

Le PAM et l’Istiqlal jouent leur partition

Le Parti authenticité et modernité a été le premier à infléchir son discours. Fin septembre 2025, FatimaZahra El Mansouri, la coordinatrice de la direction collective du Parti, reconnaissait publiquement la légitimité des revendications sociales exprimées ces derniers mois, estimant qu’elles mettaient en lumière les limites de l’action politique. Pour Charifa Lemouir, cette prise de position s’inscrit dans une logique électorale assumée : «nous sommes clairement dans une phase de campagne anticipée. Aujourd’hui, il n’y a plus vraiment de majorité ou d’opposition au sens classique : chaque parti cherche surtout à reconstituer son propre capital politique au sein de la société».

Même dynamique, mais sur un autre registre, du côté du Parti de l'Istiqlal. À l’automne, la note critique de l’Alliance des économistes istiqlaliens sur le projet de Loi de Finances 2026 a provoqué des échanges publics inhabituels avec le RNI. Accusations de populisme d’un côté, défense d’un rééquilibrage social de l’autre. «L’Istiqlal reste fidèle à son rythme historique : sortir du rang lorsque le coût politique devient trop élevé», souligne la politologue. «Il ne veut pas être dilué dans un bilan commun à l’approche de 2026», ajoutet-elle.

Dans les faits, la majorité continue de gouverner à trois, mais fait déjà campagne à trois vitesses. Le découpage électoral, paramètre central Derrière ces repositionnements, un dossier concentre toutes les attentions : le découpage électoral. Présenté comme technique, il est en réalité politiquement structurant.

«On connaît parfaitement la manière dont se déroule le processus électoral au Maroc, avec tout ce qui l’accompagne, y compris des pratiques de clientélisme ou d’achat de voix», rappelle Charifa Lemouir, notant que «dans ce contexte, le découpage devient un levier central dans la transformation des voix en sièges».

Tous les partis en sont conscients, et tous ajustent déjà leurs stratégies territoriales en fonction des équilibres à venir, dans un paysage fragmenté et marqué par une abstention structurelle élevée. Face à cette majorité en recomposition, l’opposition peine à apparaître comme une alternative crédible.

Le Parti de la justice et du développement, dirigé par Abdelilah Benkirane, concentre ses attaques sur la gouvernance et les conflits d’intérêts. Mais, selon Charifa Lemouir, «l’opposition marocaine est aujourd’hui faible, dispersée, et souvent guidée par des calculs de positionnement plutôt que par une véritable défense des causes sociales». L’échec de la motion de censure en est, selon elle, l’illustration la plus claire. Malgré les tensions sociales et la fragmentation politique, la politologue estime que le rapport de force reste, à ce stade, favorable au RNI.

«À partir des dynamiques observables aujourd’hui - la faiblesse de l’opposition, les mécanismes électoraux et les rapports de force territoriaux -, il est difficile d’imaginer un autre parti arriver en tête. Le retour du RNI me paraît très probable», affirme-t-elle.

Cette projection ne signifie toutefois pas une reconduction mécanique de la coalition actuelle. «Il est très difficile d’imaginer une seconde version de cette majorité avec les mêmes composantes», prévient-elle. La question de qui dirigera le gouvernement du Mondial se jouera moins sur les slogans que sur des paramètres structurels : découpage électoral, capacité de mobilisation locale et traduction - ou non - de la défiance sociale dans les urnes.

 

 

 

 

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